God Save the Queen

Je déteste la sensibilité.. parce que depuis petite on m’a toujours dit que je l’étais. Pour moi c’était une tare qu’il fallait combattre à tout prix. Les gens sensibles se retrouvent entre eux pour des soirées « Sur la Route de Maddison », ils parlent de ce qu’ils ont ressenti quand on les a traités pour la première fois de rail de chemin de fer avec leur appareil dentaire, ils pleurent devant tout le monde OH MY GOD que c’est vulgaire ! Objectif : être aussi impassible que la Reine d’Angleterre lors de ses vœux de Nouvel-An ou quand elle annonce un décès. Never explain, Never complain…. Je ne sais pas si j’ai fait illusion, je l’espère, vu les efforts que j’y ai mis. A tout ceux qui me connaissent et qui y croient encore : je suis un cœur de pierre, Clint Eastwood est un vieux crabe qui n’aurait jamais pu se sortir Meryl Streep si un Oscar n’avait pas été à la clé, et, mise à part pour un malheureux concert de Lady Gaga que je n’ai pas pu voir, je n’ai jamais pleuré devant des inconnus (là j’ai fait très fort, c’était dans le métro Londonien, proche de la Reine mais loin de sa classe décidément….)

Petite, à part ma sensibilité, on m’a reconnu une qualité : j’étais drôle. Je me rappellerai toujours quand on me la dit. C’était mon père. Mon frère venait de recevoir un prix d’excellence en physique (pas la culture, les formules compliquées), j’étais dans une école de commerce que je détestais, et que je faisais tout pour rater (même ça, j’ai raté). Je me sentais comme la dernière des connes et c’est là que mon père a eu cette phrase malheureuse à l’époque « oui mais toi, t’es drôle ! ». Bizarrement, sur le coup, ça m’a pas fait plaisir…..

Et puis, finalement, comme je l’ai expliqué lors de précédents articles, lasse de mettre en échec la psychiatrie freudienne, je me suis dit qu’avec une tare, et une presque qualité, je pourrais peut-être essayer d’en faire quelque chose, histoire d’éviter les réunions où on pleure devant tout le monde.

Vous connaissez l’image de l’artiste maudit qui crée sans se soucier des autres, uniquement pour l’art ? C’est des conneries…. Ou alors il fallait me laisser être comme je me destinais à la base :INSENSIBLE

Je n’ai pas fait de pages ou vous pouvez vous exprimer, c’est certainement une erreur. Les mots que vous m’avez envoyés, j’aurais aimé pouvoir les partager. Ils m’ont touchés, encouragée, ils ont construit pas à pas le fragile équilibre de la confiance en soi.
On m’a prédit un brillant avenir, on m’a comparée à Florence Foresti, Zouk, au Muppets Show, on m’a dit simplement « j’aime beaucoup ce que tu fais ».
Au risque de me la jouer, je me vois obligée d’arrêter là ma retranscription (je SAVAIS que j’aurais dû faire un livre d’or….)

Et puis un jour, cassant le brillant ciel bleu de mon narcissisme contrôlé, j’ai reçu trois mots, qui disait « C’est à chier » ou plutôt « t’es à chier », bref un truc du genre… C’était court mais suffisamment clair pour que je ne demande pas à la personne de présider mon fan club.
J’ai fais plein de réponses dans ma tête. Je suis assez maniaque comme fille. Quand je pense que je fais un truc bien, j’aime assez qu’on soit de mon avis, quitte à avoir les gens à l’usure. Puis je me suis rappelée ces mots de Zitrone (oui je sais, ça paraît un peu bête, j’aurais préféré pouvoir citer Sartre ou Platon mais il s‘avère que ce cher Léon a eu le bon goût de faire une phrase qui m’a remonté le moral, contrairement aux deux autres) « qu’importe que ce soit en bien ou en mal, pourvu que l’on parle de moi »
Ce n’est que le début… le début des mots d’encouragements, des comparaisons.. on me trouvera bien meilleure, bien en-dessous de Foresti, on trouvera que je suis étonnante ou que je n’ai rien inventé, on me dira que l’on m’aime beaucoup ou que je suis….. à chier

Après avoir dû accepter ma sensibilité un autre défit encore plus grand m’attend : maitriser l’art délicat de déplaire.

Une réponse à to “God Save the Queen”

  • Genevieve Herrmann:

    Ben ouais !!c’est ça être artiste !se sentir nul très souvent ! douter tout le temps se faire du souci constamment pour tout et surtout pour rien! accepter très mal les critiques et puis se retrouver au 7ieme ciel pour un petit compliment… mais dis-toi bien que ce que tu sais faire tu es la seule a le faire alors vas-y! je te laisse une phrase de Martin Gray /ne renonce jamais a faire ce que tu es le seul a pouvoir faire/ Je me réjouis de lire tes prochaines (élucubrations)A salut !

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