Se faire une place là où l’on n’en a pas

« La vie est bien trop courte pour perdre son temps à se faire une place là où l’on n’en a pas, pour démontrer qu’on a ses chances quand on porte tout en soi, pour s’encombrer de doutes quand la confiance est là, pour prouver un amour à qui n’ouvre pas les bras, pour performer aux jeux de pouvoir quand on n’a pas le goût à ça, pour s’adapter à ce qui n’épanouit pas. La vie est bien trop courte pour la perdre à paraître, s’effacer, se plier, dépasser, trop forcer. Quand il nous suffit d’être, et de lâcher tout combat que l’on ne mène bien souvent qu’avec soi, pour enfin faire la paix, être en paix. Et vivre. En faisant ce qu’on aime, auprès de qui nous aime, dans un endroit qu’on aime, en étant qui nous sommes, Vraiment ».
Alexandre Jolien

Normalement je n’aime pas les citations. Non que je pense qu’un philosophe ou un penseur n’ait rien à m’apprendre, mais tout simplement parce que ces dernières, partagées à tout va sur les réseaux sociaux sont devenues un phénomène de mode et leur but premier à savoir nous faire réfléchir ou nous remettre en question a cédé la place à la possibilité donnée à chacun de palier à un manque flagrant d’esprit et de créativité en faisant parler des auteurs à leur place.  

Et comme toute consommation de masse toutes ces phrases finissent par se ressembler.  Le message véhiculé actuellement est donc grosso modo le même et celle que je cite va dans ce sens : se rendre compte que la vie c’est beau, que l’on passe à côté en se prenant la tête pour rien et qu’il est urgent de retourner à l’essentiel, le tout en quatre ligne maximum.

A cela s’est greffé les auteurs amateurs qui ont surfé sur le succès des citations pour placer leurs propres créations qui ne se distinguent pas toujours par leur pertinence. C’est simpliste voir complètement idiot. J’en ai vu une récemment qui disait « ne remettez pas le bonheur à plus tard ». Après la musique d’ascenseur qui te permettait d’avoir un bruit de fond sans vraiment remarquer que c’était de la musique, voici la réflexion « cerveau sur pause » qui te donne l’occasion de croire que tu viens de t’ouvrir à une grande vérité sans avoir à réfléchir une seule minute. Effet « C’est tellement vrai ! » garanti.

Mais oui c’est maintenant qu’il faut être heureux…. Trouve la joie dans la banquise qui fond, dans ton divorce ou ton licenciement, parce qu’on ne sait jamais, demain il sera peut-être trop tard, tu peux te faire renverser par un bus et regretter….. de ne pas avoir été renversé avant.

Sans comparaison aucune, la réflexion d’Alexandre Jolien m’a parlé. Pas forcément dans son intégralité car cette aspiration à l’harmonie, si elle est séduisante au premier abord, me paraît illusoire. A moins de vivre coupé du monde avec son entourage sous LSD, nous mènerons d’innombrables luttes qui n’en valent pas la peine, notre vie sera parsemée de combats où les échecs seront beaucoup plus importants que nos victoires, et nous tomberons forcément amoureux de personnes qui nous le rendent mal.

C’est notre lot. Et si l’envie masochiste de répéter nos erreurs ne nous saisit pas– ce qui est souvent le principal problème – nous pourrons peut-être en tirer profit pour évoluer. Selon certains, c’est même l’unique but de notre présence terrestre.

On est d’accord, l’avancée globale de l’âme humaine ne saute pas aux yeux, mais si on nous disait que nous sommes apparus sur terre pour en prendre soin, le suicide collectif s’imposerait…. Alors si on enlève l’hypothèse que la vie est un incroyable hasard qui n’a aucun but en soi mise à part de nous apprendre les nombreuses déclinaisons du mot perfidie, la théorie sur l’évolution me paraît de loin la plus sensée.

Donc si le message général véhiculé par Alexandre Jolien ne me parle pas plus que cela, la première phrase « perdre son temps à se faire une place là où l’on n’en a pas » m’a interpellée parce qu’il s’avère qu’elle est arrivée au moment où je suis tombée sur des photos datant de l’école. Ces photos avaient été prise lors d’un spectacle où l’on avait l’occasion de présenter des activités annexes que l’on avait faites durant l’année scolaire comme par exemple la couture, la musique ou le théâtre. La couture n’était pas mon fort, j’ai compris cela à 6 ans, le jour où l’institutrice qui venait de nous apprendre l’art de la maille à l’endroit était restée résolument muette lorsque cela avait été mon tour de lui montrer à quel point j’avais compris le concept. Les camarades qui m’avaient précédé avait eu droit à un encourageant « et tu m’avais dit que tu ne savais pas tricoter !». Je ne sais plus si j’avais réussi à faire ma maille ou pas, mais apparemment, ma méconnaissance du sujet était suffisamment limpide pour ne pas la remettre en question, ne serait-ce que pour me flatter. J’ai donc vite abandonné, et à ce jour, mon manque d’aptitude ainsi que mon désintérêt total pour toutes formes de travaux manuels se maintient.

Qu’importe, j’avais une bonne élocution, un solide sens de l’humour et de l’esprit, les gens me répétaient qu’il fallait absolument que je fasse du théâtre, je me suis donc lancée. J’ai d’ailleurs un peu déchanté quand je me suis rendu compte par la suite que tous mes camarades de jeu, certes excentriques mais sans grand talent, avaient eu la même remarque que moi.

Quand je dis que l’on m’a encouragée à faire du théâtre, cela n’incluait pas mes parents pour lesquels j’aurais pu repeindre la chapelle Sixtin avec les pieds et qui y auraient vu un sympathique loisir. Si j’ai développé une faculté très jeune, c’est celle de définitivement abandonner d’obtenir leur reconnaissance.

Ma maman me fait d’ailleurs lire plein de chroniques et autres articles qu’elle trouve sensationnels sans connaître aucune de mes créations mise à part les éloges funèbres ou les discours de baptêmes. Et elle a attendu le jour où j’ai décidé de me faire enlever un tatouage que j’avais depuis plus de 15 ans pour me dire qu’elle le trouvait joli. C’est comme ça dans ma famille, on a le compliment pudique.

Une fois j’ai demandé à mes parents pourquoi ce manque d’empressement à vanter mes qualités alors qu’ils n’avaient aucun mal à énoncer celles du voisin. Ils m’ont répondu qu’ils voulaient éviter je sois prétentieuse, ils détestaient les gens prétentieux. Cela a très bien fonctionné.

Je ne leur en tiens pas rigueur car l’éducation est un domaine suffisamment complexe pour qu’on le prenne dans son ensemble et que s’arrêter sur chaque point serait faire un faux procès, cependant, aux vues de mon expérience, si j’ai des enfants, je promets que dès qu’ils feront quelque chose qui sort un tout petit peu de l’ordinaire je commanderai une fanfare et je sabrerai le champagne. Car la modestie ne sert à rien, mise à part laisser le champ libre à tout un tas de gens, souvent communs, de briller à votre place.

Pour en revenir aux photos du spectacle de l’école, passé le moment à essayer de reconnaître les gens et par la même occasion se demander ce qui s’était passé au niveau capillaire durant les années 90, des souvenirs me sont revenus. Durant cette soirée j’avais joué dans ma première pièce de théâtre. Ça s’appelait « Roméouche et Henriette ». Rien que le titre ça part mal, ça sent la pièce beauf qui va faire rire essentiellement des gens qui seront trop contents d’avoir compris la blague.

Dans les faits, l’idée générale était une parodie de Roméo et Juliette avec la famille de Roméouche qui finissait toutes ses fins de phrases en « ouche » celle d’Henriette qui les finissait en « ette », à cela s’ajoutait un facteur qui lui finissait ses phrases en « eur ». On peut se demander pourquoi avoir changé Juliette par Henriette étant donné que les 2 prénoms ont exactement la même terminaison. Peut-être pour se démarquer de son illustre prédécesseur. L’auteur aurait pu s’épargner cette peine, la différence était notable. Poussif, pas drôle et mal écrit, même Sarah Bernard n’aurait rien pu faire de ce texte. On rajoute à cela comme metteurs en scène, une professeur qui se rêvait tragédienne et un acteur amateur de 75 ans qui s’illustrait par ces trous de mémoires lors de la pièce annuelle du village, le tableau est posé. J’interprétais Henriette, j’avais 4 répliques à placer, ma prestation avait été atroce.

Mes 13 ans ne m’ont pas permis à l’époque d’avoir le recul nécessaire afin de me pardonner de ne pas atteindre l’excellence sur une pièce aussi insignifiante.  J’ai mis des années avant d’oser remonter sur scène et durant ce laps de temps j’avais appliqué un principe que je m’oblige toujours à suivre : si tu as une passion dans laquelle ton talent ne saute pas aux yeux et qu’un public est impliqué : change de passion.

Ce n’est que 5 ans plus tard, avec un texte qui tenait la route et un metteur en scène dont c’était le métier, que mes capacités se sont révélées beaucoup plus prometteuses.

Outre ma contre-performance scénique, le ressenti qui m’a envahi à la vue de ces photos, c’était celui de ne pas avoir à ma place et effectivement cette impression avait prédominé les mois de répétitions qui avaient précédé cette funeste parodie. Le contraire aurait peut-être été étonnant, car ce passage obligé qu’est l’adolescence n’est pas réputé pour nous imprégner de joie et d’harmonie. Mais au lieu de m’en débarrasser comme le tout un chacun, ce sentiment, s’il a pris des formes diverses, m’a poursuivie comme une chanson qui vous insupporte et qui se loge dans votre tête pour y tourner en boucle.

Non que j’aie du mal à m’intégrer en société – cela n’est d’ailleurs pas très compliqué en tant que femme, il suffit de montrer un peu d’attention à l’autre et vous vous retrouvez avec un réseau non désiré très étendu – je pense juste à une certaine dissonance, une difficulté à me retrouver en phase avec mes congénères.

Alors, est-ce perdre son temps que d’aller là où, objectivement ou non, on n’a pas sa place ?

Peut-être que la question se poserait si tout cela était un choix, ce qui ne me semble pas le cas. Car même quand nous pensons être totalement aux commandes, c’est bien notre inconscient, ce petit farceur, qui gouverne le 90% de notre vie, et selon l’éveil que nous avons sur notre histoire personnelle nous pouvons nous retrouver dans des situations plus ou moins agréables. On ne le dira jamais assez : la psychothérapie peut être utile et pas seulement lorsque vous entendez les murs vous parler.

Ce même inconscient qui, perfidement, m’a fait me battre beaucoup plus que de raison pour des gens qui me confortaient dans mon complexe ou alors basculer dans l’excès contraire et évincer systématiquement ce qui pouvait représenter un danger, même minime.

Tout cela a un temps car si la jeunesse permet de s’accorder le luxe du drame, vient le moment où l’expérience nous apprend à faire la différence entre ce qui a de l’importance et ce qui n’en a pas. Alors si je ne renie pas le chemin parcouru qui m’a permis de devenir qui je suis, je sais qu’il est venu le moment où tout cet inconfort finit par atteindre son but et m’amène exactement là où je devais être.

Sans que je me demande si j’y ai ma place ou pas.

L’album photo

« Elle m’a dit que c’était fini, qu’elle me quittait car elle ne voyait pas d’avenir avec moi et elle a ajouté que quand je conduisais, j’allais trop vite dans les giratoires.»

Ces mots ont été prononcés, entre deux sanglots, par un collègue avec lequel mes échanges se limitaient aux politesses d’usage. Quelques minutes avant, il était venu vers moi en me disant tout de go avec une mine déconfite qu’il n’allait pas bien. J’allais émettre l’hypothèse d’une indigestion quelconque – pour une raison qui m’échappe, les gens adorent venir me raconter leurs problèmes de diarrhée – mais il a enchaîné pour en arriver à la rupture et au giratoire.

J’avoue que j’en ai entendu des récits de séparations, de divorces calamiteux, j’ai souvent été bien malgré moi la confidente de longues litanies de reproches relationnels en tous genres, mais que quelqu’un mentionne à cette occasion la divergence sur la conduite d’un véhicule, ça c’était une première.

Alors d’accord, ce collègue en question est un apprenti conducteur de bientôt 40 ans qui a échoué 3 fois à son examen pratique. J’ai assisté à un départ lors de l’un de ses cours d’auto-école, il a démarré et calé 3 fois de suite. Ça faisait plus de 2 ans qu’il prenait des cours.  Je n’ai donc pas eu de peine à l’imaginer entrer dans un giratoire sans que l’on sache vraiment comment il allait en ressortir…. Mais de là à l’utiliser pour le quitter…. Elle a fait fort. Lui aussi en me le rapportant tel quel sans filtre.

Le tragi-comique de la situation m’a fascinée. J’adore l’humour noir dans les ruptures. Certainement par vengeance, car en la matière je n’ai aucun conseil à donner, étant une de personnes qui a le moins bien vécu la sienne. Et je doute, bien des années plus tard qu’elle soit digérée ou qu’elle ne le soit jamais. Alors que les autres semblent si bien « tourner la page » ou « aller de l’avant », un mot, une situation me donne souvent l’impression, telle la Madelaine de Proust, que le temps n’a eu aucune emprise et que tout s’est passé hier. Le point final semblant obstinément hors de portée.

A l’époque, j’avais mis toutes les chances de mon côté afin d’éviter de pleurer toute seule chez moi en écoutant du Lara Fabian. J’avais payé un psy très cher afin de pleurer accompagnée.

Je n’avais rien d’insoluble, des cas comme moi, il avait dû en avoir des centaines. Son approche fût donc celle maintes fois utilisées : m’expliquer que d’accord j’avais l’impression qu’on m’avait planté un couteau dans la poitrine afin de réduire mon cœur à du hachis parmentier, et que la sensation devait être certes désagréable et inconfortable mais que, pas de panique, j’allais m’en remettre. Et pour illustrer ses propos il s’est lancé dans la délicate analogie de ma situation à celle d’un deuil.

Je ne sais pas d’où il avait pensé que cela pourrait m’apporter un quelconque réconfort. Avouons-le, quand on compare quelque chose, quoique ce soit, à la mort, ça part mal. « ne vous inquiétez pas, si vous vous si sentez mal c’est normal, c’est simplement parce que votre relation est morte.» c’est rare que cela apaise. Moi qui pensais qu’on allait décortiquer mon enfance afin de savoir ce qui ne jouait pas chez moi, trouver un lourd secret et que dès lors tout irait mieux comme dans les témoignages de talk-show, voilà que je me retrouvais à donner la réplique à un employé des pompes funèbres. J’ai profondément regretté à ce moment-là de ne pas être une dépressive lambda, qui se gaverait de médicaments ou toutes autres substances sédatives. Ça ne règle pas mieux les problèmes mais au moins tu n’es pas obligée de parler à quelqu’un qui te dit des phrases comme « d’autres choses qui vous viennent en tête ? » alors que tu as passé ta séance à lui expliquer que tu ne t’en sortirais jamais et que tu mourras seule et abandonnée et que le plutôt serait le mieux. Donc mise à part cela, à bien y réfléchir, non, rien ne te vient en tête. Cette même séance où tu te seras épongé le nez avec le dos de ta main car comme d’habitude ni lui ni toi n’avez des mouchoirs. D’ailleurs à chaque fois tu le verras noter dans son petit carnet « acheter des mouchoirs » avec toujours la même remarque « J’ai eu beaucoup de patients qui souffrent de dépression saisonnière, il faut absolument que je refasse mon stock. Vous n’imaginez pas le nombre de personnes qui dépriment au printemps/en automne ».

Je vais faire un petit aparté pour expliquer mon état d’esprit à ce moment-là. Mon frère a eu plusieurs accidents sérieux dont un où il a fait quelques jours de coma.

Durant cette période et même les années qui ont suivi – j’avais bien dit que j’avais un peu de peine à digérer les épreuves de la vie – si quelqu’un venait vers moi pour se plaindre de maux de gorges ou d’autres choses certes fâcheuses mais futiles, bien qu’il n’y puisse rien, bien que moi aussi je me plaigne souvent de choses complètement bidons, et bien malgré tout cela, je devais redoubler d’effort et prendre de grandes inspirations afin de ne pas lui expliquer en termes peu charitables que son problème n’en était pas un. Les années ont passé, maintenant on peut me parler de tout – et en la matière je suis servie – sans que je fasse des bons, mais dans la tourmente, ma compassion est limitée pour dire inexistante.

Donc pour en revenir à la phrase de mon psy, de savoir que des gens dépriment parce que le soleil va se coucher à 18 heures au lieu de 19 heures, alors que je pensais que ma vie était finie, sur le moment je n’ai pas eu envie de creuser le sujet.

Outre les détails d’un deuil, j’ai aussi eu droit aux métaphores, afin de m’expliquer de manière imagée à quel point les choses allaient s’arranger.

« pensez que plus tard vous regarderez tout cela comme on regarde un album photo. On le feuillette, on le referme, on le range.»

Tout devait se régler de manière si simple. Je me rappelle que déjà à l’époque, je savais que ça ne se passerait pas comme cela. Je ne le payais pas pour dézinguer son argumentation, et à dire vrai je n’en avais pas l’énergie. Je m’étais donc tue.

Mais l’album n’a jamais été consulté de manière détachée et sereine. L’album m’a maintes fois giflée face à mon incapacité à faire comme tout le monde : oublier et avancer.

J’aimerais dire que j’en suis sortie grandie, que si je n’étais pas passé par là je ne serai pas la personne que je suis maintenant. Certainement. C’est ce qu’on dit en général face au revers de la vie. Certains ajouterons même que si c’était à refaire, ils feraient exactement pareil. Pas moi, si c’était à refaire, je choisirai le chemin le plus simple où tout marche comme escompté. A l’évolution de mon âme je préférerais la paix de l’esprit.

Bien plus tard, alors que ma thérapie était terminée depuis un moment déjà, au hasard d’une petite croisière avec mon neveu et ma nièce, je me suis retrouvée sur le même bateau – au propre pas au figuré – que mon psy. Autant dire que je l’ai vu avec un plaisir mitigé. La personne à qui vous avez confié vos failles – et qui n’en a finalement pas fait grand-chose –  ne devrait jamais exister au-delà de la porte de son cabinet.

Il était là avec sa femme. En le voyant partager une journée de détente dans le confort serein que les décennies de mariage heureux lui avaient procuré, j’ai réalisé que malgré ses connaissances, malgré sa bonne volonté, malgré son envie manifeste de m’aider, nous ne nous étions jamais compris.

Arrivant gentiment à l’âge de la retraite et dans une partie de sa vie ou malheureusement on perd plus de gens qu’on ne voudrait, peut-être comprendra-t-il ces patients inconsolables, ces désespérés au cœur brisé, pleurant leur amour perdu.

Et à ce moment-là, je lui souhaite du fond du cœur que quelqu’un lui donnera des mouchoirs, sans lui parler de la dépression saisonnière. Ou d’albums photos.

Imaginez

Une fois n’est pas coutume, je partage aujourd’hui un petit texte qu’il m’a été donné de voir bien quelque fois sur mon fil d’actualité Facebook. Un texte simple comme souvent car si on y ajoute des concepts trop complexes et de la nuance, on perdrait beaucoup de gens en cours de route.  On met du noir, on met du blanc, un peu d’ « aimez votre prochain », on ajoute un emoji à la fin et ça passe. C’est vite lu, vite compris, ça ne demande pas à réfléchir, ça nous flatte en nous faisant croire que l’on a une réflexion poussée, bref c’est calibré pour être encensé, on adore !

Ce texte, qui est à la sociologie ce que Mc Donald est à la gastronomie, je l’ai reproduit dans son intégralité dans les lignes suivantes (s’il n’a pas été coupé et modifié suite à ces nombreux re post), le voici, tel quel :

Imaginez !!!
Tu nais en l’an 1900.
Quand tu as 14 ans, la première guerre mondiale commence et se termine quand tu as 18 ans.
Bilan de 22 millions de morts.

Peu de temps après une pandémie mondiale, la grippe espagnole, apparaît, avec 50 millions de personnes qui meurent.
Heureusement tu es toujours en vie et tu as 20 ans.

Quand tu as 29 ans, tu survis à la crise économique mondiale qui a commencé avec l’effondrement de la bourse de New York.
Cela a provoqué l’inflation, le chômage et la famine dans le monde entier.
Pendant ce temps, quand tu as 33 ans, bientôt, les Nazis arriveront au pouvoir en Allemagne.
Quand tu as 39 ans, l’Allemagne envahit la Pologne et commence la Seconde Guerre mondiale.
Tu as enfin 45 ans quand la Seconde Guerre mondiale prend fin.
Bilan : 60 millions de morts.
6 millions de Juifs meurent dans la Shoah.
Heureusement tu es toujours en vie !

Quand tu as 52 ans, la guerre de Corée commence.
Quand tu as 64 ans, les Américains commencent la guerre au Vietnam.
Tu as 75 ans quand cette guerre prendra fin.
Heureusement tu es toujours en vie !

Maintenant !!!

Un jeune né en 1980 pense que ses arrière grands-parents,et grands- parents n’ont aucune idée de la difficulté de la vie, mais ils ont survécu à plusieurs guerres et catastrophes, sans parler des restrictions lors de la première crise pétrolière au début des années 1980 !

Aujourd’hui, nous trouvons tout le confort dans un nouveau monde mais malheureusement au milieu d’une nouvelle pandémie.
Les gens se plaignent de rester à la maison pendant des semaines.
Alors qu’ils ont de l’électricité, des téléphones portables, de la nourriture, de l’eau chaude et un toit sécurisé sur leur tête.

Rien de cela n’existait en ces temps-là.
Mais l’humanité a survécu à ces circonstances et n’a jamais perdu la joie de vivre !

Aujourd’hui, nous nous plaignons parce que nous devrions porter des masques pour entrer dans les supermarchés !

Un petit changement dans notre pensée et notre mentalité peut faire des merveilles !

Nous sommes encore en vie et nous devons tout faire le nécessaire pour nous protéger et nous entraider !!! …. 🙂

Marijke Marnix Roesyn Deschamps

Voilà.

Tout le monde se sent mieux maintenant ? Si ? Non ?

Sérieusement ? Vous ne vous sentez-vous pas mieux en sachant que c’était pire avant et que vous vous plaignez pour rien?

Oui il y a pire, il y a toujours pire, vous n’êtes pas exploité dans une usine textile au Bangladesh, votre pays n’est pas ravagé par la guerre, vous avez accès au confort (relatif pour certain), si je suis la logique de ce texte, ces seuls éléments devraient vous convaincre que tout va bien pour vous.

Et bien non, pas forcément, n’en déplaise aux amateurs de philosophie à la louche, la joie de vivre est parfois plus complexe qu’une liste « pour ou contre » que l’on ferait pour choisir un appartement. Elle inclut notamment entre autres l’exemple que nous ont donné nos parents face aux aléas de la vie, notre place dans la société et notre relation aux autres, et de manière non négligeable notre génétique. Il y a des gènes plus doués que d’autres pour le bonheur, c’est comme ça.

Si la seule pensée qu’il y a plus malheureux que nous suffisait à la paix intérieure, les cabinets de psy ne seraient pas remplis, les anti-dépresseurs ne seraient pas les médicaments les plus utilisés, tout le monde serait heureux et équilibré et les prisons seraient vides.

Alors on est d’accord, il y a pire dans la vie qu’un confinement, même si toutes les personnes que j’ai entendu relativiser cet événement ne sont pas celles qui l’ont vécu dans un 16 mètres carré en ville sans possibilité de voir le ciel. On est beaucoup plus serein face à l’adversité dans une maison à la campagne les pieds dans l’herbe.

Ceci étant posé, je ne suis pas née en 1900, la personne qui a écrit ce texte ainsi que celles et ceux qui le relaient non plus d’ailleurs. C’est ce qui est pratique quand on cite des événements que l’on n’a pas vécu, on peut les détourner à sa guise. On peut en être le héro sans trop d’effort. On peut aussi prêter des intentions à autrui comme « l’humanité a survécu à ces circonstances (comme la guerre mondiale ou l’effondrement de la bourse de New-York) sans perdre sa joie de vivre ! », sans être contrarié vu que les principaux protagonistes sont morts depuis longtemps.

Peut-être l’ont-ils perdue d’ailleurs, leur joie de vivre, mais on s’en fiche complètement. Ils ne sont pas importants. Ils sont juste là comme alibi pour faire culpabiliser les vivants.

Et je rajouterai perfidement que si la joie de vivre était tellement importante après la guerre de 14-18 on se demande pourquoi celle de 39-45 a eu lieu, mais je m’égare.

Mes grands-parents sont nés, à 20 ans près, dans les années citées en exemple.  Je n’ai jamais pensé, comme ce texte en prend le parti qu’ils n’avaient aucune idée de la difficulté de la vie. Je pensais juste qu’ils ne captaient rien aux ordinateurs ou comment régler une télévision, ce qui n’était pas une impression mais un fait avéré.

Ils ne m’ont jamais dit à moi « jeune » (tout est relatif) des années 80 que j’avais tout le confort nécessaire et que je n’avais qu’à me taire. Au contraire, ils appréciaient de me faire parler sur différents sujets, de préférence sociétal ou politique, afin d’avoir mon avis tranché et plein de certitude comme on peut l’être adolescent. Sans me faire la morale ou avoir de parti pris, ils m’ont permis d’avoir ce que ce texte simpliste exclu : un dialogue. Ils ne se sont jamais mis en exemple ou vilipendé la modernité, au contraire, ma grand-mère avait une passion pour toutes les inventions les plus inutiles qui soient comme le couteau à viande électrique ou l’aspirateur de table. Elle serait encore parmi nous, je suis pratiquement sûre que nous devrions lui bloquer son compte Amazone.

C’était tout simplement des gens normaux. Pas des épouvantails de vertu que l’on agite pour faire honte aux générations suivantes.

Ne comparons pas des époques qui n’ont rien à voir, ça n’a aucun sens.

Oui, les jeunes de maintenant n’ont pas eu la grippe espagnole ou la guerre ou toutes les autres adversités citées sans nuance. En revanche, ils ont une planète que l’on a si bien utilisée dans la jolie période où « l’humanité gardait sa joie de vivre malgré tout » que leur avenir et celui de leurs enfants est loin d’être serein. Ils vivent dans une société où tout le confort dont nos aïeux manquaient s’exhibe sur internet donnant l’impression à ceux qui n’ont pas encore atteint le nirvana des vacances exotiques ou de la voiture hors de prix qu’ils ne sont rien.

Certains ont vu leur famille se déchirer, ont remplacé le lien avec leurs parents par la 4G, ils rentrent dans un monde parfois brutal et compétitif, sans avoir les bases nécessaires pour l’affronter. Et ce fameux confinement dont « on » se plaindrait de manière abusive, ce sont bien les jeunes qui devront en assumer les conséquences alors que, oh ironie de l’histoire, cette maladie ne les concernait pas ou très peu.  

C’était mieux avant ? C’est toujours mieux avant car « avant » n’est plus. C’est d’ailleurs à cela que l’on remarque que l’on a définitivement passé dans la catégorie vieux et aigri (pour être poli), on se sert du passé pour mépriser le présent tout en y ajoutant des bons sentiments et un emoji qui sert un cœur.



Le célibat on apprend sur soi

S’il y a une chose qui m’a frappée durant ma (longue) période de célibat, c’est que je n’ai jamais manqué de gens pour m’expliquer à quel point c’est super de l’être et tout ce que l’on apprend sur soi.
Ces personnes-là ont été seules quelques mois grand maximum. Ils ne connaissent du célibat qu’une soirée où aucun pote n’était disponible pour les accompagner au cinéma. Ça leur a laissé deux heures pour réfléchir sur le sens profond de la vie. Qui a repris son cours comme si de rien n’était. Mais s’il fallait une connaissance approfondie des sujets avant de ramener sa fraise et se fendre de conseils, ça se saurait. Les réseaux sociaux seraient déserts et les rapports humains beaucoup plus apaisants.
Ce sont d’ailleurs les mêmes qui n’auraient aucun souci à passer un nouvel-an seul (ils ne l’ont jamais fait) et qui te conseillent les voyages organisés quand tu en as marre de demander l’aumône auprès de tes amis et de ta famille afin de caser tes semaines de congés.
Non je n’ai jamais été tentée de m’essayer aux voyages organisés. J’ai une personnalité empathique, tous les cas sociaux me prennent pour leur meilleure amie et me racontent leur vie. Et même si ça peut être intéressant sociologiquement parlant, que ça me donne parfois aussi de l’inspiration, plus je vieillis, plus ça m’épuise. Alors me retrouver en Tanzanie à devoir écouter ma 300 ème histoire de divorce douloureux et compliqué, la faute à un ex dont la personnalité se rapproche dangereusement de l’antéchrist, j’ai préféré ne pas tenter.

Sur le célibat j’en connais un rayon. Je pourrais ouvrir un work-shop ou faire des « inspirational speeches » à l’américaine.
Je me rappelle ces jours qui suivent la rupture où tu retournes en morceaux chez tes parents en espérant qu’ils ne te questionneront pas. Ils ne l’ont pas fait. Et que ce soit par pudeur ou désintérêt, peu importe, je leur en suis très reconnaissante.
Je connais ces moments qui te donnent l’impression que le monde entier participe à une party géante où tu es la seule à ne pas être invitée.
Ces samedis matin où tu te lèves sur le thème « je vais mourir seule et on mettra 2 semaines à s’en apercevoir ».
Enfin je connais les soirées où tu t’obliges à te rendre car à force d’entendre que « ce n’est pas en restant chez toi que tu rencontreras du monde » tu finis par céder.
J’en ai rencontré du monde. J’ai même eu l’impression de ne faire que ça. J’ai croisé plus de personne dans cette vie que je ne souhaite le faire dans les 3 prochaines… et je vais être dure mais les gens sont toujours un peu les mêmes. Il n’y a pas que dans le monde du travail que tout s’est standardisé, la vie privée n’a pas été épargnée. Ils ont grosso modo les mêmes centres d’intérêts, se passionnent pour les mêmes séries, se réjouissent des prochaines vacances au soleil et rêvent d’une vie différente ailleurs pour faire sensiblement les exactes mêmes choses qu’ils font ici.

J’ai écouté les conseils, je suis sortie de ma zone de confort, je me suis confrontée aux autres et j’en suis arrivée à la conclusion que même le nouveau finit par devenir lassant.

J’aimerais dire que le célibat fût pour moi un choix délibéré. Que je suis une femme de la génération qui a compris que sa liberté et son indépendance viendrait au prix du sacrifice d’une vie de famille qui m’aurait semblé de toute manière bien terne en comparaison de tout ce que je voulais réaliser. Mais pas du tout. Les circonstances et les aléas de la vie ont fait que je le suis devenue et je m’en suis accommodée bon gré mal gré. Planter un domaine ne fût au bénéfice d’aucun autre. Dommage. Mais le temps a passé et s’il y a bien une chose positive que j’accorde au fait de vieillir, c’est que l’on ne se met plus la pression pour réussir. On a tout raté, on le sait et on s’en fout.

Mon regret est de ne pas avoir eu le sens de la légèreté ça aurait été plus facile. Je ne suis pas légère, je ne l’ai jamais été. Racines germaniques, faille psychique ou éducation trop axée sur la prise de conscience (alors que mes camarades faisaient leur dissertation de fin de scolarité sur des romans fantastiques ou à l’eau de rose, sur les bons conseils de ma mère je fus la seule à choisir « le journal d’Anne Franck » et passa mes 10 minutes d’examen oral à me révolter sur la tragédie que fût la 2ème guerre mondiale). Je ne sais ce qui a pesé le plus dans la balance. Peut-être un mélange des trois. Quoiqu’il en soit, j’ai de l’humour, je sais être déjantée à mes heures perdues et je crois, sans me jeter des fleurs qu’il y a pire dans la vie que de passer une soirée en ma compagnie. Mais je ne suis pas légère. Dommage. On vit tellement mieux quand on est léger.
J’ai toujours besoin de lien, de profondeur, je cherche à m’entourer de gens drôles, qui ont de la répartie et le goût de partager avec moi des idées philosophico-tranchées sur la vie. Ça fait beaucoup. Ça fait trop. Pour être heureux en société, rester en surface est de loin ce qui a donné le meilleur retour sur investissement. Pour être heureux en amour aussi d’ailleurs.
Car je ne compte plus les exemples de personnes avec lesquelles je n’aurais pas passé plus de 5 minutes sans avoir envie de me pendre, que je trouvais inintéressantes ou d’un ennui coupable et qui ont pour leur part sauté d’une histoire à l’autre sans aucun problème. Si les relations humaines sont un mystère, les qualités qui me semblent tellement importantes quant à elles sont la voie royale pour terminer en déshérence sur une appli de rencontre.
J’aurais pu revenir sur mes principes, me dire que la vie est ainsi faite, enchaîner les relations sans lendemain ou alors m’engager pieds et poings liés, afin de me passer l’envie de me barrer, avec le premier idiot venu. Ça aurait été simple. Beaucoup le font. J’aurais été comme la majorité des couples que je connais, malheureuse tout en blâmant l’autre ou la vie de ma mauvaise fortune. On adore se plaindre des barreaux que l’on a soi-même érigés.
Je ne l’ai jamais fait, car même si je sais que la vie est essentiellement remplie de futilités, que sans ça on ne survivrait pas, j’aspire au moins à sauver ce qui peut l’être de ma vie amoureuse. Et si l’angoisse de remplir mes samedis soir implique de me résigner à me contenter de peu, alors je préférerais être payée à torcher le cul de Saddam Hussein, pour paraphraser Bridget Jones. Comme il est mort je le remplacerais par Kim Jong Un. Qui cela dit doit être aussi désagréable à côtoyer que le précédent.
Alors oui, le célibat on apprend sur soi. Mais je compte bien ne pas passer ma vie à être mon centre d’intérêt principal.

Facebook me revoilà (suite)

Depuis le temps que j’ai commencé à écrire ce qui me passe par la tête, j’ai accumulé les textes et notamment des sketches. Je compte des dizaines de sketches en attente dans ma clé USB dont je ne fais rien, mise à part les étoffer quand, au détour d’une conversation, il me vient une idée. Et les gens étant une source d’inspiration inépuisable, à force, chacun de mes sketches fait 10 pages.
Et j’ai encore à ce jour, 125 notes d’anecdotes dans mon téléphone à classer. Des phrases, des situations, des manières des parler qui cherchent preneurs dans mes textes existants ou qui participeront à l’élaboration de nouveaux.

Ces derniers mois, aléas de la vie aidant, je remarquais que mes idées s’asséchaient. Ou plutôt mon radar était brouillé. C’est-à-dire que dans les périodes de vaches grasses, je remarque tout. Et mon imaginaire fait le reste.
Etre en permanence aux aguets peut être plaisant, beaucoup de choses m’amusent et mes pensées ressemblent à un De Funès qui sautille en répétant « elle s’appelle Edmée Edmée Edmée » dans Hibernatus (les aficionados de De Funès me comprendront).
Cependant, par certains autres aspects, c’est épuisant. Oui car je ne remarque pas que les bonnes choses ou les anecdotes marrantes. Un simple chuchotement au cinéma me percutera comme personne, je serai la seule perturbée par l’idiot au rang numéro 10 qui pianote sur son téléphone portable, et qui a mis les pieds sur le siège et que cela ne se fait pas, et plus généralement, dans les interactions quotidiennes, l’indifférence, l’égoïsme, la perfidie m’explosera au visage et me touchera d’autant plus. S’ajoute à cela, une mémoire d’éléphant, je n’oublie rien. Je stocke tout avec moult détails, les bons souvenirs comme les plus cinglants, ce qui fait que par moment je suis épuisée. Jouer, écrire est un exutoire qui me permet de supporter ma particularité et d’en tirer parti.
Comme m’avait dit une fois mon psy « vous êtes extrêmement sensible, malheureusement pour vous tout vous touche comme ces tissus qui attrapent chaque infime morceau de poussière. Mais vous savez, les plus grands artistes étaient de grands sensibles ». Puis il m’énuméra une longue liste d’exemple. Certainement pour m’encourager. Seulement, ces artistes en question avaient terminé, drogués, alcooliques, ou dans un asile à entendre les murs leur parler.
La finesse n’est pas toujours le fort des psys, en tous les cas, pas du mien. Je me rappelle qu’il avait été tout fière de m’annoncer que j’avais une névrose standard ce qui est, en langage médical, un compliment. Le monde étant pour eux en deux catégories, les névrosés et les psychotiques. La névrose touchant à différents degrés pratiquement tous les individus sains d’esprit. En gros, vous êtes fou mais vous en êtes conscient.
Ces mots avaient une signification différente pour moi car dès l’enfance, c’est toujours agité devant mes yeux le spectre de la dépression sévère, qui t’amène à faire quelques séjours prolongés à l’hôpital psychiatrique. Sans pour autant être fragile, ou avec une personnalité mal définie, vos gênes vous jouent des tours et vous devez faire avec. C’est comme ça, certains de vos ancêtres vous prédisposent à être doué en sport ou maîtriser le violon à la perfection, les miens m’ont donné en héritage un esprit vif et alerte, couplé avec une mélancolie latente et une capacité à trouver tout nul en un temps record. Même les choses banales qui font normalement l’unanimité comme les anniversaires ou l’été peuvent devenir en ma compagnie très folklorique.
Est-ce cette maladie à la mode qu’il est presque chic d’avoir maintenant, à savoir la bipolarité ? Je ne pense pas.
Car ayant eu des voisines de table au restaurant (oui car mon hyper activité cérébrale me fait tout remarquer, tout analyser, même des conversations qui ne me regardent pas) qui soûlaient leur auditoire en partant dans des délires exaltés et qui, durant leur monologue lâchait un « mon psy m’a diagnostiquée bipolaire mais la maladie ne me définit pas ! » pour repartir de plus belle dans une enchaînement de phrases qui ne semblaient jamais vouloir s’arrêter, je doute d’avoir quoique ce soit de communs avec ce type de pathologie…..

Une en particulier m’a fascinée. Pendant une heure, elle a détaillé à son ami, qui semblait complètement amorphe, tous les hommes avec lesquels elle avait échangé sur un site de rencontre. «Celui-là, il a des problèmes psychologiques et j’aurais pu l’aider tu vois, mais ce n’était pas le moment pour lui » (oui c’est ça, cela devait être un problème de moment…). Puis elle lui a fait une démonstration de l’utilisation de l’application du site sans se soucier un seul instant de son intérêt ou non pour la chose. Elle enchaîna en parcourant les profils des hommes qu’elle avait rencontrés, en donnant moult détails sur le déroulement de l’entrevue, ponctuant le tout de rires aux éclats (d’elle toute seule) qui la faisait sauter sur sa chaise. Elle finit par lancer à son ami « tu devrais t’inscrire tu vois c’est tout simple » tout en lui expliquant comment le faire et que mettre sur son profil.
Son interlocuteur finit par poser une question, la question qui devrait faire comprendre à toute personne normalement constituée qu’il n’avait rien pigé à la bonne 20 aines de minutes d’explications qui avaient précédé. Il lui a demandé : « Mais c’est déjà où que tu mets ton email pour l’inscription ?»
Moi je lui aurais répondu «Aïe mon pauvre….. tu es resté bloqué là ? bon alors on va reprendre l’explication en allégé…. Ou alors mieux, on va changer de sujet »
Mais elle pas du tout. Elle a continué comme si de rien n’était, laissant son ami tenter par lui-même de faire la différence entre « répondre à un message en utilisant aussi whatsapp si on s’échange le numéro de téléphone ou alors s’écrire sur le site ou tout simplement liker un profil sans rien se dire, ce qui montre juste ton intérêt sans t’engager, tu vois ? »
Je pense que son psy avait raison, elle est bipolaire. Et nous avons eu la chance d’assister à sa période maniaque.
Mais, non définitivement, je ne suis pas dans ce registre-là. Je me définirai, sans parler de pathologie, plutôt comme une personne avec une sensibilité particulière, qui me permet de supporter plus ou moins par moment, le monde et mes semblables.

J’étais donc en période de vaches maigres. Dans le sens ou plus rien ne me faisait rire. Je ne remarquais que le négatif. Je devenais de plus en plus standard et plate dans ma répartie et je coulais sans réaction dans des discussions carrément ennuyeuses, et ça c’est mauvais signe. Normalement, je préfère me taire que de parler de la pluie et du beau temps, alors si je me laisse entraîner sur ce terrain sans y mettre une mauvaise volonté manifeste, c’est que je vais très mal.

Il n’y a rien qui ne m’attriste plus que de me trouver pas drôle. J’ai l’impression d’être commune et je n’ai plus envie de me côtoyer, ce qui est compliqué. Car normalement on passe beaucoup de temps avec soi. Bien que certains peuvent traverser toute une vie sans jamais se rencontrer.
Personnellement, je m’évite rarement, surtout quand je trouve mon niveau proche de zéro, c’est là que je me remarque le plus.
Cependant, ma standardisation était somme toute logique, ça va avec le fait de vieillir (que l’on appelle plus poliment « l’expérience ») et ce que l’on en apprend. Quel que soit notre enthousiasme et créativité à la base, il y a fatalement un moment où tu te heurtes à la réalité.
Pour ma part j’avais des idées sur l’amour et le couple (pas des idées arrêtées, mais plutôt romantiques) ainsi que de fortes convictions sur le monde du travail et les valeurs que je voulais y mettre.
Pour faire simple et court : dans les 2 domaines, j’ai dévissé.
Se dresse alors devant toi deux possibilités. Soit tu t’obstines à être différente, et tu t’épuises à nager éternellement à contre-courant tel le saumon qui gît au bord de la rivière pendant que toutes les carpes te passent à côté, ou alors, tu finis par prendre acte et forcément tu deviens un peu…..commune. Tu ne déplaceras plus des montagnes par amour car dans ce domaine, la vie te démontrera que c’est en général ceux qui se décarcassent le plus, les gens que l’on définit comme tellement « généreux » avec un personnalité « attachante »,  qui terminent par se faire planter comme des cons du jour au lendemain pour quelqu’un qui n’avait d’autre mérite que d’être là au bon moment. J’en suis arrivée à la conclusion qu’en matière de relations humaines, le service minimum a de loin le meilleur retour sur investissement. Si avoir de belles qualités de coeur te sert uniquement à étoffer ton profil sur des sites déprimants pour célibataires, franchement, personnellement, je m’en passe. 
Et concernant ton job, tu feras bonne figure.
La norme. En voyant les jours s’égrainer.
Sauf que….Un samedi je crois, où je faisais ma 56ème récapitulation de la semaine sur tout ce que j’avais à changer dans ma vie pour qu’elle me convienne un minimum et que je me suis heurtée aux mêmes murs en essayant de trouver de l’équilibre et un appui autour de moi, je n’ai vu comme solution pour me sentir mieux que de miser (encore une fois) sur moi et moi-seule.
J’ai décidé de jouer. Ce que j’avais sous la main. Tout de suite.
Jouer pour moi étant un puissant anti-dépresseur. Même devant mon miroir. Je me remémore des répliques qui me plaisent ou des phrases que l’on m’a dites et je les réinterprète, pour me détendre, comme certains font un sudoku. Moyen de détente en l’occurrence que je n’ai jamais compris… Aligner des chiffres dans des cases étant pour moi aux antipodes du ludique.

Comme je l’ai dit plus haut, j’avais beaucoup de sketches en attente, il ne me restait plus qu’à piocher dedans, à modifier une ou deux choses, car ce qui sonne bien à l’écrit peut-être totalement indigeste une fois interprété, et l’affaire était conclue. 

Je rechignais depuis longtemps à tourner quoique ce soit. Car si je prends un plaisir fou à jouer et à ce qui suit, à savoir choisir les scènes et faire le montage, montrer ce que j’ai fait est toujours très pénible.
Et cette fois n’a pas fait exception.
Quand tu t’exposes publiquement, plein de gens ont leur avis, positif ou négatif sur ta prestation ce qui est normal.
Mais, par un cheminement mental très étonnant, ils se sentent obligés de m’en faire part.
Enfin, ce n’est pas totalement vrai. Quand la majorité est très bavarde sur son opinion, d’autres le sont sensiblement moins. Je m’explique, lors de rencontres sociales banales, je suis souvent réticente à parler de moi. Beaucoup s’en accommodent (ça leur laisse tout loisir de parler d’eux) mais des récalcitrants, sentant peut-être qu’il y a quelque chose à se mettre sous la dent, me questionnent. Quand, de guerre-las, je finis par leur lâcher « dans mon temps libre, j’écris 2 ou 3 trucs » ils s’extasient avec un très convenu « formidable, une aaaartiiiiste c’est faaaaascinaaaant, je veux absolument voir ce que tu fais ». Et comme je ne suis pas née de la dernière pluie, je ne relève même pas. Donc la personne insiste, me relance, je craque. Poliment je lui envoie une vidéo avec un sobre « voilà une de mes scène». On m’a déjà fait le coup plein de fois, je n’attends pas grand-chose mis à part peut-être un « bien reçu, merci ».
Et bien non, que dalle, silence radio. Disparu. Tu n’entendras plus jamais parler de ton fan d’une minute. Pourtant, sa motivation et son empressement à voir ton travail en te complimentant par avance avait fini par t’avoir. A retenir : quand on te couvre d’éloges sans te connaître, c’est suspect.

Mais le plus souvent, je suis confrontée au nombre incalculable des spectateurs « détaillants ». Ils ont aimé, beaucoup même, d’ailleurs ils adorent te ressortir une réplique en te la rejouant, cependant sans mettre une seule phrase que tu as vraiment écrite. Tu fais semblant de reconnaître mais en général, tu ne vois pas du tout de quoi ils parlent. Certains profitent et enchaînent en se lançant dans une drague hasardeuse, en essayant de te complimenter. J’ai bien dit essayé. Parce que « je ne pensais pas qu’une fille dans ton genre (en te sortant la pauvre anecdote qu’ils connaissent de ta vie privée comme par exemple, que tu as visité tes parents le weekend dernier) pouvait être aussi drôle ! », ça n’est pas un compliment. C’est une remarque de beauf.
Remarque qui m’a définitivement décidée de ne pas poster la 2ème vidéo que j’avais faite et qui restera dormante dans mon disque dur jusqu’à nouvel ordre.

Puis ceux qui te connaissent un peu plus font leur entrée. Eux ce qu’ils veulent c’est apporter leur touche, leur expertise. « Tu ne penses pas que : si tu faisais moins long/si tu mettais moins de noir dans tes transitions/si tu jouais autrement, ça serait plus porteur ? »
Ces gens-là en général n’ont jamais rien joué ou surtout écrit de leur vie. Ils ne se rendent pas comptent de la difficulté d’avoir un texte qui tienne la route (j’en ai écrit des tonnes injouables ou carrément mauvais), l’exercice délicat de faire une scène qui soit compréhensible et qui donne bien à l’écran dans un tout petit espace, le défi de garder du rythme afin de tenir l’attention du spectateur sans pour autant donner mal au crâne à tout le monde en faisant des tonnes. S’ils étaient déjà passé par là, jamais ils ne te diraient « tu mets trop de noir dans tes transitions de montage ». Car ils sauraient à quel point mettre du noir, rien du tout ou un chat qui danse la Macarena, c’est un détail. Couper la scène au bon moment, ni trop vite, ni trop tard, ça, ça ne l’est pas, tout comme le choix de la prise ou encore jouer juste. Ils verraient aussi que quand on a fait tout cela et que le résultat et presque à la hauteur de nos espérances, entendre une telle remarque me donne envie qu’ils rejoignent une secte quelconque et participent au suicide collectif pour rejoindre Syrius ou la planète B en vogue du moment chez les ésotériques allumés.

Quand je réponds à leur « tu ne penses pas ? » je leur dis que je ne pense rien. C’est-à-dire que je pensais plein de choses lorsque j’ai commencé à faire cela il y a des années en arrière (et c’est marrant les autres qui étaient à leur place aussi pensaient plein de choses) et s’il y a une leçon que j’ai retenue c’est que, tu peux bien faire ce que tu veux, frapper à toutes les portes, t’acharner, te retourner le cerveau dans tous les sens à essayer de trouver quoi changer pour que l’on t’aime, tu ne maîtrises RIEN. Des gens feront une petite crotte de vidéo de 15 secondes, mal écrite et sans originalité et ce sera un buzz monumental, et toi tu pourras passer ta vie à faire des scènes que tu estimeras de qualité, ta volonté et ton ambition se buteront à la limite de ta destinée.

Alors non je ne pense plus rien, et le plus important, je ne fais pas cela pour le regard de l’autre ou une quelconque reconnaissance. L’intérêt d’autrui est éphémère et chercher sa valeur dans ses yeux est le plus sûre moyen de forger son malheur. J’écris, je joue parce que c’est quelque chose que j’ai en moi, qui m’aidera quoiqu’il arrive, qui me sera toujours fidèle, qui ne me quittera pas. Et c’est plus que l’on peut demander à ses amis, son conjoint ou même à un terre-neuve. C’est suffisant comme raison, non ?

Facebook me revoilà

Il y a 5 ans j’ai supprimé mon compte Facebook. Car trouvais ce site déprimant et je ne voyais pas ce qu’il apportait, mise à part la possibilité donnée à chacun d’avoir soudainement l’envie de mettre sa tête dans le four en mode « décongelation rapide » en se promenant par exemple sur le profil de ses ex et par association, de nos remplaçant(e)s.
Pour les gens ayant une imagination exacerbée comme la mienne, c’est une très mauvaise idée. Ce que l’on y trouvera nous fera rarement plaisir. Tu veux avoir l’impression que l’univers est contre toi, ou alors qu’une fête géante se déroule sur ton cadavre ? Tu es au bon endroit : va sur le profil Facebook de tes ex. Que ce soit les palmiers de vacances (il y en a souvent et ils semblent te détester), les commentaires de la remplaçante (sur le thème « tout va bien merci, notre vie et fabuleuse » et je vais le dire plein de fois en ajoutant des « nous faisons » « nous allons » « nous pensons ») ou encore en apprenant leurs multiples projets qui s’enchaînent, tout y fait pour que ton égo et ce qu’il te reste de cerveau après avoir vu ce qui précèdent, passent à la déchiqueteuse. S’il y avait un chat, c’est sûre, il aurait hashtag «Dans ta face !». Facebook est le pire endroit au monde pour vivre sereinement une rupture.
Et très souvent, la vie m’a appris l’humilité.
Certaines leçons ont laissé plus de traces que d’autres.

On l’aura compris : si tu es au bord du gouffre et que tu cherches une raison de t’y enfoncer encore un peu plus, Facebook t’aidera en te donnant le tacle final.

N’essaye pas de trouver du réconfort chez tes « amis », leur vie sur Facebook est toujours géniale. Et comme je l’ai dit souvent : quand on n’est pas au mieux de sa forme à choisir, on préfère toujours que les autres se la jouent profil bas plutôt que d’assister à l’intégralité de leur Road Trip en Californie.
Je vais te faire gagner du temps : Facebook ne t’épargnera rien.
Projection de notre narcissisme, de notre Moi rêvé, tout ce que l’on y met doit être à notre avantage. Ce n’est donc pas demain la veille que l’on verra des « je trompe ma femme depuis 10 ans et je suis une belle enflure », « photo de la tête de ma maman quand je lui ai annoncé que je lui avais vidé son compte en banque », ou « réaction de mon mari après qu’il ait découvert que pendant ma cure pour me remettre de mon burn-out, je faisais des selfies toute souriante avec mon collègue qui était gentiment venu me trouver alors que mes beaux-parents gardaient les enfants. » Des choses de la vraie vie quoi, qui n’est pas fantasmée ou romancée. Mais l’humain dans toute sa splendeur avec le peu de vergogne qu’il peut posséder, tu ne le verras pas sur Facebook. Et quelque part tant mieux, avec plusieurs centaines d’amis, si tout le monde commençait à boire le sérum de vérité, on ne tiendrait pas le choc.

Mais je n’avais pas uniquement quitté ce site pour éviter l’internement. Je suis partie car je trouvais très triste que peu de statuts ou de petites phrases de mes « amis » ne m’intéressent, ou pire qu’ils m’agacent (c’est après avoir lu 8 fois de suite « il fait beau aujourd’hui » ou alors « quel beau soleil » que j’ai définitivement décidé de cliquer sur l’option supprimer).
Et il n’était pas réconfortant pour l’âme humaine non plus de constater tous les posts perdus dans la nature, n’attirant aucune remarque ni commentaire, complètement ignorés alors que la personne en question comptait plus de 500 amis (qui pour le coup aurait pu être rebaptisé par : personnes dans mon carnet d’adresse qui n’en ont absolument rien à foutre de moi).
Ou alors je tombais des nues en voyant que des statuts à la con du genre « mes supers vacances à Ibiza » avec une photo tout aussi désolante pouvait récolter 57 « j’aime » en moins d’une heure.
Quand le rien attire le vide, ça perturbe.
Tout cela mis dans la balance, j’ai quitté Facebook. Comme la cigarette. Avec tellement peu de regret que l’on se demande pourquoi on s’est affligé cela si longtemps.
Les années ont passé, et quand vous faites quoique ce soit sur internet, pour des raisons pratiques: les réseaux sociaux, il est difficile de passer à côté. Mais je rechignais au possible, je craignais même de remettre mon adresse email et mon mot de passe, et reprendre le cours de ce qui s’est arrêté en mai 2013, avant mon anniversaire, période de remise en question, une parmi tant d’autres.

-Facebook a perdu de son appeal, inscris-toi sur Instagram c’est beaucoup mieux, me disaient les jeunes autour de moi.
-Ok, ça se passe comment sur Instagram ?
-ben tu as des amis et tu suis des gens, c’est essentiellement des photos ou des vidéos c’est génial
-Et comment tu trouves tes amis alors ? (la hantise de se prendre la honte d’avoir une seule connaissance, et encore, la fille de ma cousine, me prenait)
-En fait, faut passer par Facebook, c’est beaucoup plus simple.

On y revient et on n’y échappe pas, quoiqu’il se passe, ce maudit Facebook est PARTOUT.
Retour à la case départ. Car même si l’éventualité de réactiver mon compte Facebook me donnait de l’urticaire, il était encore pire pour moi d’imaginer devoir me réinscrire sur ce satané réseau afin d’ouvrir un autre compte ailleurs, sur une autre plateforme laquelle, je le subodorais, allait autant me captiver que mon ancien ami. Ça sera Facebook et BAAAAASTA comme dirait mon voisin italien.
J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai inscrit mon adresse email, mon mot de passe et je me suis retrouvée, avec 5 ans, et presque autant de kilos, en moins, énormes lunettes Carrera sur le pif (merci Lady Gaga et son influence sur mon cerveau malléable), prenant la pose périlleuse des premières secondes du clip « Try » de P!nk (le nuque à nuque pour les aficionados du cirque, et quand ton côté influençable pourrait te valoir 3 mois de minerve, avec le recul, ça te fait te poser des questions sur ta santé mentale de l’époque).
Tout est resté tel quel. Comme ce que l’on doit retrouver dans un appartement après que son occupant ait disparu brutalement.
J’apprends que ma dernière action connue sur Facebook était de me trouver à un concert de P!nk justement, avec une personne qui m’a tagée (mis mon nom) sur son post et que je n’ai d’ailleurs pas revu depuis. C’est dire si l’amitié Facebook est tenace.
Mes derniers statuts que je trouve très drôles et pertinents (si je ne me lance pas de fleurs qui le fera ?) cachent mal tout l’agacement que me procure cette mascarade, ce ersatz de relation sociale, et rideaux. Plus rien.

Je dois avouer que depuis mon retour sur ce site, récent il est vrai, Facebook m’a étonnée. Non je n’y ai pas trouvé un altruisme et une empathie débordante, faut pas rêver mais les statuts à pleurer ont peu à peu désertés pour faire place à un contenu parfois à peine plus recherché, ou des traits d’humour (non originaux et pompés à gauche à droite certes) plutôt plaisants.

Certaines choses demeurent. Par exemple, tu as toujours les « amis » fantômes qui ont désertés depuis bien longtemps et dont le seul échange que tu auras avec eux sera une demande en amitié concrétisée par….rien. Ceux aussi dont tu ne sais absolument plus qui ils sont mais que tu n’oses pas virer car on ne sait jamais, ou encore ceux qui agrémentent ta journée de 150 publications qui partent dans tous les sens, appelants tantôt à sauver la planète, ou à aimer leurs vacances et les chats, pour finir par une déclaration solennelle et lourde de reproches : « moi si je vous ai comme amis c’est que je m’intéresse à ce que vous faites. Je vous lis et je vous suis. Dans la vie on compte beaucoup de faux-cul mais peu de vrais amis. Repost si tu es d’accord. Attention, je saurai reconnaître mes VRAIS amis ! »
Tu as eu 10 ans ? tu as déjà reçu une lettre à la chaîne dans laquelle on te demandait de la transmettre à 10 autres amis, de ne surtout pas briser la chaîne autrement un grand malheur arriverait ou le cœur de celle qui te l’avait fait parvenir saignerait, à choix ? Les décennies ont passés mais tu te retrouves au même niveau….
S’il y avait un commentaire à faire à cette publication, ça aurait été celui-ci : la vérité est cruelle. Facebook comme dans la vie le 98 % des gens que tu rencontres n’en auront strictement rien à faire de ta personne mais seront juste là pour que toi, tu t’intéresses à eux ou pour ce que tu pourras leur apporter.
C’est un fait, c’est comme ça, notre société est égocentrée. Et rechercher à tout prix du sens et notre valeur dans nos relations, qui plus est sur les réseaux sociaux est illusoire et perdu d’avance. Et dans ce cas précis, dans sa forme, limite idiot.

Dans le même registre à savoir « intéressez-vous à moi », un contact Facebook a posté un article intéressant sur le seflie.
Qui disait dans les grandes lignes que cette nouvelle manière de se mettre en scène était associée au narcissisme, à la toxicomanie et la maladie mentale, en citant en exemple, un adolescent qui avait essayé de se suicider après avoir pris pendant 10 heures par jour plus de 200 selfies. Il a perdu 15 kg, quitté l’école et la maison pendant 6 mois dans sa quête de l’image parfaite.
Il n’y est jamais arrivé.Selon sa perception on s’en doute…. Autrement il n’aurait pas essayé de voir St-Pierre rapidement mais il se serait contenté de devenir le pendant masculin de Kim Kardashian.
Bien sûr les commentaires de cet article allaient dans le sens « mais n’importe quoi » « ça c’est clair que ça ne va pas m’arriver » etc.
Forcément, les maladies mentales, les comportements obsessionnels ou maniaques, franchir la frontière qui existe entre les bien portants et ceux qui sombrent dans la psychose, c’est pour les autres.
Nous quand on met nos photos et nos anecdotes ou même nos commentaires sur Facebook on a un recul total sur l’image que l’on nous renvoie et d’ailleurs, on n’est pas sur ce site pour cela mais comme je l’ai entendu si souvent, pour garder le contact avec tel ou telle membre de la famille parti à l’étrange. Ça n’est ni par nombrilisme, ni pour satisfaire notre curiosité que l’on s’y balade, oh que non.

Et bien en ce qui me concerne, ce garçon qui est devenu fou à force de se prendre en photo, ça m’a fait réfléchir. Déjà parce, moi-même, j’ai souvent été étonnée du nombre incroyable, voir honteux, de selfies que je compte dans mon téléphone, aussi parce que j’ai eu maintes fois l’occasion de m’apercevoir à quel point notre équilibre que l’on pense acquis est fragile, mais surtout car le pourquoi de mon retour sur Facebook n’était pas un hasard. Je venais de faire une nouvelle vidéo d’un sketch. Sketch que j’avais travaillé et travaillé encore, à l’affût de la moindre erreur, bruit, intonation ou intention qui n’aurait pas été exactement ce qui l’aurait fallu à ce moment précis (en parlant d’obsessionnel….). Mais je vois que les paragraphes s’additionnent et comme m’avait dit un professeur de théâtre « arrête de t’installer ». J’avais, il est vrai, une certaine tendance à faire durer mes répliques. Il semblerait que même à l’écrit, je m’installe. Donc : ce sera le sujet d’un prochain post.

A suivre.

Time’s up

« On ne va plus rien pouvoir faire maintenant. On osera à peine regarder une femme de peur d’être attaqué en justice. »
Depuis l’affaire Weinstein je pense que l’on a à peu près toutes entendu ce genre de remarque. Avec le regard lourd, souffrant et accusateur comme si notre pensée dans l’immédiat en tant que femme était de prendre une paire de ciseaux afin de faire ce que notre inconscient nous dicte depuis des siècles : leur bondir dessus pour couper et porter leurs testicules en collier, comme un trophée, avant de tous les éradiquer.
Le siècle dernier avait déjà amené son lot de misère comme autoriser les femmes à voter, à avoir un compte bancaire ou de travailler sans demander l’autorisation de son mari. Puis tout est allé crescendo et s’est accéléré. Tant et si bien que, si cela continue, selon certains, on ne tend pas à la simple égalité mais à la domination pure et simple de la gente masculine, ce qui aurait pour conséquence de tacler méchamment l’harmonie dans les rapports de séduction entre hommes et femmes. Dommage. Tout se passait tellement bien jusque-là. Bon c’est vrai que l’on a vécu des moments difficiles à l’époque où ils nous tiraient par les cheveux pour rentrer dans la grotte mais petit à petit, 40’000 plus tard les choses s’étaient améliorées. Enfin, pour certaines.

En bonne fille bien éduquée je me suis justifiée. Mais non voyons ! La vague actuelle ne concerne pas tous les hommes, mais une certaine tranche. Les harceleurs, les agresseurs, ceux qui utilisent leur pouvoir et leur position hiérarchique comme moyen de pression pour contraindre les femmes a des relations non consenties (mot poli pour dire viol). Les hommes « normaux » ne sont pas visés. Et par hommes normaux, sans vouloir paraître élitiste, mon échelle part de très bas.
Sont inclus, par exemple, des supers beaufs dans le genre de ceux que j’ai dû supporter lors d’un repas avant Noël. Des types trop sympas, déjà soûls à l’apéro et qui ont pu me dire uniquement du début à la fin du repas à quel point ma robe m’allait bien. Alors oui, on peut me reprocher de me plaindre la bouche pleine, que c’est plus agréable d’entendre que l’on est jolie et bien habillée plutôt que l’on a tout de la truie en tutu, certes. Mais il y a l’art et la manière de faire un compliment.
Et cependant, même si la première fois était déjà avec l’œil vide et l’haleine chargée et que ça ne m’a pas fait plus plaisir que cela, j’ai quand même dit « merci ». La 10 ème fois, affalés sur moi avec la classe bien connue que l’excès d’alcool donne quand l’heure avance, ma réponse fût beaucoup plus sèche. Et quand les blagues sur l’hypothétique homosexualité du serveur ont commencé à fuser, je me suis dit que l’on était au plus haut de ce que l’on allait pouvoir partager intellectuellement et je suis rentrée.
Est compté aussi comme homme « normal » le gars que j’ai eu à côtoyer professionnellement, qui avait 20 ans de plus que moi et qui ne ressemblait pas vraiment à un dieu du stade. Mauvaise génétique : pas de sa faute. Par contre, me dire avec l’air séducteur ravageur de Piggy du Muppet show quand elle poursuit Kermit, que mon rouge à lèvre me donnait un air sexy, là on peut quand même se dire que ses longues années d’expériences auraient pu lui apprendre quels étaient les signes à reconnaître chez une femme en cas d’intérêt. Et que l’on soit polie et courtoise ne signifie pas forcément une attraction irrésistible à son encontre.
Je n’ai pas été blessante, je ne lui ai pas demandé de se regarder dans un miroir et de se remémorer vite fait son année de naissance avant de se lancer dans ce genre d’improvisation douteuse. Je ne lui ai pas dit non plus que le mot « sexy » ne s’utilise plus depuis les années 70 et que, n’ayant pas pour ambition de percer dans la danse burlesque, je préférais qu’il évite ce genre de qualificatif me concernant. Non je ne lui ai pas dit ça mais j’ai fait ce que font la plupart des femmes, un sourire qui veut dire « tais-toi s’il te plaît » et j’ai enchaîné avec le pourquoi de nôtre rencontre. Qui n’avait rien de galante.
Oui parce que c’est comme ça. C’est un acquis. Même si on ne connaît absolument pas notre interlocuteur, ce dernier peut donner son avis sur notre apparence physique comme un jury Miss France, et si c’est positif (la chance !), on doit être contente, voir flattée et si au contraire ça nous dérange, que l’on a quelque chose à redire, comme je l’ai lu dans un commentaire intelligent d’un internaute qui faisait suite à un (des nombreux) articles sur l’affaire Weinstein, on peut toujours porter une burqa. Classe.

Des exemples comme cela, des blaireaux, des sollicitations qui tournent plus au calvaire qu’à la flatterie, j’en ai 1 ou 2. Par semaine. Le dernier en date était un sms d’un gars que je connaissais un tout petit peu pour avoir parlé course à pied et fitness, toujours au travail, et qui m’avait demandé mon numéro de téléphone pour « aller une fois courir ensemble, je pourrais analyser ta foulée et te donner des conseils ». Sympa. Je n’étais pas complètement dupe non plus. Mais quand un soir, il m’a proposé d’échanger une photo de nos pectoraux, j’ai quand même été sciée par ce type qui sous ses airs débonnaires cachait un aplomb déconcertant. Derrière l’écran de son iphone en tout cas. J’ai passé par-dessus mon envie de lui en coller une. J’ai essayé de ne pas être vindicative. Je n’ai rien répondu. Deuxième sms « Je te pensais plus joueuse que cela. Bonne journée ».
C’est vrai, je suis une fille qui parle facilement et qui a de la répartie, j’aime même faire de l’humour par moment. Je suis donc une semi-prostituée qui se fait une joie d’envoyer des photos de ses seins sur simple sollicitation. Quand on avait parlé du marathon de Boston et des exercices de musculation, mon sous-texte disait : « déshabillons-nous » .

Et oui, encore un plouc. Encore un numéro à ajouter dans la longue liste de la catégorie « bloqué».
Les gros lourds, si vraiment, ma mémoire me permettait de les compter j’en aurais un nombre incalculable. Comme beaucoup beaucoup beaucoup de femmes.
Et ça c’est ceux qui restent à peu près polis. Les « salopes » dans la rue, pour ne pas avoir répondu à un « salut » de petites frappes, ne sont pas dedans.
Si je devais réagir à chaque fois que je suis « sollicitée » sans que ce soit réciproque 1. Je serais sous perfusion de lexomil vu ma faible capacité à gérer le stress 2. Je deviendrais un vrai pitbull
Donc j’alterne entre réaction, dédain, consternation et malheureusement : habitude
Voilà grosso modo la vie d’une femme dans un monde d’hommes.

Si je raconte toute cela c’est qu’il y a quelques semaines, une tribune qui se veut l’écho de la crainte que les scandales à répétitions qui ont suivi l’affaire Weinstein semblent faire naître chez certains et certaines, a été publiée. Prenant le contre-pied de tout ce que l’on a entendu ces dernières semaines, cette tribune, écrite par des femmes, s’inquiétait de la tournure que prenait les événements et réclamait, pour les hommes, la liberté d’importuner (comme s’ils s’étaient gênés de le faire jusqu’à maintenant). Leur argumentation était notamment, que « c’est un élément indispensable pour la liberté sexuelle » (ou du moins de l’idée qu’elles s’en font). Que « la fièvre d’envoyer les porcs à l’abattoir n’aiderait pas les femmes à s’autonomiser mais servirait les intérêts des extrémistes religieux et des réactionnaires et de ceux qui estiment, je cite, que les femmes sont des êtres à part, des enfants à visage d’adulte, réclamant d’être protégées. »
Oui ça va loin. Et, petit aparté qui me vient comme cela, « réclamer de se faire protéger » est-il pire et plus honteux que de prendre la défense de gros pervers pour bien s’assurer que l’on ne va inhiber personne et que l’on aura toutes les chances de son côté pour se faire culbuter? La question est ouverte.

Cette tribune a été écrite, entre autres, par une critique d’art et auteur rendue célèbre pour s’être épanchée durant un livre complet sur vie sexuelle libertine. Avec moult détails. Forcément, 220 pages, il faut bien meubler. Ce livre a été publié au début des années 2000.
Et dans un interview que j’ai vu de cette dame, elle expliquait que ce qui l’avait motivée à faire la démarche de co-écrire cette tribune (oui car il a fallu plusieurs plumes pour arriver à cette réussite) était qu’on ne parlait plus d’elle depuis pratiquement 18 ans et que sa faille narcissique et son besoin d’attention devenaient si difficile à contrôler qu’elle avait pris cette opportunité de créer le buzz afin de se faire inviter sur des plateaux télé, plutôt que de se lancer dans l’écriture longue et fastidieuse de « mes histoires de fesses n’intéressent plus que des mecs sous viagra, volume 1».
Non ce n’est pas ce qu’elle a dit. Mais au moins elle aurait été sincère, sans nous donner l’envie de demander l’assistance au suicide, tant son argumentation était affligeante.
Donc, ce qui l’a motivée, c’est qu’une éditrice lui a dit que son fameux livre, de nos jours, n’auraient certainement pas pu être édité. La littérature s’en serait peut-être remise (selon moi), mais pas la liberté d’expression (selon elle). Ni une ni deux, elle a pris son petit bâton de pèlerin et elle et ses copines nous ont expliqué qu’il fallait qu’on arrête de se plaindre si un mec avait un mot ou geste déplacé.
Il « suffisait », pour s’attirer encore plus de lumière, de faire signer une actrice incône et admirée (qui à cette occasion a méchamment dévissé de son Olympe) laquelle s’est persuadée qu’elle était revenue au temps des 343 salopes, en mélangeant les époques ainsi que les combats, et le tour était joué.

Dans leur viseur notamment, dédramatiser certaines pratiques, comme les frotteurs du métro. Quelle cause noble et qui vaut la peine que l’on se batte pour elle ! C’est super sympa comme expérience. Moi ça m’est arrivé quand j’avais 15 ans et j’en garde un souvenir ému. Bon sur le moment, voyant la rame complètement vide, ma jeunesse un peu candide trouvait bizarre que ce gars ne se mette pas ailleurs. Mais quand je me suis déplacée plusieurs fois et que je l’avais toujours contre mon dos, tout a été beaucoup plus clair. Je me rappelle avoir remis en question mon attitude ainsi que mon habillement, avec une méga honte qui a bien scellé le tout et qui m’a fait éviter d’évoquer le sujet jusqu’à ce que je comprenne, des années plus tard, que non seulement ça arrivait à d’autres mais qu’en plus, c’était un phénomène courant et connu qui allait devenir pénal.
Mais à l’époque de mon adolescence, la bonne éducation et l’inconscient collectif qui perdurent, à savoir « quand un gars se conduit comme un porc, la fille est responsable » marchait du tonnerre de dieu. Pourquoi des actrices venues d’Hollywood essayent de faire changer les choses, franchement ?

Et puis elle n’est pas si terrible que cela cette tribune puisqu’elles condamnent quand même le viol. Sur papier. Parce que dans les interviews c’est un peu différent…. Pendant que l’une argumentait que l’on pouvait jouir pendant un viol, l’autre disait qu’elle aurait aimé être violée pour prouver que l’on s’en sort très bien.
Cela est jouable, on peut y remédier très facilement. Il lui suffit simplement de se rendre dans un centre pénitencier en Alsace qui abritent des délinquants sexuels, dont un certain Guy Georges lequel, j’en suis sûre, même si elle n’est pas complètement son type, serait ravi d’y remédier. Bon il ne se contente pas d’être un gentil violeur qui pourrait lui permettre de mener à bien son étude sociologique et nous prouver que l’on est quand même des pleureuses quand on fait partie de celles qui pense que le viol est un crime odieux.
Guy Georges tue aussi. C’est assez souvent ce que les violeurs finissent par faire d’ailleurs, étant donné que leurs crimes sont très peu punis (quand ils le sont) et qu’on les laisse souvent s’en donner à cœur joie pendant des décennies avant de les arrêter. Quand c’est chose faite un avocat se penche longuement sur leur enfance difficile pour les faire ressortir au plus vite. Et qu’ils puissent recommencer et aller toujours un peu plus loin dans leur perversion.
Donc elle risque de se faire égorger mais il faut simplement qu’elle se rappelle pendant ce temps ce qu’elle dit des frotteurs du métro « j’ai de la compassion pour ces hommes qui doivent vivre une grande misère sexuelle ».
Guy Georges aussi doit vivre une grande misère sexuelle, et si elle s’en sort, elle pourra nous dire si sa compassion a été utile.

Cette génération de femme qui a écrit en partie cette tribune, je la connais bien. Elles sont nées après la guerre, ont connu mai 68. Entre leur mère qui était au foyer mais qui décidait à peu près tout, les mouvements féministes, la libération sexuelle, elles ont vogué de l’un à l’autre en essayant d’en tirer tous les avantages, pour arriver maintenant, à 70 ans et nous donner des leçons sur comment on doit se conduire et l’importance que rien, absolument rien ne change et faire par-dessus le marché, un doigt d’honneur à toutes celles se sont battues pour qu’elles puissent sortir de leur cuisine et s’exprimer librement.
Serait-ce pour dire des énormités.
Pour les autres, celles qui n’ont pas l’excuse de leur génération pour expliquer qu’elles soient à ce point à côté de la plaque, que dire si ce n’est que la misogynie et la bêtise touche tout aussi bien des femmes que des hommes.
Je leur laisse les frotteurs du métro, les films de Polanski ou de Woody Allen, elles peuvent continuer si elles veulent, de côtoyer les machos si chers à leur cœur. Elles peuvent aussi prendre ma part, je n’en ai plus la patience.
Le changement se fera, avec ou sans elles.
Je préfère en être.
Time’s up !

La prochaine fois tu te tais

J’étais au cinéma avec mon neveu et ma nièce. Nous attendions notre tour pour passer à la caisse quand un monsieur d’un certain âge accompagné de sa femme nous dépassent sans un regard.
Ils venaient de se faire refouler de la file avec accès rapide pour les détenteurs d’un abonnement.
Il y a des moments dans une vie ou l’extrême urgence de la situation nécessite que l’on saute à pieds joints sur les règles de bases de politesse. Votre maison est en feu et vos enfants sont à l’intérieur, vous êtes chirurgien cardiaque et la vie d’un père de famille nombreuse pèse sur vos épaules, on peut comprendre que vous oubliez vos manières pour la bonne cause.
Mais dans un cinéma à midi alors qu’il y a 3 personnes avant vous, ce qui porte le gain de temps de votre larcin à environ 1 minute, on ose espérer que vous ayez suffisamment de jugeotte pour ne pas dépasser une femme avec 2 enfants ou alors, si vous le faites, d’utiliser toute l’étendue de votre vocabulaire pour vous en excuser, ça s’appelle la courtoisie et ça passe toujours mieux. Je sais bien que nos autorités payent des fortunes pour afficher des slogans de sensibilisation qui demandent aux piétons d’avoir l’extrême bonté de penser à relever la tête pour dire « merci » quand un automobiliste les laisse passer ou encore pour nous convier à ne pas monter dans un bus comme un gros bœuf pendant que d’autres sont en train d’en descendre. Basique. Parti de là, ça donne une idée de la politesse générale de la population. Mais j’avais espoir que l’ancienne génération ait encore un peu de savoir vivre. Perdu. Si la foudre devait corriger les idiots, on ne serait pas près de revoir le soleil. (cette phrase est de moi, je la trouve excellent, je dépose un brevet)

On demande aux enfants plein d’actes de politesses que les adultes ne font plus depuis bien longtemps, et si on pense que nos chérubins sont trop petits et naïfs pour s’apercevoir qu’on les gruge, on se met le doigt dans l’œil.
Ma nièce en particulier est très sensible à la notion de justice. Si elle est obligée de faire quelque chose, elle contrôle très sérieusement qu’elle ne soit pas la seule à devoir l’appliquer. Elle remarque absolument tout et elle a une mémoire d’éléphant. En gros aucune chance que quelque chose lui échappe. Et le gène de la face expressive se transmettant semble-t-il facilement, il est très dur pour elle de cacher ce qu’elle pense. Quand le vieux s’est planté devant nous, je n’ai pas eu à tourner la tête en sa direction pour sentir qu’elle me fixait déjà intensément afin que j’explique promptement sur le pourquoi du comment ce type avait le droit de se conduire de la sorte.
« Il en a peut-être pas pour très longtemps » lui dis-je avec un visage crispé qui ne donnait ni le change sur mon état de nerf ni sur l’issue qu’allait prendre les événements.
Misery loves company, forcément que cela n’a pas été rapide, forcément que le malotru avait plein de spécialités, un abonnement de cinéma qu’il s’était sûrement fait voler (tu parles, il l’avait perdu), un nom de famille impossible à prononcer qu’il fallait épeler longuement, une adresse dans le même registre. Ce moment fût aussi agréable qu’une épilation de maillot avec les dents… Jamais essayé mais la comparaison me plaît. Bref un calvaire. Du début à la fin.

Je suis une personne assez sanguine, c’est-à-dire que passé un degré de saturation, je ne raisonne plus vraiment, la colère monte, je ressens des pulsations un peu partout sur le visage et dans les membres puis j’ai la tête qui fait un tour complet sur elle-même comme dans l’exorciste, le vomi vert en moins.
Et quand j’ai une altercation je juge assez vite à la tête de mon adversaire comme ça va tourner.
Il avait la tronche du comte de Champignac dans Spirou et Fantasio, avec l’air aussi avenant que Pol Pot. En résumé : ça allait saigner. Je me suis tournée vers ma nièce en étant la plus calme possible, comme une hôtesse de l’air qui demande gentiment aux passagers de boucler leur ceinture de sécurité alors qu’elle sait pertinemment que dans une poignée de minutes l’avion sera en pièce détachée.
« Va jouer vers ton frère j’arrive ». Mon neveu, s’était éclipsé à l’entrée du cinéma, là où je le pensais, même les éclats de voix ne s’entendraient pas.
Pourtant j’essaie de réduire mes interventions justicières au strict minimum. Je n’en peux plus d’éduquer tout le monde. A la salle de sport où les gens n’ont visiblement pas compris que les machines très étudiées ne sont pas leur 150ème endroit de la journée prévu pour pianoter sur leur smartphone, au cinéma où entre les bouffeurs de pop-corn et ceux qui se croient dans leur salon et qui commentent à tout-va tu dois vraiment tendre l’oreille pour comprendre un mot sur deux de ton film, dans la buanderie de mon immeuble où mon linge sale est trop propre pour supporter l’état infâme dans lequel les autres locataires laissent la machine à laver, bref les occasions d’assister à « moi moi moi j’ai plein d’amis sur Facebook mais dans la vraie vie les autres peuvent crever» sont courantes.
S’indigner est une tradition familiale. Et même si on essaie de s’éloigner de l’exemple que nous donne nos parents, on ne peut que constater devenu adulte que l’on a en partie échoué. Cependant, contrairement à ce à quoi j’ai assisté gamine, je prends un soin particulier à ce que les enfants ne soient pas les témoins de ce qui peut parfois être plus au moins beau à voir et à entendre.
Et j’ai été inspirée.
« Monsieur la prochaine fois que vous mettez 2 plombes à acheter un billet de cinéma, pourriez-vous avoir la gentillesse de ne pas nous dépasser ? »
La suite fût surréaliste. Pour faire court et ne pas perdre mon temps à retranscrire les paroles de ce crétin ni de squatter le vôtre à vous les faire lire, je vais résumer : en me regardant avec un dédain hargneux et faisant preuve d’une mauvaise foi affligeante, le concept général de son argumentation était : j’avais tort, il avait raison.
La discussion (si on peut appeler ça comme ça) a duré quelques minutes, sa femme a déserté discrètement dans les premières secondes, comprenant que ni lui ni moi n’allions lâcher.
Puis il a passé l’entrée du multiplexe et depuis l’escalator quand il était hors d’atteinte, sans me regarder, il a courageusement ajouté « La prochaine fois tu te tais ».
A cet instant, deux solutions se présentaient à moi. Planter mon neveu et ma nièce pour courir le rattraper sur l’escalator et me battre avec un vieux qui devait frôler les 80 ans puis me faire poursuivre pour coups et blessures sur personne en situation de faiblesse « Mais Monsieur le juge, il m’a dépassée au cinéma et en plus il a été malpoli, donc j’aimerais s’il vous plaît que vous baissiez les indemnités que je dois lui verser pour sa tétraplégie, sa nuque étant certainement très friable et aurait cassé avec ou sans cette malheureuse décision de redescendre l’escalator en position horizontale», ou alors, abdiquer et ruminer.
J’ai abdiqué en passant mon film à imaginer des scénarios improbables où cet idiot terminait à chaque fois la tête entre deux briques, mais sans rien avoir à payer, mon crime imaginaire, forcément parfait, étant resté impuni.
Avec la rage que cet événement provoquait en moi, s’invitait dans ma tête toutes ces autres petites frustrations, toutes les fois où l’on doit prendre sur soi et ne rien dire alors que la bonne baffe s’imposerait, ces paroles que l’on doit retenir car inacceptables et compromettantes, ou alors celles que l’on se sent obligé de prononcer par convenance.
Un ami encore cette semaine me disait « je n’ai aucune colère et je lui souhaite le meilleur». Il parlait de son ex-femme qui l’avait planté une année auparavant, certainement car elle avait de bonnes raisons de le faire. Mais, prévoyante, elle avait pris soin de le remplacer par un autre avant de le quitter afin de ne pas partir pour rien et de se retrouver le bec dans l’eau. Les esprits libres et rebelles en matière de couple ont souvent pour frontière le spectre de se retrouver seul comme un con le soir en rentrant du boulot. Et être insatisfait maritalement n’empêche pas certains ou certaines d’avoir une analyse froide et un raisonnement très stratégique afin d’être sûre de sauver en premier lieu ce qui compte le plus : eux-mêmes. Mais elle ne s’était pas arrêté en si bon chemin. Elle avait ajouté avant de partir une petite litanie de doléances qui disait que si elle en était arrivée là c’était de sa faute à lui, que dans l’histoire c’était elle qui avait morflé, que cette décision elle la prenait aussi pour son bien à lui (altruisme quand tu nous tiens) puis elle a choisi ce qu’elle voulait dans le mobilier et elle est partie.
Technique bien connue pour expliquer une fin de couple ainsi que noyer la tromperie ni vu ni connu : mettre la faute sur son conjoint en l’anesthésiant de reproches plutôt que d’assumer sa part de plantage. ça laisse une marge de quelques mois. Après l’autre émerge, se réveille de son coma et comprend qu’il s’est fait avoir, mais sur le moment ça marche du feu de Dieu.
Et cela dit en passant, je reste sensible et concernée mais toute fois un peu mitigée sur le taux de souffrance ressenti par le conjoint adultère quand elle ou il déguste son mojito dans les bras de son amant/maîtresse pendant un weekend d’escapade. Ou alors leur définition du verbe « souffrir » est beaucoup plus exotique que la mienne.

Pour en revenir à mon ami, le cocu s’est bien connu étant toujours le dernier prévenu, contrairement à sa femme, il n’avait pas anticipé que son mariage allait prendre un virage qui l’enverrait promptement dans le décor. Il n’avait pas de plan B. La vie est taquine et trouve des moyens inventifs qui contrarient nos projets et nous obligent à nous retrouver seul en face de ce que l’on craint le plus : nous-même.
Etant sensible aux failles de l’âme humaine, j’ai passé des heures à l’écouter faire ce qu’appellerait un psy « de la rumination stérile », ponctué de moments de fureurs. Je lui ai déconseillé bien souvent d’appeler son ex pour lui dire qu’elle était nulle au lit et que sa sœur, qu’il avait culbutée par vengeance peu après la rupture dans un élan de classe intégrale, était bien meilleure. Tout cela pour que, dans le flot de nos petits debriefings quasi quotidiens on en arrive au fameux « je n’ai aucune colère bla bla bla le meilleur bla bla bla ». « Tu es toujours en colère et au mieux tu ne lui souhaites rien, mais en tout cas pas le meilleur ».
Tout d’abord interloqué par mes propos énoncés avec le débit rapide et enjoué d’une présentatrice météo, ajoutés à ma franchise décomplexée, il essaya de maintenir sa position pour finalement me donner raison. Ce qui me fait dire qu’un jour je dominerai le monde, avec mon trident.

La vague du développement personnel a emporté avec elle nos sentiments les plus naturels. Détournement de la religion où l’Archange Michaël pèse notre âme afin de savoir si nos bonnes actions sont plus conséquentes que les mauvaises avant d’entrer au Royaume des Cieux, les coachs américains ont adapté le concept et l’ont incorporé à la loi de l’attraction afin que l’on n’attende pas d’être mort pour être puni. Sous-entendu, si tu penses du bien tu auras du bien, si au contraires tes pensées sont mauvaises, tout te reviendra en boomerang dans la figure, la réponse du berger à la bergère. On se doit d’avoir de bonnes pensées à tout prix. Même si on n’en pense pas un mot. Et si on est trop bête pour comprendre à quel point c’est important de penser du bien, il est hautement conseillé d’acheter le volume 1 et 2 de l’excellent livre cher à mon cœur « Le Secret » (ou d’un dérivé, ce n’est pas ce qui manque) ainsi que le DVD qui garantira une compréhension totale et sans équivoque tout en ajoutant une petite touche rafraîchissante de témoins 100% dents blanches et sourires vissés qui vous disent à quel point c’est « wouaaaaaah amazing » cette découverte.

Je ne fais pas partie de ceux qui s’obligent à penser du bien. Hérédité psychiatrique certaine, je ne peux pas me payer ce luxe. Je suis obligée de me regarder en face et faire avec ce que je vois sans me raconter des bobards, sous peine de terminer dans une jolie chambre d’hôpital dans laquelle les fenêtres sont fermées à clé. Mes mauvaises pensées je les célèbre en dansant nue autour d’un feu, juste après avoir sacrifié une chèvre. Humour. Noir. Mais plus sérieusement je préfère forcer le trait d’idées qui vont finir par tôt ou tard me lâcher et sombrer dans les méandres de mon oubli plutôt que de les camoufler par d’autres toutes jolies toutes roses bonbons et que ça m’explose à la figure en différé des années plus tard avec en cadeau bonus l’addition des actes stupides censés compenser l’ambivalence. La réalité déteste qu’on l’esquive et nous le fait payer parfois très cher.
Autant que faire se peut j’essaye d’éviter de me fourvoyer, et j’ai tendance à ne pas pouvoir me retenir d’inviter les autres à faire pareil. Avec un succès mitigé. Mais je suis quelqu’un d’obstiné.

Et contrairement à ce que mes lignes précédentes pourraient faire croire, je n’ai pas rejoint la confrérie des sœurs-catéchisme qui fustigent les personnes qui trompent, je suis même plutôt souple en la matière, certainement aussi car c’est un problème que je n’ai pas personnellement. Merci Dr Freud, on exècre le plus souvent des choses que l’on n’accepte pas chez nous. En la matière je suis neutre car je n’ai absolument aucun intérêt pour cela. Histoire de tempérament, je ne fais pas d’effort particulier, c’est comme ça et c’est tout. Je ne porte pas de jugement de valeur non plus sur ceux qui le font et qui dans la foulée mettent fin à leur relation. On a le droit de ne plus aimer l’autre, de le quitter avant de passer sa tête dans la centrifugeuse, c’est d’ailleurs même conseillé MAIS on peut avoir la courtoisie de ne pas se dédouaner complètement de toute responsabilité.
A être tellement attentif à ne pas se culpabiliser on en vient à ne pas assumer.

L’épilogue de ma mésaventure du cinéma s’est terminée quelques jours plus tard. J’ai décidé de ne pas en rester là. Par soucis éducatif et influencée par les mots de ma grand-mère (qui m’avait expliqué le plus sérieusement du monde comment mettre un poing dans la figure à quelqu’un sans se blesser le pouce). Ses mots étaient simples mais si justes : « A trop accepter de choses, on devient une lavette ». J’ai donc fait un petit topo de ce qui s’était passé à mon neveu et ma nièce. Je ne veux pas être une lavette. Ma nièce m’a fixée en papillonnant du regard comme si elle voyait le meilleur des films et m’a demandé « et qu’est-ce qu’il t’a répondu quand tu lui as dit qu’il ne devait pas nous dépasser ?» « Il a dit que j’avais tort et il ajouté la prochaine fois tu te tais ». Silence. Puis j’ai continué « C’était un vieux con ». On oublie le côté éducatif. Mais l’éclat de rire qui a suivi fût la meilleure des conclusions.

C’est très cérébral tout ça

«On a fait connaissance sur un site de chat il y a deux mois, puis on s’est rencontré. On est tombé amoureux. Maintenant on habite ensemble.»
C’est beau l’amour quand ça vous surprend comme cela et je me serais presque laissée émouvoir si la personne à l’origine de cette tranche de vie ne m’avait pas raconté quelques mois auparavant qu’il allait se marier en me donnant quelques détails sur comment il avait fait sa demande et ses projets d’enfants à court terme. Il va de soi qu’entre ces deux anecdotes, un petit changement c’était glissé. Oh presque rien. Un détail. La copine avait changé.
Il y avait eu rupture avec le deuil de sa relation fait en un temps record, puis reconstruction express qui nous amène aux mêmes projets, même vie et envies, avec une personne différente.
Ce n’était de loin pas le seul qui m’avait surprise dans sa capacité de rebond défiant les lois de la gravité. Les gens semblent avoir tous été éduqués de manière à avoir un plan B en toutes circonstances, encore plus lorsqu’il s’agit des relations amoureuses.
Quelques semaines auparavant un collègue m’avait vanté les qualités des sites de rencontres en ces termes : «C’est génial. Tu établis une liste de critères et après tu filtres. Moi par exemple je n’aime pas les femmes qui fument du coup, ça me permet de faire une sélection. Et tu rencontres du monde. Rien que cette semaine, j’en ai rencontré 3.»
Et ben oui c’est simple, mince, pourquoi je n’y avais pas pensé ? Tu mets tes petites exigences, tes envies, ce qui pour toi est essentiel ou rédhibitoire, et tu te retrouves à boire un verre avec toutes les personnes du site qui pourraient te correspondre. Quand ta vie personnelle devient aussi trépidante qu’un recrutement professionnel ça vend du rêve. J’avais dû passer ce genre de petit test pseudo psychologique pour une multinationale célèbre, plus soucieuse de ne pas se tromper dans le recrutement de ses employés bien cadrés que de ne pas exploiter la moitié de l’Afrique en leur vendant à prix d’or des produits de premières nécessités qu’ils produisent chez eux.
Le questionnaire avait pour but de conforter l’avis des personnes chargées de me recruter. Etais-je potentiellement une bonne poire que l’on pouvait tordre euh une bonne employée motivée ? Ce test allait, c’est sûr, le leur révéler.
Sans avoir un PHD en psycho, avec des questions du genre «comment résistez-vous à la pression ?», il est assez simple de savoir qu’il faut éviter les « avec l’aide mon médecin qui me fait des arrêts de travail en béton » mais que vous devez vous arrangez pour tourner tout ce que vous détestez (à commencer par travailler dans un bureau avec des gens rasoirs à souhait) en un challenge irrésistible qui vous rend toute frétillante rien qu’à y penser. On est d’accord, vous allez bidonner toutes vos réponses. Mais c’est le jeu ma pauvre Lucette. En politique, au travail et dans leur foyer, les gens adorent qu’on leur mente. Cela s’appelle vivre en bonne harmonie.
Je ne dis pas que je ne mens jamais. J’ai été élevée par un père ne laissant que très peu de marge d’erreur et n’ayant aucune tolérance pour la bêtise ordinaire, celle qui devient si courante que plus personne n’y prend garde. Cela a pour conséquence à l’âge adulte d’avoir aussi réduit mon indulgence. Donc si je ne mentais pas avec tous les «je crois que tu ne m’intéresses pas du tout comme être humain» qui me passent par la tête dans mes rapports quotidiens, je n’aurais pas 10 minutes de vie sur cette planète. Cependant, mentir pour être engagée à un job qui me donnait déjà l’envie de me pendre d’ennui rien qu’en parcourant le cahier des charges me demandait trop d’effort.
C’est donc sans surprise qu’une dame des ressources humaines a débriefé mon test très rapidement en décrivant mon profil psychologique avec des termes aussi fouillés qu’un horoscope dans un hebdomadaire à potins pour me dire que je ne correspondais pas à ce qu’ils attendaient.
Si c’était pour lui ressembler après 10 ans dans cette boîte, agitée, boudinée dans des habits passe-partout, avec des sourires qui hésitent à vous trancher la gorge car le simple fait que vous existiez fait de vous une rivale potentielle, je ne pouvais que le confirmer.

Les questionnaires des sites de rencontres sont dans le même esprit. Ils ne vous demandent pas si vous avez un oedipe mal vécu avec votre père, un conflit interne non résolu avec votre mère, un syndrome narcissique de toute puissance ou si votre photo date d’avant votre dernière rupture, celle qui vous a fait sombrer dans une boulimie avec un +50 kg en bonus. Ils se contentent d’une présélection vraiment basic. Donc vous allez siroter pas mal de Cocas en compagnie de personnes plus ou moins équilibrées mais c’est vrai, qui ne fumeront pas.
Pour en revenir à mon collègue, même avec des critères aussi poussés et sélectif sur le plan de la compatibilité et des convictions profondes que d’éliminer toutes celles qui avaient une haleine de cendrier, il avait rencontré tout un tas de femmes avec lesquelles il se projetait. Dont une en particulier où deux jours après le premier verre, il m’annonçait que c’était le match parfait, qu’ils étaient tellement sur la même longueur d’onde qu’ils avaient du mal à se quitter même pour quelques minutes, et qu’il l’avait déjà présentée à ses enfants. Pour se raviser quelques jours plus tard, lorsqu’elle a souhaité mettre fin à la relation de manière assez abrupte, car, d’après lui, « elle n’était pas prête à vivre quelque chose d’aussi fort, ça l’a débordée. »
C’est bien connu, quand on est débordé par un trop plein d’amour on rompt. On fait plein de choses quand on aime trop. On quitte, on délaisse, on trompe avec le premier venu. Tous ces gens qui sous prétexte qu’il/elle leur a fait un coup de travers pensent que leur conjoint est l’antéchrist alors qu’en fait ils sont tellement aimés, c’est ingrat.
Mon collègue en roi du rebond a donc porté tout son attention sur une stagiaire qui venait de commencer, et c’était reparti pour un tour dans sa petite tête dans laquelle amour et s’engager avec la première venue se mélangent allégrement. Tellement de gens auraient besoin d’un bon thérapeute pour mettre un peu d’ordre dans leurs idées. Mais… vivent-ils moins bien que moi qui suis toujours en quête de sens et de profondeur. Cela ne m’apparaît pas clairement, non…
La très grande majorité des gens se remettent très vite d’une rupture. Ils enchaînent les relations, et ils me font perdre mon temps en essayant de me persuader qu’ils ont trouvé l’amour de leur vie. Je suis d’une jalousie sans nom pour cette capacité de voir l’existence comme un parc d’attraction, une ne te convient pas, tu passes à la suivante juste après avoir fait un détour par le stand de crêpes. C’est léger, ça ne porte pas à conséquence. Tout est interchangeable, le contexte reste, seul les figurants changent. Quelle tristesse.
Alors que franchement si on ne vit pas cette délicieuse sensation de manque d’air, de sol qui se dérobe sous nos pieds doublé du ciel qui nous tombe sur la tête avec l’envie de nous nous faire pulvériser par le premier camion que l’on va croiser, à quoi sert une rupture amoureuse, je vous le demande.
Si dans une rupture tu n’explores les bas fond de ton âme tout en augmentant ta connaissance en matière de «aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ça fait mal», tu passes à côté de certains plaisirs que les rapports humains peuvent t’offrir, crois-moi sur parole.

Sans l’intermédiaire d’un site de rencontre, mais en le croisant au moment de reprendre nos véhicules, un homme m’a fait du rentre dedans de manière vraiment brutale, sans forme aucune ni esprit. Bien qu’il soit rare dans ce domaine que l’on tombe sur des gens qui mêlent humour et délicatesse, les réseaux sociaux nous ont donnés l’assaut final, en permettant à des personnes qui n’ont rien à dire (mais qui prennent quand même la peine d’assassiner au passage la grammaire, la syntaxe et la rhétorique de base) de se payer le luxe de l’ouvrir. Et dans ce cas précis c’était pour me culbuter.
Là où j’aurais simplement pu répondre «espèce du mufle tu me prends pour qui ? Passe ta vie à donner des rendez-vous à ta main droite, stplait», dans le contexte #balance ton porc, j’ai pris mon bâton de pèlerin pour me fendre d’une petite explication sur la réalité de la condition féminine, afin d’essayer à mon niveau de faire un changement dans son comportement, une prise de conscience. En y allant au cas par cas. Une sorte de porte à porte électoral si vous voulez. J’ai vu pendant mon explication pourtant simple qu’intellectuellement, je le perdais. Un « tu as raison, je ne m’étais pas rendu compte, je vais radicalement changer ma façon de traiter les femmes dès aujourd’hui» était la réaction que j’attendais. Je suis très forte pour ça. Dans ma tête je fais les réponses de mon interlocuteur et je pense à la place des gens.
J’ai beaucoup d’imagination dans mon monde idéal dans lequel les choses tournent souvent en ma faveur. Ce qui m’amène à de cruels revers et déconfitures. Que ce soit en amitié, en amour, ou dans les simples relations de courtoisies on surestime toujours notre importance et la réalité nous apprend l’humilité. On est persuadé que notre ancien grand amour nous regrette et a la larme à l’oeil à l’évocation de notre souvenir et on constate que, non seulement ce n’est pas le cas du tout mais que, un bonheur n’arrivant jamais seul, tout semble aller merveilleusement mieux dans sa vie depuis que l’on en fait plus partie. Ou alors on part du principe que l’on va éclairer le chemin d’un gars lambda qui vous en sera éternellement reconnaissant et au lieu de cela il vous répond textuellement «c’est très cérébral tout ça. J’ai déjà assez à faire avec moi-même. » Je lui ai parlé de quoi déjà, rappelons-nous ? De la théorie de la relativité? De physique quantique? De la vision controversée des théories freudiennes de Michel Onfray ? non…j’avais juste essayé de lui faire comprendre qu’une fille n’était pas qu’une paire de seins et de fesses, avec des mots un peu choisis.
Raté… Parfois devant une bêtise si insolente, il faut être beau joueur et savoir avouer son échec. Et qu’entendait-il par « j’ai déjà assez affaire avec moi-même?». Mystère. Mais à en juger au degrés d’élévation de son âme, je subodore de grandes questions profondes sur la cylindrée de sa voiture ou la fin de la lecture de « Oui-Oui au sport d’hiver ».

Comment avez-vous vécu ce moi(s)

Durant les longues heures que j’ai passé sur la chaise très inconfortable de mon psy (le divan étant malheureusement passé de mode), certaines choses m’ont particulièrement marquée dans le comportement de mon thérapeute. Par exemple sa propension à monopoliser la parole juste après m’avoir demandé « comment avez-vous vécu ce mois » pour me parler de tout un tas de choses qui n’avaient pas de rapport avec ma présence en face de lui, ou encore sa façon enjouée voir niaise de me souhaiter « une bonne soirée » à la fin de chacune des séances sans exception, même si je lui avais annoncé que toute ma famille s’était immolée après un culte satanique.
Bavard et avec une personnalité d’une stabilité digne d’un métronome, je crois qu’il ne connaissait de la dépression que les descriptions faites dans la littérature médicale. Et même si ça peut avoir un côté rassurant qu’il ne se mette pas à pleurer avec vous sur du Lara Fabian à l’évocation de votre vie, ça désarçonne de se rendre compte que sa compassion se limite à une compréhension scientifique de 50 minutes et qu’il se la joue Dory du « Monde de Nemo » au moment de vous raccompagner au seuil de son cabinet.

Il est déroutant d’avoir psy qui parle beaucoup. Déjà parce que c’est cher payé pour avoir des infos sans grand intérêt thérapeutique comme par exemple le prénom de ses enfants ou pire, qu’il vous fasse des confidences sur des patientes qu’il est amené à traiter « des filles comme vous, qui ont tout pour plaire avec une personnalité riche mais qui se retrouvent mystérieusement sur la touche dans le domaine sentimental…. Franchement je ne comprends pas… ».
Vous non plus vous ne compreniez pas. Certaines choses n’ont peut-être pas vocation à l’être. En tous les cas, sa représentation de la population terrestre dans une pyramide censée vous expliquer que les gens qui se trouve en haut de la pyramide (vous) sont moins nombreux (ben oui, il y a moins de place, logique) donc potentiellement plus difficile à rencontrer que la base, beaucoup plus courante, ne vous avait ni flattée ni réconfortée. « Vous êtes seule parce que vous êtes trop bien », mise à part une starlette de téléréalité, qui est-ce que ça rassure ?
Mais ce qui me gênait le plus dans cette incontinence verbale, c’est que ça donnait à cet être auprès duquel vous devriez pouvoir partager vos secrets les plus lourds, une réalité humaine.
Un psy ne devrait pas exister plus longtemps dans notre imaginaire que le temps que dure la séance. Après il devrait retourner dans sa petite boîte.
Il vaut mieux pour notre paix intérieure, passer sous silence qu’ils ont une vie, des qualités, des défauts et surtout qu’ils sont à l’abri du besoin grâce à la petite fortune versée durant ces longues années de thérapie couronnée de progrès discutables. Si les psys étaient rémunérés aux résultats, les vocations chuteraient.

Mais pour en revenir aux éléments marquants et récurrents qui virent au comique, j’ai en mémoire cette scène qui m’est arrivée de nombreuses fois. Durant une période difficile, après avoir passé une séance à sangloter sur ma vie que je trouvais fort triste, je me mets à fouiller dans mon sac à main sans arriver à mettre la main sur un paquet de mouchoir. La fée «organisation » s’étant prise le mur juste avant mon berceau, je suis capable de sortir 15 clés qui n’ouvrent plus rien avant d’y trouver quoique ce soit d’utile.
Je m’éponge donc le nez sur ma manche et tout ce que je pouvais, en espérant qu’il capte mon embarras et qu’il m’épargne d’avoir à lui demander un mouchoir. Normalement c’est un incontournable chez les psy, le paquet de kleenex est en libre-service sur le bureau, histoire de garder un peu de dignité et d’autonomie en évitant de devoir partager ce moment avec un thérapeute du genre distrait comme le mien, ou avec celui qui veut trop bien faire et qui vous en tend un au goutte à goutte sans que vous ne demandiez rien, l’air compatissant, à chaque sujet sensible alors que 1. vous pensiez avoir été discrète dans l’émotivité et 2. vous n’aviez pas du tout prévu de vous effondrer, mais de le mettre comme cela en évidence c’est maintenant forcément plus dur à retenir.
Le prévenant est tout aussi agaçant.
Pour le cas qui nous intéresse, en l’occurrence distrait, nez bouché et œil humide, je devais me résigner à lui demander de quoi arrêter le déluge. Et sa réaction était toujours la même. Tout sauf discrètement, il bondissait de sa chaise pour aller dans la pièce d’à côté en chercher, puis, imperturbable, sortait un petit calepin et me disait à haute voix ce qu’il y notait « acheter des mouchoirs» en ajoutant « C’est mon dernier paquet, octobre est un mois particulièrement tendu pour les troubles dépressifs, tout comme le mois de mars. Vous le saviez ? Ah oui ! mon stock chute drastiquement durant cette période». Puis il enchaînait sur un petit cours improvisé ayant pour thème « les prédispositions génétiques et l’impact climatique sur l’état mélancolique» qui durait tout le reste de la séance.
Alors oui, à force qu’il me le répète je savais qu’octobre et mars étaient les mois les plus propice à la crise d’optimisme généralisée. Mais je n’allais pas pour autant investir dans une lampe pour lutter contre le vague à l’âme saisonnier, qu’il y ait du soleil ou pas, je m’en fichais éperdument. Car ma prédisposition génétique à moi était une sensibilité exacerbée qui permettait peut-être de me retrouver en haut de sa pyramide imaginaire mais qui me faisait surtout vivre intensément et de manière très expressive les conflits parentaux anciens ou les ruptures amoureuses qui peinent à passer. Je sombrais dans une sorte d’introspection où j’alternais remises en question pathétiques et passage de ma vie entière au peloton d’exécution. Moments où j’aurais apprécié qu’il me donne des mouchoirs sans que je doive les lui demander.

Il n’avait pas la tâche facile certes.
Beaucoup de gens ne se posent pas des questions sur le sens profond de la vie du moins aussi souvent que moi. Quand cette dernière les malmène, le temps fait son travail, la roue finit par tourner, tout va mieux, et ils quittent son cabinet comme si tout cela n’avait été qu’un mauvais rêve, en lui donnant la satisfaction du travail accompli.
Je n’étais pas de ceux-là. J’étais un échec total sur bien des plans, et notamment à toutes ses techniques de positivisme et de projection à moyen terme d’un avenir beaucoup plus clément.
C’est d’ailleurs un grand classique, les moments où vous trouvez la vie exécrable, il y a toujours quelqu’un de bien intentionné qui se donne pour mission de vous faire changer d’avis en essayant de vous coacher et de vous faire penser projets et plans de carrière quand votre seule ambition et de vous envoyer la boite entière de Lexomil.
C’est le discours populaire en vogue que pour ma part je trouve insupportable qu’on vous sort à toutes les sauces. Il faut avancer, avoir des objectifs, aller de l’avant, etc etc. Et vous, vous n’y aviez pas pensé par vous-même…. Non, vous étiez plutôt dans l’optique de choisir délibérément de vivre une belle vie de merde sans la moindre aspiration ni rêve et de vous arrêter au bord du chemin en attendant que la grande faucheuse vienne vous délivrer, ce qui, si on se base sur votre génétique (pour cette fois favorable), diététique et autres activités sportives bonnes pour vos artères, devrait arriver dans une bonne 60 aines d’années. Fichtre ça risque d’être long, donc à noter en pense-bête : aller de l’avant.

Les histoires d’Amour finissent mal en général, les thérapies aussi. Comme en amour, il suffit dans une thérapie d’un détail, d’un enième « bonne soirée » inadéquat pour que vous compreniez que ça sera le dernier et que le psy n’est ni plus ni moins qu’un humain imparfait comme tous les autres, à la différence près que le vous payez pour écouter des choses que finalement, vous vous êtes lassée de raconter. Alors commence peut-être ce que l’on appelle la résilience ?

La vie

….c’est de la merde. Je fais en sorte de faire mon devoir pour laisser un héritage à mes enfants et j’espère que je ne serai plus là à 60 ans. Place aux autres ! »
Furent les mots pour le moins pas très encourageants d’un collègue, juste avant de partir en week-end.
Ça m’a laissée coi et pourtant je suis la première à qui le positivisme, qu’il est de nos jours important de pratiquer car c’est bon pour la terre et pour le teint, sort par les yeux. Il n’y a personne comme moi pour ramener tout le monde à la réalité. Plus par jeux et esprit de contradiction que par conviction profonde, il est vrai. Ce qui me plaît c’est de démonter les lieux communs. Je suis une optimiste pudique en quelques sortes.
Mais c’est un art. Donc résumer notre passage terrestre et l’envie que ça se termine, en deux phrases, sans forme ni effort rhétorique, je dis non. Le cynisme d’accord, mais avec de l’esprit, autrement cela n’a aucun intérêt en soit si ce n’est plomber bêtement son interlocuteur.
De plus, il n’a pas forcément choisi la meilleure personne pour adhérer à son concept : « la vie est pourrie, mourrons tous », je suis quelqu’un de très pugnace. Plus ça va de travers, plus je m’obstine. Et qu’est-ce la vie si ce n’est une succession d’événements imprévus et contrariants ?
A titre d’exemple de ténacité, idiote il est vrai, j’ai passé deux heures devant ma porte d’appartement à regarder des tutoriels pour essayer de l’ouvrir. Il était minuit je ne retrouvais pas mes clés, le serrurier me demandait un prix de dingue pour se déplacer et, galvanisée par mon mantra « tu n’es pas plus stupide qu’une autre, tu vas y arriver » j’ai décidé de me débrouiller. Premier constat sur ces apprentissages « online », quand il vous reste 20% de batterie, écouter un gars avec une gamme complète d’outils se contenter de vous donner le numéro d’embout dans son assortiment la plus apte à vous aider dans un pareil cas, ça agasse. C’est vrai, je n’ai pas mes clés mais par contre j’ai ma valise remplie de tournevis avec moi, c’est trop de bol ! Je vais d’ailleurs de ce pas ouvrir une autre porte que la mienne!
Mais cela n’était pas pire que le petit comique qui a pris la peine de faire une vidéo en expliquant qu’il fallait de la laque à cheveux et un peigne (et oui j’ai cliqué, je suis à tarter). La vidéo, heureusement courte, se termine par un emoji mort de rire. Et il va de soi que les commentaires de cette funeste plaisanterie allait de « tu te crois malin » à « gros débile ».
Wikihow et son «comment ouvrir une porte sans la clé » me parût la plus crédible. Comme demandé, j’ai minutieusement fait les mouvements circulaires avec un crochet improvisé et j’attendais patiemment que le verrou bouge pour augmenter la pression. Le verrou n’a jamais bougé. Tout ce que j’ai réussi à faire c’est abîmer la serrure, mes doigts et finir à 3 heures du matin dans un hôtel à côté de chez moi.
Je terminerai cette anecdote par le réceptionniste de l’hôtel, visiblement dérangé dans le visionnage d’un film pour adulte à petit budget, la 50 aines, perruque de travers, me faisant malgré l’heure tardive tout un protocole d’inscription et finissant par cette question existentielle
-lit double ou king size ?
-je ne sais pas.. king size….
Puis il me donne les clés en me disant :
-Les personnes dans la chambre d’à côté ont tendance à être bruyants, s’ils vous dérangent trop dites-moi et je vous change de chambre.
Je le regarde avec un air mi-sidéré mi-j’ai passé plus de deux heures à essayer d’ouvrir ma porte, j’ai besoin d’une amputation du pouce et je suis crevée donc je ne comprends pas ce que tu me dis.
-Mais pourquoi ne pas me donner tout de suite une bonne chambre ?
-Oui mais vous n’aurez pas un lit king size.
Silence. Je force mon sourire.
-je ferais sans.

Pour en revenir à mon collègue pressé de quitter notre planète, voyant que j’étais plus difficile à convaincre qu’il ne le pensait, il tenta de m’argumenter son propos en me demandant les satisfactions que j’avais dans ma vie. Les points principaux étant :
« ta vie sociale ? professionnelle ? sexuelle ? sportive ? » j’avais l’impression de faire partie d’un test psycho de magasine qui vous permet de savoir en 10 questions sommaires avec des réponses qui le sont tout autant, si votre bipolarité est sous contrôle.
Ce qu’il y a de positif avec la névrose modérée (merci les termes psy de mes 20 ans de thérapie), que vive le 80% des êtres humains sur cette terre dont moi (les autres étant de terribles psychopathes, ou un truc du genre), c’est que quand on est dans la période « up », on a une certaine tendance à être un imbécile heureux que même un sapeur de moral qui essaye de vous faire avouer que votre vie est une ruine sans espoir ne pourra atteindre.
De plus en période de vaches maigres ce qui concerne les relations sociales, je suis auto suffisante. C’est-à-dire que je peux me mettre à parler ou jouer des scènes toute seule, spontanément ou en observant quelqu’un d’inspirant. Certains s’émerveillent devant les plaisirs simples d’un chant d’oiseaux ou d’un rire d’un enfant, moi c’est les gens et tout ce qu’ils peuvent faire de vraiment drôle sans le savoir. ça m’enjoue le quotidien de manière radicale.
Comme une fille qui m’a servi sur un plateau le sketch de la coiffeuse de Sylvie Joly.
« ben pourquoi tu me regardes comme ça Josiane ? c’est énervant à la fin je te jureuuuu… C’est parce que tu trouves que mon rouge et trop vif à cause de ma grosse bouche? Et ben je vais te dire Josiane, je ne suis pas insensible aux magasines. Et cette année ils ont dit « forcez sur le rouge ». Alors j’ai forcé. »
Le ton, le propos, l’air intelligent, la bouche, tout y était. J’ai passé 20 bonnes minutes à l’écouter, fascinée, me parler de ses vacances en Thaïlande qui étaient « trop géniales». Les gens, les paysages, comme elle a grillé en bord de piscine « un jour avant de repartir c’est trop bête tu vois haaaaan ». A cela s’est ajouté une petite tourista maison « je ne comprends pas haaaan, je n’ai pas bu l’eau tu vois. C’est certainement à cause des glaçons dans mon coca, il fait tellement chaud t’es obligé d’en mettre haaan. Ou alors ça vient de la bouffe haaaan.» Un sketch vivant qui s’activait devant mes yeux. D’une simplicité reposante.
Mais elle aurait pu se contenter d’être drôle et m’épargner son avis sur la Thaïlande. A force que l’on m’en parle, il n’est plus nécessaire de me dire que c’est formidable, JE LE SAIS!
Ce pays me poursuit alors que je n’ai pour cet endroit vraiment aucune attirance particulière.
Tout d’abord il s’est imposé à moi dans ma vie privée. On l’a choisi à ma place. C’est-à-dire que, pour faire vite et sans rentrer dans les détails, après quelques années de relations tumultueuses on/off, quand c’est posé la question de partir vivre là-bas ou d’y renoncer et rester ici et tenter un parcours de vie avec une personnalité drôle, enrichissante et très attachante, à savoir moi, et bien c’est le poulet satay qui a gagné. Même si je suis consciente que ce n’est de loin pas la seule chose qui a pesé dans la balance, et finalement peu importe, le résultat est le même, je garde contre ce pays une petite rancœur tenace, mon esprit aimant parfois faire dans la simplicité et prendre des raccourcis. Au lieu de se torturer avec des questions qui n’apportent ni réconfort ni apaisement, et que l’on ne se pose qu’à soi-même finalement, on résume le tout par « saleté de Thaïlande, les asiatiques nous font beaucoup de mal » et c’est réglé.
Evidemment je grossis le trait, évidemment ce n’est pas si simple que cela, évidemment je tourne en dérision des choses qui ne m’ont pas du tout faire rire à la base. L’humour étant, c’est bien connu, la politesse du désespoir.
Et il en faut de la politesse, croyez-moi. Car depuis, je ne manque pas de gens qui me saoulent avec la Thaïlande. Comme un chat qui sent votre rejet et pour lequel vous devenez sa principale obsession sadique, on veut absolument me faire découvrir les qualités sans fin du pays du sourire. Alors que je souhaite pour ma part découvrir les richesses des 196 autres pays qui peuplent notre planète avant, c’est bête.
Je connais le refrain par cœur : en Thaïlande les gens sont teeeeeellement gentils, les paysages magnifiques, on y mange bien, c’est juste incroyable comme c’est mieux. Ici on est agressif, stressé, on ne sait pas prendre le temps de vivre, on a un temps affreux. La Thaïlande est une révélation.
Et là je ne prends pas en compte tous ceux qui avaient prévu d’y vivre car une carrière de DJ ou l’amour de leur vie les y attendaient et qui ont dû malheureusement y renoncer, soit parce qu’un enfant non prévu a stoppé net tous ses rêves de remix « catchy » de la Lambada pour l’un, ou parce que l’amour thaï semble malheureusement être aussi peu fiable que celui des européens, pour l’autre.
Il n’empêche, tous sont unanimes et dithyrambiques.
Je me contente de leur dire ceci : « en ce qui me concerne, je fais partie des gens prédisposés génétiquement à tout un tas de maladies psychosomatiques handicapantes, le stress y compris. La plage, si je sais que je vais y passer 5 minutes, ne me pose pas de problème en soit. Si c’est plus, je vais chercher le coin parfait à l’ombre qui me conviendra, puis je vais mettre longuement de la crème solaire, puis l’endroit ne me conviendra plus. Je relirai 15 fois de suite les premières lignes d’un article que je ne finirai jamais et je vais terminer par faire des longueurs et des longueurs dans l’eau pour empêcher que les 10 points futiles de mon existence sur lesquels je peux potentiellement m’angoisser ne se mettent à tourner en rond dans ma tête, tout ça à cause de l’ennui.
A cela s’ajoute une hypersensibilité à l’iode qui me donne l’impression d’avoir englouti trois Sundays d’affilé rien qu’au contact de l’air marin. Je suis donc, au bord de la mer, plus proche de la crise de foie permanente que du sentiment extatique de bien-être total.
Et pour finir, le merveilleux convenu et évident me déprime, j’aime par exemple le charme discret de mes fins de footing hivernaux, et je déteste plus que tout partir en vacances pour me retrouver avec les gens que je n’ai pas toujours la possibilité de fuir en temps normal.. »

C’est précis, cela ne donne pas loisir d’argumenter et cela m’évite de devoir passer par la case visionnage « des paysages magnifiques ! »

Du cynisme oui, mais avec de la rhétorique.

Tout devait bien se passer

du moins dans mon imagination. Je quittais un endroit que j’étais censée détester pour aller pas vers du mieux ou plutôt du moins pire. Je devais, comme je l’avais maintes fois répété : partir sans me retourner.

Tout commença avec l’état des lieux de mon nouvel appartement. J’arrive tendue car je n’avais pas pris des heures pour visiter cet endroit. Je cherchais un appartement, je n’avais pas envie d’en visiter 15 sachant pertinemment que je n’allais pas y faire ma vie. Je l’avais vu une seule fois un soir de janvier, après un passage éclair qui démontrait tout l’intérêt que je portais à cette affaire.
A mon arrivée, la locataire partante (celle qui se met en ménage), assise par terre comme en punition car personne à qui raconter sa vie, attendait en compagnie de la dame de l’agence immobilière qui était en train de faire l’inventaire d’un appartement qu’elle découvrait. « Je suis désolée, nous ne sommes en charge de cette propriété que depuis novembre, je ne la connais absolument pas alors ça risque d’être un peu long. » Je me retiens de lui dire que nous sommes en avril, qu’elle a donc eu 6 mois pour faire le job pour laquelle elle est payée à savoir : connaître ce qu’elle loue, que moi-même qui rend un appartement, j’avais dû me tenir à disposition pour le débarquement de l’épouvantable personne de ma régie dans les trois jours qui suivait ma résiliation. Que cette dernière m’avait dit d’un air hautain « ben faudra nettoyer » en regardant mon balcon ruiné par des années de luttes perdues avec des pigeons, comme si cela avait été mon souhait profond de me faire réveiller tous les jours à 5 heures du matin par ces horribles volatiles.
Non je ne dis pas tout cela, je fais un demi-sourire tendu – hochement de tête – yeux qui en disent long et je la laisse continuer. « Ah tiens, il manque le pose savon et le verre à dents ? Vous l’auriez voulu ? (air déçu, puis mollement) Bon ok je vais en commander, mais il faudra qu’ils soient là quand vous rendrez l’appartement par contre. »
Cela faisait deux jours entiers que je remplissais seules mes cartons dans une ambiance morose. J’étais fatiguée et lasse. Je n’ai même pas eu le goût de lui répondre (ce qui d’habitude fait mon charme) « Ah bon ? et je n’ai pas le droit d’emporter la cuisine et le carrelage non plus à mon départ ??? Et ben mince. Je me contenterai de démonter les murs. »
L’inventaire continue. Je trépigne sur place en voyant le mobilier qui est resté: des rideaux que j’ose toucher uniquement avec un mouchoir tellement ils sont imprégnés d’un produit gras indéterminé mais qui laisse une odeur tenace sur les doigts, une planche à repasser, une truelle ( ?), un four.
« Oh ça c’est le locataire avant moi qui a laissé » m’annonce ma prédécesseur, toute contente qu’on lui adresse la parole, même avec mon expression loin d’être amicale.
Je commence à respirer fortement, vider mon appartement ne sera pas une petite affaire, je n’avais pas prévu d’en vider deux. « Oui et bien je n’en veux pas, on n’enlève tout ça. Et pourquoi un four ? » « Ah je ne vous avais pas dit ? la cuisine n’en a pas, alors le propriétaire a mis celui-là en remplacement, mais je l’ai ouvert et refermé vu l’état. Vous pouvez essayer si vous voulez. » Ma tolérance à la saleté étant bien moins supérieure que la moyenne, je ne prends même pas la peine de le regarder. « Non ça ira, pas envie d’attraper une hépatite dans l’immédiat… on le dégage je ferai sans. »
Je passerai rapidement sur ma rencontre avec le propriétaire, alors que je descends les escaliers, le four dans les bras. Grand gaillard, charpentier au nez rouge pour qui rien n’est un problème et qui « oui oui » ira à la déchetterie pour débarrasser ce que je ne veux pas, « demain ! » « posez ça là. » Par « là », entendez le chemin qui mène à la maison et que tout le monde emprunte, et par « demain à la déchetterie », entendez dans un mois, voire une année.
La visite se termine, par une grange qui devrait me servir de cave, si la locataire avec laquelle je dois la partager ne l’avait pas entièrement annexée comme son dépotoir privé.
S’en est trop, j’ai mes clés, je signe un état des lieux que je ne lis pas, je veux rentrer. « Vous avez oublié de fermer l’appartement ! Vous êtes chez vous maintenant » me rappelle le propriétaire tout content. Cette dernière phrase m’achève, je tentais d’oublier ce sinistre « détail » depuis une bonne heure déjà.

Je rentre et sanglote toute la soirée, je réalise que l’appartement tant décrié que j’occupais jusqu’à ce jour, et dans lequel j’avais emménagé en catastrophe il y a 12 ans après une rupture, ne sera pas si facile à quitter. Il est tout une partie de ma vie d’avant, il fût témoin de joies, de gros chagrins, de sauts en chute libre et de reconstructions. Il est physiquement ce qu’il me reste de mon passé avec ce que j’ai mis dans ma cave, comme suspendu dans le temps, des photos, des lettres, un four à raclette emballé dans un linge que je n’ai jamais retouché et une cuisinière en inox (qui elle, contient un four) flambant neuve dont je n’ai jamais eu l’utilité et que personne ne veut.
Cuisinière que je n’aurais plus d’endroit où caser, ma zone de rangement commune étant annexée.
Je me bloque, me focalise, je sens ma vie qui m’échappe et ça m’est insupportable, je veux que tout reste comme c’était. Ma cave devient mon unique source de préoccupation. Ma cuisinière devient un enjeu pour laquelle je pourrais déclencher une guerre.

J’appelle une amie pour essayer d’arrêter de renifler quelques minutes. « Mais oui c’est dur » me dit-elle. « Le déménagement est parmi les trois facteurs de stress principaux tout de suite après le divorce et le changement de travail. Et prépares toi. Demain vous allez tous vous engueuler! Je ne parle plus à mon meilleur ami depuis mon déménagement. »
Ça tombe bien, ma famille (qui vient m’aider pour l’occasion) et moi n’avons pas besoin de cela pour avoir des tensions.
Ça ne m’apaise pas, je raccroche.

Jour du déménagement. Mon frère, qui vient de se remettre d’un très grave accident de la route, et que je traite comme un objet précieux depuis, est la première personne que je vois. « S’il te plaît quand on ira déposer mes affaires dans le nouvel appartement, ne dit rien, c’est une catastrophe (moi et mon sens de la mesure), j’ai pleuré toute la nuit. » Mon frère est professeur des sciences et mathématiques. Ce qui veut dire qu’après une révélation pareille, il est impossible que je m’en sorte sans suite. Il veut savoir exactement pourquoi j’ai pleuré et mon plan détaillé pour y remédier. Dans certaines situations critiques, se taire est souvent salutaire et reposant, j’aurais dû m’en souvenir pourtant.

Mon père arrive. Mes états d’âmes, il s’en fiche, ce qui le préoccupe c’est qu’il avait décidé de débarrasser mon lit en premier et que ce dernier est entouré de carton. Première tension.
C’est vrai. À quoi ai-je pensé ? J’aurais dû mettre mes 6 cartons et 5 sacs Ikea dans le couloir de l’immeuble. Etant donné que les quelques minutes où on a eu le malheur de laisser une lampe sans surveillance en attendant de la charger dans le camion, on se l’est faite voler, ça donne une idée de l’ambiance.

Ma mère, d’un soutien sans faille, fait son apparition avec ses gants ménage et toute la panoplie pour rendre mon ancien appartement flambant neuf. Manque de chance quand on va passer une journée dans la poussière, elle souffre d’un des pires rhumes de son existence. Elle tousse, crache, éternue, renifle. Elle envoie des SMS à sa sœur qui est avec nous en pensée à défaut de tenir le balai brosse, répond aux appels téléphoniques de ses copines. « J’aide ma fille qui déménage. » dit-elle fièrement. Elle n’oublie jamais de mentionner que mon futur appartement est petit et « qu’il va falloir tout caser » avec un air incrédule. Effectivement, mes appartements font la taille de leur chambre à coucher. J’ai de petits appartements, ils ont une chambre à coucher gigantesque qui était ma chambre, adolescente. J’ai méchamment rétrogradé.
Entre deux coups de chiffon sur le vitrocéram, je lui explique ma triste vie, dans le désordre. Ma cuisinière inox, mon passé qui est dans ma cave, le nouvel appartement « qui est nul ! », l’annonce quelque jour avant que le cruel cancer d’une amie proche devient incontrôlable, tout y passe.
« tu tu com comprends, ça ça ça tom tombe au pire mo mo mo ment ». On oublie à quel point le timing est essentiel quand on meurt. Je ne suis pas sûre que ma mère comprenne toute la cacophonie de mon cerveau, mais on peut toujours compter sur elle pour trouver la vie exécrable et citer des phrases de grands philosophe dépressifs.

La journée avance dangereusement. Mon père s’impatiente. « Tes clés de voiture sont où, je dois aller mettre qqch dedans ! Et tes clés de caves ? Et celle du garage ? » A force de rentrer, sortir, changer d’appartement, que l’on me pose 4 questions à la minute, toutes les clés que j’avais savamment rangées sont mélangées, et mon frère en partant a oublié de me rendre les doubles qui sont restés dans le camion de déménagement. Je lui donne un monticule de clés dont je n’ai absolument aucune idée de ce qu’elles ouvrent.
Les heures s’égrènent. Mon père fait des allers et retours et se fend de conseils ménagers en enfonçant des portes ouvertes. « Vous savez, je pense qu’il faut tout déblayer pour faire les sols, c’est comme ça que l’on nettoie. » J’ai le souvenir d’avoir vu mon père faire le ménage une seule fois dans sa vie. Et il avait mon frère et moi comme esclave pour lui soulever les meubles alors qu’il passait l’aspirateur au triple galop. Ma mère et moi nous taisons. Oui on sait que l’on doit débarrasser les sols. On s’y attaquera quand on aura fini la salle de bain et la cuisine qui n’avaient jamais vu de produits anti-calcaire efficaces jusqu’à ce jour. J’ai pris depuis la ferme décision de me contenter du « bio » pour ma nourriture et plus pour faire le ménage.
Mon père prend le dernier carton que j’ai assemblé le matin même à la va-vite. Mal assemblé, forcément. J’en ai fait quatre correctement, il fallait que je rate celui-là. Le fond du carton s’effondre sous le poids de la machine à café et des 156 autres choses non triées que j’ai rechigné à emballer le jour précédent. Mon père soupire. Prend mon sac à main mal fermé qui se renverse juste à côté. Il ne soupire plus et me fait un regard noir, remet les choses en vrac, sans regarder, dont mes clés de voiture qu’il range au fond du carton. Quand je les chercherai quelques minutes plus tard à deux doigts de la crise de nerfs, ce sera ce moment que choisira pour me dire au revoir une des seules voisines avec laquelle j’avais sympathisé. Je suis blanche, transpirante, prête à hurler ou vomir, à choix. J’arrive vaguement à distinguer ce qu’elle me dit, des voisins particulièrement bruyants ont emménagé au-dessus de chez elle. J’essaie de toute mes forces de compatir mais je n’y arrive plus. Je lui fais la bise au beau milieu d’une de ses phrases en lui souhaitant « tout de bon pour la suite. » Elle me regarde médusée, me dit « merci » et s’en va.

Le téléphone sonne. C’est mon frère. « Je suis devant la déchetterie, je fais quoi de ta cuisinière ? »

Le pou narcissique

De nos jours il me semble que le pou narcissique est un type de personnalité en voie d’expansion. Je précise que je parle maintenant au masculin, ainsi que durant toute la suite de ce texte, uniquement pour des raisons pratiques, mais il s’entend que le pou narcissique peut tout aussi bien se décliner au féminin, l’égalité totale des hommes et des femmes en termes d’égocentrisme étant malheureusement beaucoup plus rapide que dans les autres domaines.
La technique d’approche du pou narcissique est relativement simple, de prime à bord volubile et sympathique, il vous englobe très vite dans son cercle, tel le pot de slim. Sa famille, sa vie, ses doutes et ses espoirs vous faites rapidement partie de ses confidents ce qui a pour conséquence de vous faire croire que vous êtes un élément essentiel de son existence. Tout droit sorti de ses selfies facebook dont il semble être issu, le pou narcissique n’a aucun secret pour vous, jusqu’à l’overdose même. On oublie souvent à quel point le mystère peut être séduisant et surtout reposant.
Et le pire dans tout cela, c’est que vous vous investissez…. Votre pou narcissique a une copine en Hongrie, vous connaissez la recette de la goulache, il retape une maison dans le sud de la France, vous êtes incollable en ravalement de façade, il ambitionne de changer de sexe, vous êtes ouverte et d’un soutien sans faille, vous vous tapez toutes les vidéos youtube d’ados étranges, expliquant à quel point ils se sentent équilibrés et épanouis depuis qu’ils se font injecter de la testostérone au litre dans les fesses et que leur barbe pousse. Cela semble être tellement formidable et le remède à tous leurs problèmes que vous, qui vous posez tellement de question sur la vie et son sens, durant ¼ de seconde, vous vous laisserez séduire. Jusqu’à ce que la description de l’apparition de poils sur le ventre finisse de vous rebuter à vie.
La vie avec le pou narcissique suit son court, sur le mode « me, myself and I » et vous vous en accommodez, bien que ces monologues et son égocentrisme vous sorte de plus en plus par les yeux. Mais, pensez-vous, vous ne pouvez pas le lâcher comme cela, ce serait mesquin, il a besoin de vous.
Et pourtant, on a tous fait ça, on sait que l’on va se planter, que la relation est vouée à l’échec pour avoir déjà vécu la même situation des dizaines et des dizaines de fois, mais on s’obstine dans notre espérance en l’humain. On voit l’iceberg, on met Céline Dion en sourdine et on accélère.

Jusqu’au moment où, oh rage ! oh désespoir!, vous vous apercevez que non seulement vous connaissez tous les détails d’une vie qui finalement ne vous concerne pas, mais, au gré des discussions avec son entourage élargi, que les confidences vont bon train, et d’« amie essentielle » vous êtes en fait la no 2345 à qui il a fait le coup. Vous n’êtes pas spéciale, vous n’avez rien de particulier à ses yeux si ce n’est peut-être une éducation d’assistante sociale qui fait de vous la candidate idéale au spam affectif. Sa vie, qui ne vous intéresse plus du tout, tout le monde la connaît.

Cerise sur le gateau, la relation avec le pou narcissique est par définition à sens unique, n’essayez pas de lui raconter votre repas préféré ou votre premier jour de maternel traumatisant, il s’en fout, au mieux vous aurez droit à un «c’est comme moi » et ça repartira sur lui. Et si vous vous rebiffez, vous aurez tort. Il tombera des nues. Vous serez une personne caractérielle et rigide qui ne sait pas prendre la vie comme elle vient et qui s’arrête sur des détails. Mais ça, cela vient de votre susceptibilité.
Je suis d’accord, j’ai une certaine sensibilité qui a des moments de ma vie a frôlé la susceptibilité. Ça fait partie (entre autre) de la créativité et du sens artistique, on a rien sans rien. Il est assez difficile de créer quand on ressent les événements et les gens qui nous entoure tel le meuble IKEA. Observer, prêter attention à ce qui peut paraître pour l’autre anecdotique, et souvent malheureusement, être touchée par la bêtise ordinaire qui n’étonne plus personne, fait partie du jeu.
Cependant, j’ai compris à force qu’il était parfois nécessaire de moduler mon radar afin que ce soit viable. Comme m’avait dit une fois un collègue de retour d’un méchant burn-out : « je vais mieux, j’ai fait des séminaires pour apprendre à m’en foutre ». Et bien c’est un peu ça, je me suis moi-même disciplinée pour « apprendre à m’en foutre ». ça ne ce fait pas du jour au lendemain, c’est travail quotidien est la tâche et parfois ardue.
Car s’il y a bien un point commun que j’ai pu reconnaître à tous ceux qui ont mis en avant ma sensibilité, pas dans le sens «comme tu es sensible, c’est génial de te connaître, tu es un peu mon idole » mais plutôt « qu’est-ce que tu es sensible, tu prends tout mal, met une camisole », c’est qu’eux, souvent en manquait cruellement. Il est assez facile de balancer une pelle à neige dans la figure de quelqu’un et de le trouver un peu douillet s’il se plaint de saigner du pif. La sensibilité, c’est comme la liberté : elle commence ou s’arrête celle des autres.

Et de nos jours parallèlement au pou narcissique qui en est l’emblème, le manque de considération, d’égard est légion, et même encouragé. On en vient presque à regretter l’époque moyenâgeuse où tout ce que l’on faisait était un potentiel pêché mortel et que l’on vivait de culpabilité (et accessoirement de peste). Car à force de nous répéter à longueur de magazine et de coaching bon marché que l’on doit cesser de se juger et que l’on doit célébrer qui ont est, devinez quoi ? plein de gens n’avaient pas besoin d’y être encouragés pour être leur unique source de préoccupation.
Le tout possible, l’hédonisme et être accepté comme l’on est, voilà notre mantra.
Sans dire que je suis une masochiste qui adore m’en prendre plein la figure, j’ai toujours trouvé que les difficultés avaient cela de bénéfique qu’elles m’ont fait avancer beaucoup plus vite que si tout avait toujours coulé de source. Il en va de même dans les relations et des remarques que j’ai pu avoir sur ma personnalité. Je parle bien évidemment des gens qui me sont proches. Les remarques du tout un chacun, je crois qu’il est bon de continuer d’apprendre à s’en foutre. On ne perd même pas son temps à essayer de répondre intelligemment en cherchant sur « citation.com » des phrases philo à deux balles dans le genre « Shut up ! You know my name not my story ». On dit “oui, peut-être que tu as raison” ce qui permet de clore le débat et de passer au sujet suivant.
Il ne va pas de même avec les personnes qui ont un avis qui vous importe.
Dans un contexte que je ne détaillerai pas ici car il n’apportera rien à mon propos, une fois, quelqu’un qui comptait à mes yeux m’avait dit pendant une dispute «et voilà…encore ta manière de réagir.Tout ce que je ne regrette pas chez toi ». (on s’était perdu de vue longtemps). Franchement je ne vais pas le cacher, ce n’était pas agréable à avaler ni dans le top 10 des compliments qui font plaisir à se remémorer les soirs de pluie, et j’ai eu plus de facilité à encaisser, en terme de douleur immédiate, l’opération d’une infection dentaire à vif, ça donne une idée. Mais…. Le choc de « donc on va dire que tu n’es pas complètement fan de moi et de mon œuvre en ce moment ? » passé, j’ai compris que même si la forme était discutable, le fond n’en était pas moins vrai. Effectivement, quand un événement m’atteignait trop profondément je pouvais parfois être un peu pénible (quand on parle de moduler le radar à sensibilité, on en plein dedans) voir lourde.

ça m’a fait me remettre en question, car forcément ce genre de remarque ça interpelle. J’ai changé et, oh miracle, j’ai évolué et moi non plus je ne l’ai pas regrettée ma manière de réagir.
Comme quoi, que l’on vous dise que vous êtes toute pourrie a parfois du bon, le pou narcissique qui se plaît à rester en surface ne sait pas à côté de quoi il passe. Et quelque chose me dit que s’il le savait pour rien au monde il ne changerait.

Je déménage

Je n’habite pas dans le meilleur endroit du monde, je l’ai mentionné. Mon immeuble, qui a ce je ne sais quoi de déprimant et de mortellement ennuyeux dont le béton a le secret, fût construit à une époque où les architectes trouvaient cela vraiment formidable de faire des appartements qui se résumaient à des couloirs. Le couloir avec deux buffets et un four qui vous sert de cuisine vous emmène au couloir qui vous sert de chambre. On a l’impression de vivre dans un train c’est merveilleux.
Ma capacité à tirer le meilleur parti d’un espace et d’en révéler le charme discret (voir inexistant) est limitée. Mon appartement s’est donc très vite résumé à un entrepôt saturé. Se prendre les pieds dans l’aspirateur en essayant d’atteindre les toilettes, faire tomber les 15 paires de chaussures pour réussir à ouvrir le placard à habits, manger assise par terre, tel le camp de scouts, coincée entre le canapé lit et la télé. Mon espace de vie n’était pas très fengh-shui, c’est le moins que l’on puisse dire. Je détestais cet endroit et il me le rendait au centuple avec, notamment, une isolation inexistante qui fait que vos voisins deviennent vos colocataires imposés. Le loyer était bon marché c’est vrai. Et le bon marché ça attire plein de monde. Et plus tu attires de monde plus tu augmentes tes chances de cohabiter avec tout ce que peut engendrer notre planète comme type de personnalités enrichissantes.
De l’insomniaque qui cuisait son bœuf bourguignon à minuit sur du Brassens, de la bipolaire fan des années Yéyé qui hurlait sa haine sur le trottoir quand la Police venait la chercher pour lui faire faire un petit séjour dans un hôpital spécialisé, du dragueur à deux balles qui était venu chez moi en me faisant croire qu’il ne savait pas faire fonctionner le four et qui me regardait avec des yeux vitreux pendant que je lui ventais le mode « chaleur tournante », j’ai tout vécu dans cet appartement.

Cependant l’inconfortable à cette grande vertu de vous paraître irréel et de vous donner une excellente raison de ne pas vous investir. Vous n’êtes pas d’ici, vous n’appartenez pas à ces gens, vous n’êtes que de passage, vous allez bientôt partir de toute manière. Dommage pour moi, l’inconfortable allait durer des années.

Mais cette angoisse ne concerne-t-elle que moi ? On prend un appartement comme tout le monde, on met son budget vacances dans un canapé hors de prix, ce qui n’est plus très grave vu que les vacances sont compromises car on a adopté un chien qui sera interdit de tous les hôtels branchés et qui sera impossible à caser. Au point où on en est, faire des enfants n’est plus trop plombant. En gros on fait comme tout le monde : on met ses rêves dans une boîte, on ressemble à ses parents et on prend le train du système jusqu’à ce que l’on soit 6 pieds sous terre. De plus en matière de projets j’ai tendance à être très têtue. J’ai une vision précise de ce que je veux faire et n’y déroge pas même si je dois en payer le prix en stagnation et en endurance à la douleur. On m’a d’ailleurs souvent fait la remarque qu’on ne comprend pas mon fonctionnement, que ça fait longtemps que machin ou machine auraient changé de direction s’ils étaient à ma place. Ça tombe bien, ils ne le sont pas. Et est-ce pire que les boulimiques de projets ? Ceux qui font du remplissage d’envies, qui ont des rêves profonds qui datent d’il y a deux jours, qui vous donnent perpétuellement l’impression d’être dans une essoreuse quand bon gré mal gré vous devez les suivre dans leurs désirs pharaoniques ? Je ne saurais dire.

Mais oui, jusqu’à il y a peu, l’engagement quel qu’il soit me donnait la peur panique de fin et de renoncement. Un psy aurait peut-être pu élucider cela. Ça tombe bien, j’ai viré le mien par email à Noël dernier. Des années à le payer 200.- de l’heure et j’ai la fâcheuse impression qu’il attendait un peu nos séances comme la phase récréative de sa journée. Et à la fin de chacune, même dans les périodes les plus compliquées pour moi, il me souhaitait avec un grand sourire une « excellente soirée » ! C’est le genre de détail qui passe tout seul quand vous sortez de chez le coiffeur, moins quand vous venez de passer une heure à geindre sur votre vie et vos malheurs. Non vous n’allez pas passer une bonne soirée ni entamer un french cancan de bonheur à la fin de la séance et le fait qu’il vous le dise avec cet air enjoué limite ahuri, vous fait vous poser des sérieuses questions sur le bienfondé de mettre autant d’argent dans ce processus. Une semaine à ski c’est bien aussi et ça ne vous raconte pas sa vie alors que vous le payez pour écouter la vôtre. Oui car en plus il était bavard et je peinais par moment à en placer une.
Bref je ne vais pas revenir sur Noël et ma séance de déprime devant le « Grand bêtiser », mais à ce moment-là j’ai imaginé mon psy tellement satisfait de lui, me congratulant en me disant à quel point je réagissais sainement et comme j’allais bien. Sans dire que j’étais au bord du suicide, non je ne trouvais pas à ce moment-là que tout allait si bien que ça. Se fût pour moi la preuve flagrante de son inutilité. Je lui écrivis donc pour lui le dire avec des mots choisis. Toujours très enjoué , il me répondit que les points que je soulevais (pleurer seule devant télé=échec total) n’étaient pas quelque chose qui pouvait se régler en dynamique psycho-thérapeutique. Où un truc du genre. De toute manière, quand vous confondez un médecin, il vous sort plein de termes techniques incompréhensibles, histoire de vous perdre définitivement. Puis il a terminé son mail en me souhaitant tout de bon pour la suite. Avec un point d’exclamation. On continue sur le mode « Bonne soirée-french cancan ».
Elisabeth Kübler Ross était une psychiatre pionnière dans les soins palliatifs, elle a accompagné psychologiquement des personnes devant faire face à leur mort prochaine. ça c’est un challenge… Moi j’ai un côté obstiné, additionné à un karma capricieux qui me fait me prendre des murs, souvent les mêmes, et il me répond qu’il ne peut rien faire pour moi ? Il n’y a pas comme un problème ? Qu’est-ce qui est de son ressort alors ? La Reine des Neiges ? Il était temps de l’arrêter cette thérapie.
Et il était aussi grand temps que je me décide enfin de faire cesser le temporaire et de déménager.
Mon voisin du dessus venait d’accueillir sa femme et ses trois enfants dans son 20 m2. Des enfants bioniques où tu appuies sur le bouton « on » au petit déjeuner et que tu entends courir et hurler jusqu’au moment salutaire de les débrancher pour le coucher.
Ce même voisin m’avait fait du rentre dedans devant les boîtes aux lettres quelques jours avant l’arrivée de sa bruyante et nombreuse famille, ceci juste dans le but d’expliquer la classe intégrale du bonhomme.
J’ai décidé de passer outre mon rebu de devoir une bonne fois pour toute ranger et trier mon boxon et je me suis mise en recherche active d’un appartement.

J’avais une vision bucolique de la campagne. Je pensais que c’était totalement pour moi. Quitter la ville impersonnelle et agitée. Le moine zen est élevé que je devenais aspirait à autre chose.
Jusqu’à ce que je doive faire 30 minutes de route dans le brouillard sans croiser personne pour arriver à un village qui comptait 3 maisons et un bistrot. L’appartement étant au-dessus de ce même bistrot, en voyant les vieux alcoolos attablés à 10 heures du matin, j’ai presque regretté les enfants de mon voisin. Je n’ai pas eu à les regretter longtemps, l’appartement fût vite visité en 30 secondes. Accompagnée par la tenancière à leggings et moustache, je suis entrée, j’ai fait deux pas, j’ai regardé à gauche, puis à droite, et c’était fait.
Ne pas vouloir mettre un budget conséquent dans son loyer est parfois déprimant.
Surtout quand les visites de boîtes à chaussures s’accumulent, que votre père, qui ne vous a pas laissé le choix de sa présence, crois bon d’ajouter « si tu veux épouser un agriculteur et t’investir dans la kermesse, ce village est le bon endroit, autrement je pense que tu aurais meilleur temps de redéfinir ton lieu d’habitation. »

Ce qui fût fait. Les visites se sont succédées, dont la dernière épique avec une locataire cherchant à remettre son appartement, le sourire jusqu’aux oreilles, tellement contente, non pas d’avoir une repreneuse potentielle, mais d’avoir une autre victime à qui dire (en enchaînant les phrases sans s’arrêter) « mais vous comprenez je quitte l’appartement car je me mets en ménage…. J’avais pris cet appartement car j’avais divorcé mais je n’y ai presque jamais habité car j’ai rencontré quelqu’un tout de suite, mais vous comprenez après deux ans je lui ai dit va falloir se décider par ce que moi je paye un appartement pour rien. Et il a déjà tout alors si vous voulez mes meubles vous pouvez parce que je me mets en ménage. »
Tout droit sorti des années 50 ou la seule ambition de la femme était de trouver le mâle dominant qui allait lui assurer progéniture et prospérité, 5 ou 6 « je me mets en ménage » vainqueurs ont suivi. Avait-elle envie que j’applaudisse ou que je m’attable avec elle pour lui demander conseil sur sa technique pour retrouver quelqu’un aussi vite après un divorce (prendre le premier venu, me vient de suite à l’esprit), je n’en sais rien. Mais ce que je sais c’est qu’à la vitesse à laquelle elle m’avait soulée, l’appartement étant intéressant, je me suis dépêchée de déposer mon dossier de candidature, dans le cas où son chanceux compagnon aurait soudain une réserve au fait de l’accueillir chez lui de manière définitive.

La vie est plus un consentement qu’un choix

on choisit si peu. On dit oui ou non au possible qui nous est donné. La seule liberté de l’homme, c’est de laisser la voile tendue… ou de la laisser choir. Le vent, lui, n’est pas de nous. »

Cette phrase est de l’Abbé Pierre et je l’aime beaucoup. A contre-courant de notre époque actuelle où l’éventail de nos choix se doit d’être infini autrement c’est pris pour une injustice flagrante. Le bonheur permanent étant le but à atteindre, occultant que sa beauté est justement qu’il n’est fait que d’instant.

Ce courant New-Age, reprenant les grandes lignes de la pensée positive en la vulgarisant façon pensée magique. Il va s’en dire que l’éventuelle nécessité que tout n’aille pas forcément toujours dans notre sens pour nous faire évoluer un minimum n’est pas traité.

Le concept « vous allez obtenir tout sans effort » étant assez alléchant et vendeur (en tout cas plus que « trimez comme un malade, rien n’est garanti») les bouquins d’auteurs à la mâchoire carrée et aux dents blanchies regorgent, surfant sur le succès du « Secret » dont j’ai déjà parlé. Partant du principe que la loi de l’attraction nous retourne toutes nos pensées et que l’Univers est un valet à nos pieds attendant nos moindres désirs tel le génie d’Aladin, il suffirait de s’imaginer devenir riche à million pour que cela vous arrive. Mais attention subtilité, ne faites pas comme tous ces gens qui se disent bêtement « ah si j’étais riche » et qui continue de vivre comme une personne normale. Vous, vous êtes riches et vous ressentez intérieurement et profondément tous les bienfaits de l’être, afin d’envoyer des signes clairs et sans équivoque, l’Univers étant par moment un peu dur de la feuille.

Donc en gros c’est cela, le fameux secret, vous vous visualisez riche et agissez comme si vous l’étiez. Garanti, ça marche. Tellement efficace que je me demande pourquoi il n’est pas mentionné d’envoyer la facture de votre séjour au Ritz à l’auteure au cas où votre richesse prévue tarde un peu à se concrétiser dans les faits. Et j’ajouterai que je suis navrée de prendre un exemple si matérialiste mais je n’ai pas souvenir que dans les multiples histoires énoncées dans ce livre il y ait eu des souhaits comme « éradiquer la faim dans le monde ». Non, ça tournait presque exclusivement sur le bien être personnel et financier. Ou alors de la santé, avec mention d’une ou deux guérisons miraculeuses de malades qui avaient appliqué le secret. Les milliers d’autres ayant trépassé après avoir fait la même chose sont quant à eux restés silencieux.

Cependant, on vous prévient, s’ils ne vous arrivent rien de bien même après avoir lu cette méthode complètement géniale qui ne peut que fonctionner, c’est que vous pensez mal ou alors que vous avez planté à un moment du processus et dans ce cas, Rhonda a prévu pour vous « le Pouvoir» ou encore « Le Secret au quotidien » qui vous réexpliquera à peu près la même chose. Mais il y a les doués qui comprennent du premier coup et il y a les autres. Et il y a surtout ceux qui deviennent très riches en touchant des droits d’auteurs en écrivant à peu près n’importe quoi, tout en prenant soin de citer Albert Einstein pour faire sérieux.

Serais-je réfractaire au Secret ? 2016 fût pour moi, on peut le dire : une belle année de merde. Pardon pour mon vocabulaire mais là tout de suite c’est le seul qualificatif qui me vient en tête.

Que ce soit personnellement ou professionnellement rien n’a semblé vouloir tourner dans le sens escompté. Et je ferais grâce à tout le monde, et surtout à moi-même, de faire le bilan des années qui ont précédé afin de ne pas courir au premier magasin de bricolage du coin acheter mon petit tabouret et ma corde.

Alors année de merde on s’entend. Je suis sur mes deux pieds, en un seul morceau et c’est presque le cas de mes proches. Objectivement on peut dire que je n’ai pas à me plaindre. D’ailleurs c’est ce que l’on dit non ? Avec les voeux de « bonne année » auxquels bon gré mal gré on doit se plier, il y a toujours un intellectuel qui ajoute « et surtout la santé, c’est ça qui est important ». De toute manière les conversations sont faites de cela, de remplissage. Car on le sait, du moins je l’espère, que non, l’année ne sera pas que « bonne ». Et pour un grand nombre d’entre nous ne plus avoir la santé se résume à une gastro ou un rhume. L’humain est ainsi fait, on répète des phrases en mode robot sans en penser un mot.

Tout ça pour dire que, oui, on peut avoir la santé et quand même avoir une période où tout va de travers. Une vie professionnelle et amoureuse au point mort avec tout pour bien faire, mais non, ça ne veut pas, ça ne décolle pas. Rien de pire que ces périodes « off » où la vie est comme une Party géante à laquelle tu assistes sans y être conviée. C’est très frustrant. Pour des raisons évidentes, j’élude cet aspect lors conversations banales et je me suis surprise à devenir très forte à meubler avec du rien.

Car c’est dans ces moments là, dans les périodes où ta ténacité est mise à l’épreuve que le plus dur c’est de survivre aux autres. Oui je crois que notre grand challenge, celui que l’on accepte avant de venir sur cette terre, c’est de côtoyer nos semblables en réprimant l’envie de leur en coller une en les écoutant, tellement chez certains, l’empathie et la considération de l’autre semble à des années-lumière de leur conscience. Les « autres » qui ont tant d’histoires passionnantes à te raconter sur l’appartement nouvellement acheté, sur les vacances qu’ils ont passées et les prochaines qui vont suivre. Alors que franchement, dans l’immédiat, à la compétition de « comparer nos vies afin de voir si la mienne est plus géniale que la tienne», ils peuvent passer leur chemin, tu as déjà déclaré forfait, ça n’est même plus drôle d’essayer de t’en mettre plein la vue. Toi ta semaine de vacances tu l’as passée sous la flotte à écouter le staff de ton hôtel te dire « enfin un peu d’eau ça fait du bien avec toute la sécheresse que l’on a eue ». Ton appartement est un minuscule placard donnant sur les conteneurs de tri sélectifs, avec des pigeons qui ont colonisé ton balcon. Pour ceux qui ne le savent pas, les pigeons sont des colocataires très sales et qui ont beaucoup de choses à se raconter bruyamment à 5 heures du matin. Encore plus bruyants que tes voisins du dessus qui ont pensé par je ne sais quelle gymnastique de l’esprit que de vivre à 5 dans un 20 m2 était tout à fait envisageable.

On est d’accord, mise à part si ton interlocuteur a habité dans les quartiers rebelles d’Alep, il y a de fortes chances que sa vie dans l’immédiat, que ce soit matériellement ou au niveau des hobbys, se passe mieux que la tienne.

Alors ce 24 décembre, quand je suis allée chercher mon repas du soir chez le traiteur et que le vendeur tout gentil en regardant ma commande m’a dit l’air triste en penchant la tête « toute seule madame ? » et qu’il m’a fait partager, ainsi qu’aux 15 personnes qui attendaient derrière moi, un sympathique moment de gêne silencieuse, j’ai compris que quand tout partait de travers, cela ne servait à rien de forcer.

J’ai abdiqué et mis la nourriture festive au frigo, j’ai sorti les pâtes et la mini bouteille de Moêt et Chandon et j’ai pleuré à chaudes larmes sur du Joe Dassin en pensant qu’à une époque pas si lointaine mon père me sermonnait quand j’allais à reculons manger la dinde trop cuite de ma grand-mère.

Oui le vent n’est pas de nous, il y a je pense une part de Karma, de destinée non négociable dans notre parcours ici-bas. Mais il nous reste une petite marge de manœuvre, et, ce qu’il y a d’appréciable quand votre vie n’est pas à la hauteur de vos espérances, loin s’en faut, c’est que vous n’avez absolument rien à regretter et vous pouvez la planter du jour au lendemain et décider de la changer complètement. C’est un sentiment de légèreté exquis, une belle liberté qui n’a pas de prix. Parti de ce constat, je vais continuer, inlassablement de hisser ma petite voile, et me dépêcher de laisser définitivement mon appartement aux pigeons.

 

 

Dans la salle de fitness

où je vais régulièrement m’entraîner, il y avait un gars en même temps que moi qui était avec son coach. On en voit plein maintenant des coachs. Pour tout. Pour le travail, pour les couples, quand vous n’arrivez rien à faire de vos enfants, votre chien, quand vous vous fringuez comme un sac, quand vous avez 42 ans et presque autant d’années de célibat.  Chaque problème à son coach. Dans les salles de sport, on les appelle des personal trainers. Pour la modique somme de 150.— de l’heure, il comptera à côté de vous le nombre de répétitions de vos exercices. C’est bien, ça fait sérieux et c’est très pratique en cas de problèmes avec les maths et que vous avez besoin d’un boulier pour arriver au chiffres 10.

Il vous montrera aussi comment ne rien utiliser de ce qui existe dans la salle mais d’innover avec des méthodes révolutionnaires. Le but étant d’arpenter la salle en long, en large et en travers et de zigue zaguer entre les gens ringards comme moi qui utilisent bêtement ce pourquoi ils ont payé une ruine en abonnement. Ils appliquent aussi le concept boots camp qu’ils utilisent pour des pétillantes quadras qui ne savaient même pas que l’on pouvait faire du sport de son plein gré. Pourpres et à la limite de l’apoplexie, on les verra une fois, pas deux. Elles préfèrent souvent perdre les 5 séances payées d’avance plutôt que de revivre un tel carnage.

Ce fameux jour, après mon entraînement, le temps d’écrire un sms, je m’assois sur un canapé proche de la réception, ce que je ne fais jamais, n’ayant pas forcément envie de socialiser avec des hommes qui risquent de me parler régime et abdos.

Et ça n’a pas manqué. Je n’étais pas assise depuis plus de 2 minutes quand le client du personal trainer s’est assis à côté de moi et se met à me parler. Il me dit en anglais qu’il vient du Pérou pour apprendre le français, ce qui comme entrée en matière linguistique commençait mal. Il m’explique qu’il a des difficultés à se faire à la mentalité européenne. Que dans son pays, il est usuel de parler à tout le monde, même aux gens que l’on ne connaît pas. Ici, à chaque fois qu’il avait adressé la parole à quelqu’un, soit on lui avait dit « je ne donne pas d’argent » ou encore il s’était pris un « je ne suis pas intéressée » dans la figure de la part de la gente féminine.
Effectivement je ne pouvais que plaider coupable…. La première chose à laquelle j’ai pensé quand il est venu vers moi était « Ah non…. Encore.». Je dégage souvent un appel à la drague à deux balles ainsi que les confessions intimes dans les 5 premières minutes. L’amour inconditionnel pour sa voiture, les vacances trop géniales avec multitudes de détails passionnants, les divorces parentaux mal vécu, les tentatives de suicide, du plus anodin à ce que l’on devrait plutôt raconter à son psy, rien, on ne m’épargne RIEN. Et je ne parle même pas de certains hommes qui me prennent pour leur copain de vestiaire et me donnent des détails de leur vie amoureuse dont je me passerais volontiers. « Si ce que tu as à dire n’est pas plus beau que le silence alors tais-toi » n’est-ce pas ? Dans une logique qui m’échappe, beaucoup de personne pensent que de m’expliquer les multiples raisons pour lesquelles leur couple bat de l’aile est plus beau que le silence.

Alors qu’il n’y a pas besoin d’avoir fait une thèse en thérapie de couple pour comprendre que de s’engager sur le long terme à grand coup de crédits immobiliers avec une personne dont la seule qualité était d’être là au bon moment, le temps passant, la routine s’installant et tous les petits problèmes du quotidien qui se rajoutent, la relation n’est jamais au beau fixe et vous êtes rarement sélectionné en une de gala comme couple le plus glamour de l’année après 10 ans de mariage. Pour faire clair ça craint et ça n’est pas parti pour s’arranger, mais, va savoir pourquoi, je semble toujours être la seule à m’en rendre compte et, lassée de passer pour la rabat-joie de service dans un domaine où le réalisme n’est pas très à la mode, je me contente de prendre un air compatissant quand les gens me racontent leurs déboires amoureux. Mais qu’ils se rassurent, de ce que j’ai pu voir, les couples qui vont mal tiennent très très très longtemps. L’humain et sa propension à se pourrir lui-même sa vie sans doute, comme si la pollution, les pesticides et la multitude de cancer qui nous pend au nez n’allaient pas s’en charger.

Mais pour en revenir à mon acolyte du fitness, je lui donne totalement raison, on ne peut pas dire que la chaleur humaine déborde par ici. Les rares fois où j’ai pris le métro, j’ai été frappée du nombre de gens les yeux rivés sur leur portable n’ayant absolument aucune conscience de ce qui les entoure. On met son échographie sur Facebook mais si notre voisin de gauche nous adresse la parole, on pense que l’on va se faire agresser tellement on en a plus l’habitude.

Et en ce qui concerne les rapports hommes femmes, je ne connais pas les us et coutumes du Pérou, et je regrette bien pour lui qu’il soit pris un « je ne suis pas intéressée » dans les dents avant qu’il n’ait pu dire quoi que ce soit, mais de notre côté du globe, les rapports hommes femmes sont aussi mal barrés que ceux de simple civilité. Niveau drague, les hommes ici ne sont pas doués et quand ils s’essayent à l’art délicat de la séduction, c’est souvent avec un taux d’alcoolémie qui ne leur permet pas de dire autres choses que des phrases de ploucs. Déjà qu’à jeun il y a rarement de la créativité ou le projet du tome 2 de l’alchimiste en cours quand on nous aborde, l’alcool accentuant le vide sidéral de leurs propos, le résultat est bien souvent pathétique. Et les filles on est bêtes, bien élevées, et on prend l’habitude à force d’être comme les jeux MB et d’attirer les beaufs de 7 à 77 ans. Fatalement on finit par prendre le pathétisme en pitié.

Ils nous rappellent un oncle dont on avait un peu honte mais qu’on aimait bien ? Notre frère à 12 ans qui essayait d’aller au-delà de « F » à l’époque où il ambitionnait d’énoncer l’alphabet en rotant ? Va savoir Dr Freud.

Le résultat de tout cela est que tu te retrouves à boire un verre par pur charité chrétienne avec des gens avec lesquels tu n’as absolument rien en commun. Le point positif est que tout va tellement vite maintenant, qu’il ne faut pas t’attendre à une drague acharnée. Dès le premier verre infructueux, tu vas être catapultée dans la zone «frigide qui m’a quand même coûté 6.– ».

La vie d’une fille est ainsi faite. Le pire c’est que l’on est censée être flattée par l’attention que l’on nous porte. Je ne compte plus le nombre de fois où l’on m’a fait cette réflexion. « Mais c’est flatteur ! » C’est vrai que d’attirer l’attention du premier débile venu te donne instantanément l’impression d’avoir la prestance de Monica Bellucci. Le soir, tu te remémores « on m’a dit « ça va ? t’es trop belle » avec l’œil vide, je me sens tellement flattée que j’en suis comblée, à quoi bon rechercher le sens de la vie quand on en arrive à un tel point de plénitude ?»

De toutes ces relations interpersonnelles tellement enrichissantes, s’ensuivent à force un ras-le-bol, qui font que maintenant, quand on t’adresse la parole, tu t’accordes parfois le luxe du rejet sec et gratuit ayant épuisé depuis belle lurette ton quota d’écoute patiente et tes relances de discussions sur le temps qu’il fait et la nécessité de s’équiper en pneumatique hivernale. Et oui, ça peut tomber arbitrairement sur un péruvien adepte de culturisme qui en tirera certainement des conclusions désastreuses sur l’hospitalité de ton pays.

 

Tu fais comme tu veux

Ma voiture m‘a claqué dans les doigts. Enfin plutôt sous les pieds. Une sombre histoire d’embrayage qui, un jour, s’est mis à faire du bruit. Comme ça. Sans crier gare. En bonne fille que ne se fait pas confiance dans les affaires connotées « masculines », je demande d’abord l’avis de mon père. Lequel essaye ma voiture puis dit, en me regardant de son socle d’où il m’observe : « j’ai dû vraiment tendre l’oreille pour l’entendre ton « bruit ». Aucune idée de ce que c’est. Mais non, on ne peut pas « remettre de l’huile dans un embrayage » voyons ! Si vraiment tu insistes, j’irai voir mon garagiste, mais là franchement…..C’est rien du tout.»

On est d’accord, proposer de remettre de l’huile était totalement néophyte de ma part mais sur le moment, ça m’a paru incroyablement malin.

Malgré tout, je décide de ne pas en rester là et de me renseigner un peu plus loin auprès d’un gars un peu plus calé dans le domaine que mon père qui connait plus le répertoire de Mozart que le sommaire d’Automoto.

« J’ai un bruit quand j’appuie sur ma pédale d’embrayage, ça fait scroutch, scroutch et parfois dzi dzi »

« Scroutch scroutch et dzi dzi ?  butée d’embrayage…. » (les hommes aimant la mécaniques ne sont jamais connus pour leur rhétorique)

« Une butée d’embrayage ? mais ça veut dire quoi ? J’ai quoi comme marge avant de me trouver sur le bord de la route ? quelques jours ? »

« Oh non non. Tu tiens un moment avec ça…»

Fin de la discussion. Je tape « butée d’embrayage » ainsi que mon modèle de voiture sur mon ami youtube. Oui car tout le monde n’est pas comme moi et se contentent de dire « quelle grosse merde cette voiture » quand un truc du genre leur arrive. Ils filment, postent sur youtube, échangent sur le sujet.

Un des gars ayant posté une vidéo écrit ceci : « J’ai ce bruit depuis un an sur ma voiture. Butée d’embrayage ? ». What ? un an ?? On récapitule. Son bruit, mon bruit=notre bruit. C’est totalement pareil et il a tenu un an avec cela. Ma vie s’éclaire. Il y a donc un bon Dieu, une âme charitable, une force invisible qui a pensé à moi afin de ne pas m’affliger l’affront de me retrouver sans voiture et devoir me déplacer en transports publics.

Car les transports publics c’est pratique, c’est l’avenir et on va tous s’y mettre, mais, pour paraphraser Gabrielle Solis (Desperate Housewives) dans un autre contexte « Chérie, ça c’est que l’on dit aux pauvres pour ne pas qu’ils se soulèvent ». Les bus, le métro et tout ce qui est public en général, ça craint ! Si t’as les moyens, tu prends ta voiture. La dernière fois que j’ai pris le bus j’étais à côté d’un jeune en réinsertion qui vivait des trucs trop affreux dans sa life, dans son job et qui demandait conseil par téléphone de l’aide à son maître de stage ? assistant social ? gourou ? dealer ? qui ne semblait pas comprendre à quel point c’était du sérieux. 10 minutes à me taper des phrases du genre « mais tu ne te rends pas compte comment ils sont, tu crois toujours que c’est moi le pénible de l’histoire (ndlr moi aussi je le pensais) mais ce n’est pas vrai, tu as un parti pris » « mmm mmm mmm » « et comment je fais, moi, avec mon expression des affects vis-à-vis d’autrui hein ? »

Psychologie magazine n’a pas que du bon à ce que je vois. Maintenant on ne tire plus la gueule ! on a un problème d’expression des affects vis-à-vis d’autrui, quelle progression. Le vocabulaire est choisi, mais le mec, pas vraiment. Une pleureuse, un je-sais-tout qui a dû faire sa princesse et expliquer à tout le monde l’étendue de sa science ainsi que toutes les denrées alimentaires auxquelles il était allergique. Les autres ont dû décider que c’était un chieur, à raison, et ne plus lui parler. Et maintenant lui, il a des problèmes avec ses affects.

On a plus le droit de frapper les gens pour les aider à évoluer et, accessoirement, à ne plus se tourner autour du nombril et penser que tous les problèmes viennent des autres ? Dommage.

Mais revenons à ma voiture. Que disait Youtube ? Une année avec une butée d’embrayage ? Dans mon cas en une semaine se fût réglé. Plus besoin d’analyser le bruit et les symptômes quand vous avez l’impression de vous retrouver à Bagdad en mettant votre voiture en marche.

« Mais ces nanas… L’embrayage lâche et elles foutent loin la bagnole, non mais n’importe quoi » fût encore une réflexion de mon entourage masculin (lequel, à en juger de par cet événement, commence à être un peu trop présent et bavard)

«Tu ne connais pas Jacky? Super mécano qui va te remettre cela en moins de temps qu’il ne faut pour le dire et pour trois fois rien »

J’avais des doutes, mais je les ai gardés pour moi. Car je suis une fille qui souhaite mettre de l’huile dans l’embrayage et qui change de véhicule pour un petit rien. Pour une voiture qui part en marche avant alors que j’avais mis la marche arrière, mais cela est un détail, faut s’y habituer, ainsi qu’à l’odeur de canard laqué carbonisé qu’elle dégageait et qui était tout sauf rassurante.

Rdv est pris avec Jacky 

« Il vient demain et il la monte chez lui »

« En dépanneuse ? »

« Non non, pas besoin, c’est un pilote Jacky. »

« Hein??!!?! Mais c’est à plus de 50km et ma voiture ne roule plus! Il ne va pas faire 100 mètres avec ! »

Il m’a regardé d’un air, « non seulement les filles jettent leur voiture pour un rien mais en plus, elles ne voient pas le pilote qui sommeille en chaque homme qui se respecte. »

C’est vrai que je me suis trompée. Jacky n’a pas fait 100 mètre. Il en a fait moins de 50 et a dû supplier les vendeurs hautains de Mercedes, où il s’était parqué en catastrophe, de ne pas envoyer ma caisse à la fourrière ou d’appeler le service de décontamination.

Oui car sur les 1001 probabilités qui s’offraient à lui, Jacky s’est stoppé net sur le parc Mercedes et a parlementé avec un de leur commercial qui pensent que de vendre des leasings à des personnes qui n’ont de gloire que leur voiture ou à des bourgeois sous viagra, leur donnent la légitimité de traiter l’autre comme une sous-merde.

Deux erreurs funestes, deux fois un manque de flair flagrant, dans ces conditions me doutant que Jacky allait me poser un embrayage de Lada, j’ai préféré cesser notre collaboration.

Le dernier à s’en mêler, et non des moindre, fût mon père. Mon père n’est pas du genre à entendre « non » comme réponse. Comme il n’a pas non plus une considération démesurée pour un avis qui n’est pas le sien. Mon père est un homme de passions soudaines et de grands combats. Comprendre le point de vue de ses enfants n’en fait pas partie. Les passions ne durent jamais et se succèdent, ce qui en fait quelqu’un de très occupé qu’il ne faut jamais chercher à suivre sous peine d’attraper un mal de mer certain. Ce sont souvent des personnalités décrites comme « intéressantes », même si, dans l’entourage direct, on a le sentiment d’être la priorité 256, celle qui arrive juste après « construire un château en allumettes ».

Mon père n’est d’ailleurs pas la seule personne que je connaisse qui m’ait donné cette impression dans ma vie. Je dois dégager des ondes qui attirent les gens qui ont beaucoup d’autres priorités que moi (ce qui peut être normal en soit), mais qui en plus, ont très envie de me le montrer (ce qui est moins agréable, admettons-le).

Alors quand mon père s’est fixé comme objectif de me trouver une voiture en me disant sur un ton solennel : « une voiture c’est un problème en moins », je ne pus m’empêcher de penser que la dernière qu’il m’avait mis dans les pattes fût un problème en plus, étant donné qu’après 6 mois j’en avais pour 1’500.- de réparations et que les trois autres « problèmes typiques sur ce type de voiture, Madame » qui ont suivi furent grosso modo du même montant.

«Non, promis, je vais la voir sans engagement et tu feras comme tu veux. » fût son premier message. Suivi un jour après par « la voiture est trop trop géniale dans le genre merveilleux et parfaite. Mais tu fais comme tu veux. »

J’ai entendu une phrase dans un film dernièrement « j’ai peur de toi, tu as le sens du drame anormalement développé ». Parfois on a des grandes pensées profondes sur le sens de la vie et notre société matérialiste, avec un sens du drame « anormalement développé ». J’étais dans un de ces moments-là. En gros j’ai répondu à mon père que je ne voulais plus de voiture, que l’on pouvait très bien s’en passer et que cela ne me disait plus rien de payer pendant la première partie de l’année pour avoir le droit de rouler, et passer la seconde partie à payer pour que la voiture soit en mesure de rouler.

Mon père qui d’habitude semble avoir le sms facturé aux nombres de lettres qu’il met dedans, s’est fendu d’une réponse plus élaborée. Qui ne mentionnait plus « fais comme tu veux » mais était plus sur le thème « ton choix est nul et sans fondement ».

Ce qui pour le coup n’était pas totalement faux mais un peu glaçant sur l’échelle de l’empathie.

Tant est si bien que de « tu fais comme tu veux » on a passé à « je vais chercher la voiture vendredi ».

Je suis donc maintenant une fille motorisée. Mais qui fait comme elle veut. Et pour que cela soit effectif, qui compte déménager, loin.

 

 

 

L’après-dîner de Sylvie Joly

Il y a un sketch de Sylvie Joly qui s’appelle « L’après-dîner ». C’est un des plus connu.

Une femme invitée à un dîner où tout était parfait selon ses dires au moment des au revoir (elle va même jusqu’à demander la recette de la mousse au chocolat) passera le trajet du retour à descendre en flèche la soirée, en y mêlant humeur exécrable, critiques assassines et relents de mousse au chocolat qui avait « certainement dû être faite avec du vieux lait ». Jouissifs de bout en bout.

J’ai revu ce sketch joué par Valérie Lemercier dans le cadre d’un spectacle hommage à Sylvie Joly.

Seulement, ce spectacle, je l’ai visionné sur Youtube. Site très pratique pour mettre en fond sonore des musiques ou regarder des petites vidéos, mais, ce qu’il ne faut jamais, je dis bien JAMAIS FAIRE ! c’est : lire les commentaires.

L’idiot(e) moyen ayant passé une journée frustrante où son génie n’a pas été reconnu à sa juste valeur, se rattrapera, en donnant son avis d’expert sur à peu près tout.

Et dans le cas qui nous intéresse, sur la performance de Valérie Lemercier ainsi que sur la qualité du texte de Sylvie Joly.

Je ne vais pas faire durer le suspense plus longtemps, l’avis de l’idiot moyen et d’un en particulier n’était pas très enthousiaste. D’abord sur la personnalité de Valérie Lemercier qui est, je le cite « aussi moche extérieurement qu’intérieurement».

Il expliquera dans les messages suivant (oui car des personnes répondent aux commentaires et de grands débats s’engagent) qu’il l’avait rencontrée une fois (deux minutes je pense) et qu’elle n’était pas sympathique du tout. A-t-il pensé à l’éventualité que sa tête ne lui revenait pas ? Une idée comme ça, en le lisant, je pourrais aisément imaginer qu’il ait une tête qui appelle la baffe.

Puis en bon critique qui se respecte, a terminé son commentaire par un « et il n’est pas drôle son sketch, il est méchant, ce n’est pas comme cela que l’on traite des gens qui vous ont invité. » 

Si ce monsieur voulait être acerbe avec l’écriture de Valérie Lemercier, c’est raté, étant donné qu’elle n’a rien à voir dans l’élaboration de ce sketch puisque qu’il est de Sylvie Joly. Quand on se veut percutant dans le clash, la moindre des corrections est de maîtriser son sujet. Et pour le reste de son pamphlet, sur la méchanceté avérée ou non du texte, le problème est toujours le même pour un artiste, qui plus est comique : le syndrome du co-auteur. Un spectateur, un avis, un co-auteur. Ceux qui pensent que modifier « un ou deux p’tits trucs » feraient toute la différence.

Je me souviendrais toujours d’un type, qui n’était pas du tout dans ce domaine d’ailleurs, avec lequel j’avais eu le malheur de parler (ou plutôt l’écouter parler de) sketch et écriture alors qu’on mangeait dans un restaurant et qui tout à coup s’était exclamé « mais regarde, là ! le serveur a failli renverser le café sur la cliente ! Si ça c’est pas une super idée de sketch ! »

Dis comme cela, non, je ne trouvais pas que c’était « une super idée de sketch ». Mal amenée, la brûlure au 3ème degrés ne fait en général pas se taper les cuisses de rire. Ni la mort par pendaison, ni la torture des p’tits chats. Je sais que ça a l’air complètement débile à faire, d’écrire en étant drôle, mais ça demande un minimum de réflexion, je n’ose dire de talent. Il m’avait avoué par le suite qu’il avait fait une fois dans sa vie maître de cérémonie dans un spectacle et que « le public était peu réceptif ou alors j’avais mal amené mes blagues car je me suis pris bide sur bide », puis continuant d’un ton professoral ses conseils «tu vois la mise en scène c’est hypra important. C’est un point que tu dois vraiment bosser ». Oui je veux bien, mais je subodore qu’à en juger par ce qu’il m’avait dit précédemment, avec ses textes à lui, même Bertolt Brecht n’y aurait rien pu.

Pour en revenir au critique Youtube, qu’aurait-il aimé pour que ce ne soit pas méchant et acceptable selon son échelle de valeur ? « Sophie le repas était fantastique ainsi que la soirée-merci beaucoup-on a adoré » (ce qu’elle dit d’ailleurs) sans passer le retour en voiture à critiquer mais à continuer les éloges et énoncer un par un les plats du dîner? Ça n’aurait absolument pas été drôle du tout mais aurait respecté le 1 er accord Toltèques « que votre parole soit impeccable ». Le truc impossible à tenir. Cependant, ça fait tout son bel effet de dire « tu connais les accords toltèques ? J’adhère totalement à cette philosophie, c’est ce qu’a fait de mieux le Mexique juste après les tacos. »

Et ça a été aussi très prolifique pour Don Miguel Ruiz qui les a ressortis du placard. Que ça rapporte sans devoir se casser la tête à trouver soi-même des idées, que demande le peuple ?

Cependant, laissez-moi vous dire que ce principe en particulier est très mauvais pour la santé. Refouler, retenir, ça n’est pas bon on est d’accord. Et pour avoir une « parole impeccable », que devons-nous faire ? Taire en permanence le fond de notre pensée. On le fait déjà régulièrement en présence des gens pour ne pas finir par se taper dessus, alors si on ne peut même plus médire quand ils ne sont pas là !!! Il y a pourtant un côté très rédempteur avec des phrases du genre « Il est effrayant leur fils ! On dirait un cochon… ». ça détend.

Et dit avec le talent de Sylvie Joly ou de Valérie Lemercier, n’en déplaise à ce youtuber, c’est drôle. Et pour ceux qui ne le comprennent pas et rangent ces traits d’esprits hâtivement dans la catégorie « méchant », je citerai Sylvie Joly elle-même :

« Moi je joue pour le premier de la classe, les autres n’ont qu’à suivre. »

Le syndrome « mon incroyable anniversaire »

Il y avait une émission de téléralité sur MTV qui s’appelait « My super sweet sixteen », traduit en français par « mon incroyable anniversaire ». J’avertis, le concept est à baffer : des enfants de riches célébrités se préparent à fêter leurs 16 ans. Le déroulement se passait toujours de la même manière à savoir : le choix du cadeau, voiture ou bijou, que le parent riche et célèbre refuse d’acheter prétextant que c’est trop cher (la vie peut être parfois dure, il faut faire avec), puis la fête s’organise mais tout semble aller de travers, Rihanna n’a pas confirmé son show privé, la robe/costume chanel n’est pas encore arrivé de chez le couturier, en gros un drame total et parfois il y a des larmes. Puis sur les 1500 amis proches participants à la fête, quelques-uns sont interviewés et font leur pronostiques sur le déroulement de la soirée « je pense qu’il va y avoir Radiohead », « il va faire son arrivée dans un hélicoptère » bref on sent que ça va être trop génial et on est complètement conquis devant notre poste de télé payable en 24 mois. La soirée se déroule, le cadeau convoité mais refusé par le petit farceur de parent sera finalement offert, la fête au dire des amis était « trop mortel », «la soirée du siècle », bref des phrases élaborées pour exprimer le contentement.

Et bien évidemment, dans chaque épisode, on peut découvrir des personnalités riches et profondes capables de disserter sur notre monde et leurs idéaux, sur notre présence sur terre et le sens profond de la vie. Que dalle, tous affligeants, d’une vacuité à faire peur, pensant que leur simple existence est un ravissement et que tout, absolument tout, doit et va continuer de tourner autour de leurs désirs et moindre caprice.

Parfois j’ai l’impression de vivre le cauchemar de « mon incroyable anniversaire » dans ma vie. J’avais déjà supprimé mon inscription sur Facebook à cause de cela, du vide, de la frime, de l’égo à tout va, souvent exprimé sans classe et sans humour à grand coup de selfie à la foire à la saucisse. Et personne n’en a rien à faire des « posts » des autres, mise à part les incorrigibles cliqueurs « thumb up » de statuts, lesquels cela dit seraient capable de mettre « j’aime » à une phrase du genre : «Je suis parti en vacances et suis revenu avec le sida 🙁  Soit les gens que l’on rencontre dans les boîtes de nuit ne sont pas sûres, soit je ne maîtrise pas aussi bien l’anglais que je le pensais». Oui ce genre de statut est possible. Un de mes « amis » avaient posté un statut qui disait ceci : « Bon voyage dans les nuages grand-maman ! ». Pensant que sa grand-mère n’avait pas prévu de faire une mission spéciale pour la NASA, j’en ai donc déduit que c’était une phrase directement sortie des « métaphores pour les nuls » pour dire que sa grand-mère était morte. Tellement stupide que ça en devient presque de l’art finalement. Et pour faire dans le glauque total je suis tombée dernièrement sur Youtube sur l’enterrement d’un nouveau-né filmé dans son intégralité. Et non, je n’ai pas tapé : «enfant mort» dans ma recherche. J’étais en quête d’une vidéo marrante d’un petit gamin qui fait un caprice, pleure devant sa maman et dès que cette dernière se déplace et ne le voit plus, il arrête de pleurer, la cherche et, quand il a son regard, se laisse tomber théâtralement en pleurant Il répètera ce manège 3 fois de suite.

Je ne l’ai pas trouvée mais j’ai appris qu’une mère suffisamment barrée avait été capable de filmer puis poster sur internet l’enterrement de son propre enfant. Elle avait mis aussi une petite description sous sa vidéo, qui expliquait combien de temps son enfant avait vécu et répondait des «thank you» à tous ceux qui jugeaient bon d’écrire des condoléances en guise de commentaire…. Et cette vidéo n’était pas unique. Il y en avait des 10 aines du même genre. Donc oui, tout est possible. Et le vide s’exprime de toutes les manières même les plus abjectes. Communiquons à outrance, attirons l’attention coûte que coûte et si ce n’est pas avec l’album des vacances aux caraïbes car le budget est trop serré cette année, ça sera le selfie avec mamie sur son lit de mort.

Les personnes que je suis amenée à côtoyer en ce moment (de gré ou de force) n’en sont pas à exhiber leur mort. Mais semblent trouver que le bonheur ultime est atteint lorsque les vacances au bout du monde sont bookées (de préférence dans un pays pauvre où tu te sentiras toi le roi du pétrole) ou que le crédit bateau est signé, ne serait-ce que pour inviter les amis à boire des bières à 20 mètre du port. Leur saison préférée est l’été car ça donne la possibilité d’improviser à foison sur le fait que le beau soit enfin là et que ce n’est pas trop tôt. En plus ils peuvent faire des comparaisons avec la météo de l’année précédente.

Ils sont dans le rang, bon chic bon genre au travail et, pour se défouler, aiment participer à des festivals où tu paies une blinde pour exotiquement manger le cul dans l’herbe ou à 20 sur un banc et avoir les cheveux qui puent le poulet tandoori, le tout entouré de gens trop stylés et bien éduqués, passionnés de bière bon marché, qui te hurlent à la tronche le fameux riff des White Stripes tout en finesse.

Ils aiment les barbecues et leur fumée noir dans lequel ton futur cancer peut te faire des coucous, les plages bruyantes où tu as une chance sur deux de te prendre un ballon perdu dans la figure, les apéros terrasses avec plein d’amis avec lesquels ils n’ont pas grand-chose en commun sauf peut-être le goût du selfie « duck face » joues contre joues, qu’ils pourront poster sur Facebook en montrant à quel point leur vie est trépidente.

 Oui il semble y avoir une recrudescence de gens pour qui le vide est une condition sine qua non, un standard, le but à atteindre. Mais le plus perturbant dans tout cela, c’est qu’il semblerait bien que ce soit eux les plus adaptés à notre monde actuel.

On était le 24 décembre

et j’avais décidé de passer une super journée. Je n’ai jamais été une grande fanatique de Noël, mais depuis quelques années, j’ai découvert qu’il était franchement plus économique psychologiquement de faire comme tout le monde, plutôt que de m’évertuer à y opposer une résistance par principe. J’ai déjà assez à faire avec nouvel-an, on ne peut pas être contre tout, c’est exténuant. Mais avouons que Nouvel-An, mise à part si on aime particulièrement la compagnie de gens avinés qui vous hurlent dans les oreilles « bonne année » parce que c’est trop cool c’est la nouvelle année et que contrairement à d’habitude ils savent quoi dire, c’est fatiguant.

Donc j’avais décidé que je trouverai Noël merveilleux et que ma journée commencerait en fanfare par une dégustation de pancakes dans endroit spécialement sélectionné par deux bloggeuses américaines qui avaient créé un site sur tous les bons-coin de ma ville. J’y ai trouvé en prime tout un tas de bars et autres restaurants branchés dont je n’avais jamais entendu parler. Ils sont forts ces américains. Et ça en dit malheureusement long sur ma vie sociale trépidante.

La ville en ce matin de réveillon était calme, je parquais donc ma voiture en face du restaurant, royale, le parc était vide. Arrive une jeune femme, cheveux lissés/cramés,  l’air intelligent d’une star de télé-réalité, collée à son volant, ayant pour passager un caniche et prenant mille précautions pour effectuer sa pré-sélection sur une route déserte, pour finir par se parquer…juste à côté de moi. C’est un grand classique. Seul dans un parking, vous êtes sûre que le con qui ne supporte pas la solitude, il est pour vous. Ce principe s’applique également au cinéma et à la plage. Ma question est toujours : après combien de temps est-il acceptable de changer de place et montrer de par le fait à quel point ce rapprochement forcé nous fait plaisir ?

Là j’avoue, je n’ai pas attendu beaucoup pour déplacer ma voiture. Ni pour que le «mais quelle truffe !!!! Le parking est VIDE !!!! » se voit sur mon visage.  Je l’ai vue se mettre à parler à son chien de manière frénétique. Et elle a continué de lui parler, en deux langues, pendant qu’elle attendait derrière moi à l’horodateur. Quand je lui ai entendu dire pour la 3 ème fois « les gens sont fous je te jure », j’ai fini par comprendre que « les gens » en question, c’était moi.

On aime rarement se faire traiter de fou. Je ne fais pas exception.  S’en suis une conversation un peu surréaliste où, sans arriver à ce qu’elle me regarde, j’essaie de lui expliquer qu’en gros elle a tort, et que j’ai raison, et qu’en plus ma manœuvre lui facilitait la sortie de son véhicule. Il va s’en dire que ce dernier argument était archi-faux. Je me fichais totalement qu’elle sorte facilement de sa voiture. Mais parfois, quand on fait un brin de morale aux gens, il est bon de mettre son côté altruiste en perspective afin de faire passer en douceur son autoritarisme. Toujours en s’adressant à son chien et non à moi,  je crois entendre « oui mais moi je m’en fous ! Et ce n’est pas comme si elle était neuve ».

La vérité sort de la bouche des gens qui tiennent une conversation entière avec leur chien. Ma voiture n’est pas neuve, je n’en ai donc par analogie rien à faire si on me colle et on  me l’explose à coup de portière et de caniche. Moi-même parfois, si j’ai la flemme de chercher mes clés pour l’ouvrir, je mets un bon coup de marteau dans la vitre et c’est réglé. Arrêtons d’être si matérialiste, svp.

Elle a continué son monologue que j’ai ponctué par des « ah ah  oui… c’est ça… voilà… » dans le genre « parle toujours je n’écoute pas» tout en partant. Puis j’ai entendu «  Joyeux Noël quand même » avec un visage tout sauf joyeux.

On avait eu une conversation tellement enrichissante et plaisante que je me demande pourquoi j’avais omis de lui souhaiter un joyeux noël. Où sont mes manières ? Il est vrai que c’est écrit dans la Bible et l’Ipad du Père-Noël qu’il faut être gentil avec tous les tarés de la création qui vous agressent gratuitement et leur souhaiter en prime un « Joyeux Noël ».

Aucune importance, les pancakes allaient me réconforter. Ça aurait été le cas j’en suis sûre si le tenancier n’avait pas décidé de faire continuer ma journée sur le même mode que la folle au caniche l’avait faite débuter….en fermant son établissement.

A la place de mes merveilleux pancakes, je me suis retrouvée dans le bistrot d’à côté, qui lui n’avait pas pour ambition de se retrouver répertorié sur un site d’américaines tendances, mais plus comme un repère de recalés aux réunions des alcooliques anonymes. C’était d’un glauque. Un petit vieux l’air lubrique vient s’asseoir à côté de moi avec son ballon de blanc, me prétendant que c’est le seul endroit d’où il pouvait surveiller sa femme actuellement chez le coiffeur. Il me fait un clin d’œil. On m’amène un croissant qui semble avoir été utilisé pour essuyer le bar, je décide d’arrêter là la douleur en me passant de petit-déjeuner et de vite faire un crochet par mon magasin de thé afin de faire la traditionnelle course inutile de dernière minute pour combler l’angoisse. Il y en a toujours une.

Dans la grande fraternité de ceux qui comme moi ne semblaient pas lassés de s’être tapés les magasins bondés ces dernières semaines, il y avait un couple qui écoutait passionnément la vendeuse au look altermondialiste leur expliquer en détail sa commande de thé spécial qu’elle avait fait en Inde et qu’elle recevrait « quand les planètes seraient bien alignées ». Ce qui l’embêtait beaucoup car elle ne savait pas quand ce serait, le Yogi en charge des calculs n’ayant pas jugé bon de lui en dire plus. Les Yogis ne sont pas réputés pour être de grands bavards, pas autant que cette vendeuse en tout cas….

Comprenant que c’était parti pour durer je me replie vers le second vendeur. Aucune commande savante en Inde en ce qui le concernait. Non, par contre, il était occupé à faire sentir les trois-quarts des thés de son magasin à une maman accompagnée de sa fille et qui voulait « un thé de Noël. Oui c’est bien mais je n’aime pas la vanille…. » et s’adressant à sa fille « et toi, celui-là ? Comment tu le trouves ? Ah tu n’aimes pas le girofle… Ah ben alors…. Comment on va faire ? »

Je n’avais aucune proposition probante à faire mise à part qu’elle prenne n’importe lequel et qu’elle dégage vite fait avant que je ne tente une strangulation.

Il y a parfois des comportements qui vont à l’encontre du bon sens. Tu vois le drame à des kilomètres, tu sens l’odeur de l’iceberg, tu mets du Céline Dion en sourdine et tu accélères… pour terminer ma journée en apothéose, je fis ce qu’aucune personne ayant une structure mentale saine n’aurait fait, je suis allée dans un magasin de jouets…. Hérédité suicidaire certainement mais il me restait un cadeau à faire pour mon neveu, il avait fait une jolie carte colorée avec des dessins, adressée à « Cher Père Noël ». Mon neveu ne croît plus au père-noël depuis bien longtemps mais il a dû penser que, niveau marketing, son message serait plus porteur en s’y prenant de la sorte.

Je commence à regarder dans les rayons, quand je vois deux vendeuses, cherchant désespérément à éviter le plus possible mon regard et ma question potentielle. Puis je les entends dire « hey dire que les vacances commencent demain. Il y aura plein de gosses. On va déguster ! ». Pour mémoire on récapitule où travail cette dame : dans un magasin de jouets. Je peux comprendre que les gosses puissent être un miracle que l’on savoure à petite dose, ça oui.  Mais quand on ne les supporte pas du tout, travailler dans un magasin de jouets… comment dire… ce n’est pas l’endroit rêvé pour les éviter à coup sûre.  Il vaut mieux vendre des godemichets au sex-shop du coin. Là normalement, pas de gosse à l’horizon.

Je finis par en attraper une. J’ai à peine le temps de dire ce que je cherche que sa réponse fuse « tout est en rayon madame ».

C’est comme cela dans les magasins maintenant, si vous osez déranger une vendeuse on vous répond « tout est en rayon ». Car on part du principe que vous êtes bonne élève, que vous avez bien regardé partout avant de la poser votre question à la con. Donc si vous ne trouvez pas, il n’y a pas…. Vous n’auriez quand même pas osé jeter un regard furtif puis, demandé assistance comme une grosse flemme ?

Je me justifie par un  « euh oui mais je n’ai pas trouvé » qu’elle balaye lestement par un  « Je ne vais pas trouver mieux que vous… » . J’ai essayé de lui expliquer que comme elle travaillait dans le magasin, j’espérais pour elle qu’elle s’y connaisse mieux que moi, mais j’ai fait un bide. Elle est partie avec ma lettre au père-noël orange pétante et est revenue en me disant « on n’a pas. »

Il y a un moment, dans une vie, quand le défi est trop ambitieux et l’échec inévitable, le mieux est de l’accepter afin d’avancer. Faire le deuil de sa journée de réveillon féérique et de ses panneaux de signalisation playmobile. Car Noël est une période de décompression où toutes les névroses et autres frustrations accumulées tout au long de l’année se sentent libre de s’exprimer. Que ce soit à coup de caniche ou en suppliciant un vendeur de thé.

On était le 24 décembre et j’avais décidé de passer une super journée…..

Le Cercle

Les églises c’est ringard. Ça nous ramène à des périodes sombrent de notre histoire où un Dieu omniscient profondément en désaccord avec nos vies de pêcheurs  nous envoyait rôtir en enfer pour la moindre petite incartade.

Depuis on a fait du chemin. Pas que l’on ait arrêté les incartades bien au contraire mais, plutôt que d’aller se confesser, on paye des psys très chers afin de comprendre pourquoi on les fait (ce qui peut être très long et peu fructueux mise à part pour le psy). Et pour les moins chanceux, on se lance dans des thérapies comportementales qui comme son nom l’indique mise sur notre comportement, afin de déjouer le mécanisme de nos mauvaises habitudes. Par exemple, une de vos mauvaises habitudes est que vous avez une envie fâcheuse et persistante de vous débarrasser de vos enfants à chaque fois qu’ils vous courent sur le fil à savoir : tout le temps.

La technique de la thérapie comportementale est de noter la situation en la décortiquant en plusieurs points :

 -Le contexte (par ex : mes enfants sont nés insupportables et agaçants, c’est génétique, cela vient de ma belle-famille)

-Ce que l’on ressent (l’envie de les laisser sur une aire d’autoroute 24h/24)

-Comment on a réagi (j’ai essayé de le faire mais ils reviennent toujours, c’est vicieux les enfants)

-Comment on aurait pu mieux réagir (en choisissant, il y a 10 ans, le gars très bien qui est maintenant cadre dans une banque plutôt que mon looser de mari juste bon à engendrer des hyperactifs)

Une fois que vous avez noté tout cela, je n’ai aucune idée si cela soigne mais, ce que je peux dire, c’est que c’est tellement long et fastidieux que vous aurez oublié ce pourquoi vous étiez énervé à la base.

Donc je disais, le Dieu punitif n’est plus à la mode. Aujourd’hui on est plus dans l’aire du psy ou alors d’un dieu qui nous aime tellement qu’il a beaucoup de choses à nous dire. D’ailleurs le rayon ésotérique des librairies regorge de gourous en tous genres qui pensent réécrire l’évangile à chaque fois qu’il leur vient une banalité. Leur créneau général c’est qu’en gros que si t’as une vie de merde, c’est un peu de ta faute figure toi…. C’est parce que tu n’as rien compris à la visualisation, aux attentes positives et à la loi de l’attraction. Tu n’y mets pas du tiens….. Tu dois visualiser toutes les bonnes choses qui vont t’arriver et envoyer de l’amour. C’est pour ça que les gazelles sont des pives… Elles n’ont pas lu « le secret » de Rhonda Byrne, ne comprennent pas qu’il faut visualiser une discussion constructive avec le lion et s’imaginer Reine de la savane, du coup : elles se font bouffer. Que c’est con une gazelle.

A ceux qui n’ont pas lu « le Secret », c’est un livre très utile et qui me sert tous les jours pour poser mon ordinateur portable dessus, lui évite de surchauffer et que j’ai des problèmes de nuque.

Dans ces bouquins on nous apprend aussi que l’on est tous médium. Je n’en disconviens pas. Cependant ils oublient un peu de préciser que c’est comme tout dans la vie, on n’est pas égaux. C’est salaud mais c’est une donnée de base dans notre condition humaine. Non, on n’obtient pas tout, même en travaillant obstinément, si on n’a pas un minimum de don à la base.  Quand il suffit à certains de se concentrer trois minutes pour jouer à « radio au-delà », d’autres passeront des années de méditation assidues pour finir par se demander si les picotements qu’ils ressentent dans le petit doigt n’était pas le signe de la présence de leur cher disparu. Non, ce n’est pas un signe. Ça s’appelle «rester trop longtemps dans la même position » et c’est le début d’une crampe….

Brassens disait que sans le travail le talent n’est rien qu’une sale manie. J’ai envie d’ajouter que sans talent, le travail nous rendra au mieux acceptable, jamais exceptionnel. Si vous n’êtes pas exceptionnel au piano, c’est pénible pour les voisins mais pas tragique (sauf cas rares de défenestration suite à l’exécution de la « lettre à Elise »). Si vous n’êtes pas un médium exceptionnel et que vous êtes persuadé que Jésus veut dire à votre amie Suzanne que son mari la trompe impunément avec sa secrétaire (on manque toujours cruellement de classe et de fantaisie dans la tromperie, c’est bien connu), là les conséquences peuvent devenir tout de suite plus fâcheuses.

J’aurais dû réfléchir à tout cela avant d’accepter de participer à une réunion dont on m’avait dit grand bien. Le Cercle. Non mais j’ai pensé à quoi en acceptant?? Rien que le nom…. J’aurais dû me douter de l’embrouille. Le Cercle… forcément que dans un lieu pareil, si on ne termine pas tous à se faire harakiri pour partir sur Syrius dans le pire des cas, dans le meilleur les trois quart des participants trouveront cet endroit bien plus confortable que leur cellule à l’hôpital psychiatrique.

Vu que j’écris ces lignes, on comprendra que je ne suis pas partie sur Syrius. Mais je crois qu’à choisir : j’aurais préféré. Parce que les participants, comment dire… exaltés, ça j’y ai eu droit.

Avant de continuer, je tiens à dire à ma décharge qu’avant de me proposer cette réunion on m’avait trouvé de grandes capacités médiumniques qu’il fallait travailler. Schopenauer avait raison : la flatterie restera  encore et toujours le meilleur moyen d’arriver à ses fins.

30…. On était 30 dans ce fichu cercle. Pour le côté intime on repassera. Une angoisse me vient. Le dernier medium qui a channelisé (parait-il) ma grand-mère m’a délivré le message suivant de sa part : « Dites-lui qu’il ne faut pas qu’elle pleure, on n’est pas des lavettes chez nous. On n’a pas besoin des hommes, dites-lui ça aussi ! Moi si j’avais pu, j’aurais fait partie des femens. Même avec les seins qui pendent ! Rien à faire ! ». La gêne de cette révélation m’a, sur le moment il est vrai, fait cesser tout envie de pleurer.

J’adore ma grand-mère mais je ne me sentais pas tellement d’humeur dans ce Cercle à parler féminisme et wonderbra….

Cependant je compris bien vite que, aux vues du talent des nombreux mediums en herbe,  mes craintes étaient pleines de prétentions non-avenues.

Tout commence par une méditation. Vous vous imaginez près d’un arbre, tout est calme, vous redonnez à mère nature tous vos soucis. Il suffit de dire le mot « soucis » pour qu’ils viennent vous danser devant les yeux les uns derrière les autres…. Des gens rencontrent durant ce voyage par la pensée des membres de leur famille, Merlin (il y a des gens très cultivés pour savoir à quoi Merlin ressemble. Ma culture se limite à Merlin l’enchanteur créé par Disney),  tout le monde semble vivre des choses fascinantes. Apparemment je suis la seule qui ne rencontre que ma liste de courses du lendemain. C’est fou ce que s’efforcer d’être calme peut être énervant.

Une première médium se lance. Elle a le contacte. Un italien, paysan. Le jeu est de retrouver à qui parmi l’assemblée présente appartient ce mort. La seule italienne des nôtres ce soir-là se dévoue pour laisser entendre que cela pourrait être son grand-père. Le mort est bavard, il ne faut pas vendre son terrain qu’il a gagné à la force du poignet et il est très déçu de ne pas être enterré auprès de sa femme. Je me fais la réflexion que les morts semblent avoir des choses aussi peu intéressantes à nous dire que les vivants, et que si ça continue comme cela, la soirée risque d’être longue. Perdu, se fût pire. L’italien reconvertit en magnat de l’immobilier dans l’au-delà bien qu’inintéressant sera le meilleur contact de la soirée. En tout cas le plus probant.

Une nonne pointe le bout de son nez. Elle semble appartenir mollement à une participante très peu emballée par ce contact. Puis les faits sont plus précis. Elle avait un don de guérison, qu’elle a transmis à sa descendante présente parmi nous, elle l’exhorte à accepter l’amour « tu donnes trop aux autres, accepte toi aussi de recevoir » est le message général. Alléchée par tous ces compliments, la mémoire revient brutalement à la petite nièce indigne. Une nonne ? Mais bien sûre qu’elle en a une dans sa famille, elle a d’ailleurs une photo qu’elle se fera une joie de nous faire partager les fois d’après. C’est tout ce qui manquait à ce Cercle. Des photos jaunies et captivantes de nonnes mortes il y a des lustres et dont tout le monde se fout complètement. Ne comptant pas réitérer l’expérience, j’aurai la chance d’y échapper.

Je trépigne, d’autres morts feront leur apparition. Un autre médium ressent un enfant. Ça dit quelque chose à quelqu’un ? oui ? non ? Non…. Un enfant mort brutalement dans un accident (c’est fou cette manie que les enfants ont de ne pas mourir de vieillesse), cela ne dit rien à personne ? Non toujours pas…. La maîtresse de cérémonie rebondit, si ça ne dit rien à personne, c’est sûrement que quelqu’un dans l’assemblée rencontrera prochainement à qui est destiné le message. Ouaaah. Cette dame est un chat qui retombe toujours sur ses pattes.

Et le message de l’enfant en question me direz-vous ? (oui car ce n’est rien de contacter, encore faut-il avoir quelque chose à dire) Et bien c’est un peu flou. On est tellement occupé à chercher à qui pourrait appartenir le mort que finalement, ce qu’il a à dire est secondaire… Quand on ne trouve pas (ce qui arrivera bon nombre de fois) on passe au mort suivant, on se raccroche à tout ce que l’on peut, «j’ai un comptable qui lit le journal le dimanche matin », même les descriptions les plus généralistes qui pourraient concerner le 80% des gens ne semblent trouver preneur.

C’est interminable foire fouille au mort se termine enfin. On finit par un tour du cercle où l’on doit expliquer ce que l’on ressenti. Et tout  y passe, le moindre picotement à des endroits divers et variés semble être un signe divin. Je suis la seule qui n’a rien ressenti, mise à part un agacement certain. Non je n’ai pas eu plus chaud à une main qu’à une autre. Non ma poitrine n’a pas semblé se gonfler sous des tonnes d’amour et non je n’ai pas l’Archange Michaël qui m’a chanté la cucaracha dans l’oreille, non, non, non. Est-ce moi qui suis bornée où les autres qui sont complètement frappa dingues, la question reste ouverte.

Je rentre chez moi sonnée par le spectacle auquel j’ai assisté. Car contrairement à ce que ces lignes pourraient faire penser, je fais partie des convaincues de la survivance de l’âme à notre vie terrestre et j’ai eu suffisamment de manifestation de la présence d’un aide à mes côtés (plus connu sous le pseudonyme d’ange gardien) pour ne pas mettre en doute le bienfondé du mouvement ésotérique dans son ensemble. Mais face à un tel fiasco je ne peux que me dire que si l’au-delà reste et restera certainement toujours mystérieux, les participants à ces rassemblements seront malheureusement toujours les mêmes. Des égarés, des égomaniaques, des personnalités mercantiles peu scrupuleuses cherchant une clientèle prête à croire n’importe quoi.

J’imagine mon ange gardien dans tout cela, avec des pop-corn et lunettes 3 d, ayant invité d’autres potes gardiens au chômage en leur disant ceci : «Je vous jure.  J’ai tout mis en place pour qu’elle participe à ce truc. La connaissant, elle va détester, quand elle est en boule elle a plein d’idées….. et nous, on va bien se marrer. »

J’aurais voulu être….

Dernièrement j’ai eu une discussion quelque peu enflammée avec un ami (mes discussions sont régulièrement enflammées c’est pour cela que je me vois souvent dans l’obligation de renouveler mon stock d’amis valeureux et fidèles).

L’objet notre dispute était une connaissance commune qui se lance dans la chanson.

Mais qui ne se lance pas de manière normale dans le genre « j’ai un peu de talent et j’ai la folie de penser que ça pourrait intéresser qqn d’autre que moi » non…. Un gars plus dans le style «je chante au karaoké tous les vendredis et je serai star internationale, t’as vraiment de la chance de me connaître »

Jusque-là c’est désagréable…. mais si cet expatrié de la cuisse de Jupiter a un talent de dingue, tu te dis que tu te contenteras de l’écouter chanter sans parler et que ça devrait suffire à ton bonheur.

C’est shootée à la tolérance en kit que j’ai regardé son clip. Cependant et malgré toute ma bonne volonté, j’ai vite effacé « talent de dingue » de mes qualificatifs pour évoquer le spectacle que j’ai eu sous les yeux. Un « sous Georges Michael à ventre brioché s’essayant au porno version 90s », voilà la définition qui m’est venue.

-oui mais il a du mérite ! Il s’est déjà produit en public (par public comprendre : la gaypride de son quartier) et il a déménagé à Londres pour vivre son rêve (je peux déménager à Milan, je ne vais pas interpréter Violetta dans la Traviata pour autant). Qui es-tu pour dire qu’il n’a pas le droit de monter sur scène, moi je trouve admirable qu’il en soit arrivé là déjà et bla bla bla bla (bla bla bla étant ce que j’ai retenu de la deuxième partie de la discussion)

Oui bien sûr. Mon ami est de la génération star ac pour laquelle le quart d’heure de célébrité est un dû, un alinéa des droits de l’Homme. Que quelqu’un ose attaquer cela est un crime de lèse-majesté. Chacun doit avoir la sacro sainte liberté individuelle de nous affliger son manque manifeste d’autocritique, au grand dam de nos oreilles et nos yeux.

Tout cela m’énerve prodigieusement. Car pour moi se taire, même si c’est pour éviter de dire à une personne que ce qu’il fait est complètement pourri, relève plus de l’individualisme que de la grandeur d’âme et de la volonté que l’autre vive pleinement son existence. Si on voit quelqu’un se noyer, est-ce que l’on va se dire qu’il va peut-être apprendre à nager en trois minutes et qu’il faut le laisser faire ses expériences ? Je veux dire par là que lorsque le plantage est si flagrant et surtout que la remise en question ne semble pas au programme, est-ce qu’il faut rester les bras croisés en se cachant derrière la tolérance ?

Nous avons le manque de chance de nous trouver dans une partie du monde où un tas de trolls imbus de leur personne se trouvent du talent pour tout ….Chacun est chanteur, acteur, chorégraphe. Nous sommes dans une période où faire de la provocation bête et méchante suffit pour penser que l’on a des choses à faire partager.

Un reportage m’a frappé il y a quelques jours. C’était une ancienne Miss France qui parlait de sa vie, de la difficulté à vivre une célébrité soudaine auquel elle ne s’attendait pas du tout et toutes les banalités que l’on dit en général quand tout va bien mais qu’on a quand même envie de passer à la télé pour parler de sa petite personne. Le reportage partait de ses 22 ans. Elle nous avouait qu’elle se sentait tellement plus mature est accomplie que durant son règne (à l’époque, elle en avait 18), qu’actuellement elle s’épanouissait dans la publicité où « être Miss France ne suffit pas ! Je ne peux pas me permettre de ne pas aller travailler car j’ai trop fait la fête le soir d’avant» et d’autres révélations chocs du même gabarit… On l’aura compris, une telle maturité force le respect et le stade d’après c’est disciple du Dalai Lama que je pensais la retrouver. Car il faut vraiment avoir fait une recherche en profondeur sur la vie et son sens pour arriver à cette brillante trouvaille que quand on a une activité professionnelle autre que de défiler en maillot de bain, se lever le matin n’est pas une option, non ?

«Découvre la vraie vie avec Miss France », en première page sa révélation : «vous savez qu’on a même pas le droit de se tirer un rail de coke à la pause café ? »

Mais maintenant qu’elle a 26 ans que fait notre reine de beauté pensez-vous? A-t-elle révolutionné le monde de la publicité à la force de son poignet (loin de moi l’idée d’avoir de mauvaises pensées) ? Et bien non. Car depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et une autre vocation s’est imposée à elle, réaliser le rêve de sa vie (en tout cas celui des 10 dernières minutes) : devenir comédienne. Les larmes me montent aux yeux… Depuis quand il faut un talent zéro pour être comédienne ??? Depuis quand c’est le truc que l’on choisit comme une destination de vacances, pour voir ? Depuis quand tous les ploucs de la création, ayant un trouble de la personnalité narcissique pensent que c’est le métier qui leur permettra d’exprimer leur néant ? Ce n’était pas réservé au domaine de la musique ?

Quand on me demande ce que je fais, la réponse pour moi n’est jamais évidente. Et il est parfois décevant de se fendre d’une réponse tout en passion alors que la question ne l’était pas du tout. « qu’est-ce que tu fais dans la vie ? » est souvent la question bateau que tout le monde pose pour avoir qqch à dire et meubler un minimum. La réponse intéresse rarement. Et dans mon cas, elle fait souvent peur

«Mais qu’est-ce qui t’a poussé à écrire un spectacle ? »

« ???? ben je ne sais pas….. je me trouvais absolument nulle en narration alors je me suis dit que j’allais me mettre à faire payer des gens pour écouter mes histoires d’écuelles de caniche nains…. »

(réponse non sarcastique 2 ème essai ) : « euh… et bien parce que c’est qqch pour moi de naturel depuis que je suis petite de faire rire, d’interpréter des personnages, de trouver LE détail à soulever chez les gens, et qu’après de multiples essais infructueux j’ai décidé de m’y mettre sérieusement »

En général on me répond : « Ah…. » Un « ah » qui veut souvent dire « de tous les gens présents, il fallait que je pose cette question à ELLE »

Si on ne me répond pas « ah », mon interlocuteur croit bon de m’énumérer toutes les fois où lui aussi a fait preuve de créativité depuis ses 4 ans.

« Mais tu sais que moi j’ai écrit un livre ? Alors ça parle de moi et de mon apprentissage de la conduite vue par tout mon entourage, ça fait 50 pages et il y a des anecdotes comme la fois où j’étais en ville et que ma voiture s’est mise à fumer. »

Il est vrai que dit comme cela…ça donne envie

Malheureusement, plus qu’anecdotique, ce surplus de vocations en tout genre cache et inhibe de manière désastreuse ceux qui en ont vraiment, du talent…. Des personnes qui auraient des choses à nous faire partager autre que leur égo surdimensionné ou leur Oedipe mal vécu, des gens vraiment talentueux mais qui se noient dans ce culte du rien, et de guerre las finissent par se fatiguer de passer inaperçus.

A l’heure de facebook, exprimer sa créativité (ne serait-ce que pour raconter le 8ème rots de son fiston) doit être à la portée de tout un chacun. Le grand luxe sera peut-être un jour de faire taire ce brouhaha afin d’entendre enfin ce que notre guide intérieur a à nous dire. Et non… ce ne sera pas forcément : deviens chanteur ou comédien.

Bye Bye Hodgkin

Il y a quelque temps de cela je me suis auto diagnostiqué un cancer. Encore un. Cela m’arrive assez régulièrement. Si j’avais eu raison à chacun je serais l’heureuse survivante de deux tumeurs au cerveau, d’un mélanome de la peau, d’un cancer des os, du sein, d’une leucémie et de tout un tas de maladies orphelines rares mais douloureuses et mortelles.

Le dernier en date était une maladie de Hodgkin, c’est un lymphome. Il y en a de deux sortes, les hodgkiniens et les non hodgkiniens (merci internet et wikipédia, durant mon week-end de préparation à ma vie de future malade du cancer, j’ai tellement potassé le sujet que je pourrais passer une thèse). Le hodgkinien fût mon choix.  L’âge, les symptômes, même le taux de survie me convenait.

Tout cela a commencé parce que je me suis découvert une boule dans le cou. J’ai décidé que c’était un nodule, le même que j’avais eu au sein et qui m’avait fait penser à un cancer et qui s’est avéré totalement bénin. Puis, lors d’une visite pour un tout autre sujet chez l’ORL qui finit par tourner au clownesque, le nodule est revenu sur le tapis.

Avez-vous déjà consulté un ORL ? et bien si ce n’est pas le cas, même si c’est votre dernier espoir avant le trépas, je vous conseillerais, plutôt que de devoir franchir la porte de ce cabinet sur l’enfer, d’accepter dignement votre sort et de préparer vos dernières volontés.

C’est en tout cas ce que je ferais.. je préférerais mourir étouffées par mes amygdales purulentes plutôt que de devoir y retourner.

Comment expliquer ? Si j’avais eu une brillante carrière dans les films X, peut-être que j’aurais supporté sans broncher ce qu’il a essayé de m’enfiler dans la gorge….Mais ce n’est pas le cas malheureusement. De plus, j’y allais pour des soucis de sinus… ma gorge n’était pas le propos et je ne voyais pas la nécessité de « toucher vos amygdales, madame… si si ça fait partie du contrôle de routine….Mais non vous n’allez pas me vomir dessus ! Arrêtez de reculer s’il vous plait ! Ben alors collez-vous au siège comme ça vos « réflexes » ne vous feront pas reculer…. Essayer de vous détendre afin de ne pas fermer la gorge. Stoooop. On arrête…. Essayez de respirer…. Oui ok j’en ai touché une d’accord….. mais vous avez deux amygdales….Non l’autre n’est pas « forcément pareil » et non vous n’allez pas me vomir dessus… oui ma tige est très longue mais ça va rentrer tout seul vous verrez»

Ça n’est pas rentré tout seul du tout…. Et j’ai effectivement failli lui vomir dessus…trois fois….tant et si bien que de guerre lasse et aussi parce qu’il avait déjà une heure de retard  sur son planning, qu’il était midi et que sa secrétaire avait mieux à faire certainement que désinfecter le sol de mon vomi, il a abandonné un des examens….et ça n’avait pas l’air d’être un médecin qui renonçait facilement cependant puisqu’il avait passé 20 bonnes minutes à essayer de me persuader que je ne serai pas différente des autres et que tout allait mieux se passer que je pensais. Ça s’est finalement passé beaucoup plus mal qu’il ne le pensait lui….

Et c’est là que nous en sommes arrivés à mon fameux nodule dans le cou. « ça n’est pas un nodule Madame, c’est un ganglion » Ce qu’il ne fallait pas me dire…. « Hey merde…. » « pourquoi merde ? » « ben c’est-à-dire que…non ça ne m’arrange pas.. J’avais décidé que c’était un nodule moi….j’ai pas envie d’avoir un lymphome maintenant quoi…. » « pourquoi un lymphome ? » «un ganglion qui vient de nul part ça n’est pas très bon signe non ? »   « Oui mais il est rassurant, il vous fait mal au touché » « non il ne me fait pas mal… » « si il vous fait mal ! » « non… c’est-à-dire que là, comme ça fait 5 minutes que vous appuyez dessus oui ça me fait mal… mais si je vous appuie comme une malade sur la joue longtemps ça vous fera mal aussi et que je sache, il n’y pas de ganglion sur une joue…. » Air dubitatif du médecin.

Rien à signaler, mes sinus sont normaux, ce n’est pas la source de mes maux de tête (la raison pour laquelle je consultais) je repars avec une ordonnance et un mou conseil de sa part de regarder si je vois une amélioration dans mes maux de tête.

J’ai effectivement vu une amélioration.. j’ai jeté la prescription à la poubelle et depuis je n’ai plus mal du tout…

Cependant, cet idiot d’ORL ne semblait pas avoir pris au sérieux mon statut de malade du cancer stade 4 avec peu de chance de survie. Internet oui. Je pense que je connais tout des palpations diverses et variées des internautes hypocondriaques. C’est ça qui est chouette avec internet, vous le consultez car vous avez peur d’être malade, vous ne repartez pas plus avancé mes avec 4 ou 5 autres potentiels syndromes dont vous ignoriez à ce jour l’existence.

Etant arrivée au bout de toutes les maladies que j’étais capable d’emmagasiner, je décidais donc d’en finir avec mon cancer et de consulter un autre médecin qui lui, comprendrait l’étendue des dégâts et me proposerait le traitement adéquat.

Avec  50 minutes de retard, après que mon GPS soit revenu sur ses affirmations comme quoi mon nouveau médecin avait installé son cabinet dans un sous-sol de parking, je me présente échevelée et en sueur à son cabinet

« Vous n’avez pas un seul ganglion enflé Madame » «Hein ? » «  vous en avez tout un tas… » « non. J’en ai un ! Et c’est le cancer…. » « Je sais que ça fait médecin qui essaie de rassurer mais…essayez de ne pas paniquer…. » (que qqn me dise si la phrase « essayez de ne pas paniquer » l’ a déjà rassuré…)  «  je ne suis pas paniquée….j’aimerai juste que l’on comprenne que j’ai le cancer… c’est tout » « il y a une multitude de raisons pour lesquelles les ganglions enflent sans que ce soit le cancer… les maladies des griffes du chat par exemple» «  je n’en ai pas » « la mononucléose » « A chaque angine on m’a annoncé la mononucléose… je suis dans le Guiness comme étant la personne ayant contracté le plus de fois la mononucléose dans sa vie…. On peut prévoir une biopsie s’il vous plait ? je suis dispo vendredi » « On prévoit une prise de sang demain et je vous dis que tout va bien… » « tous les malades allaient bien avant de savoir qu’ils étaient en phase terminale docteur » (cette phrase n’est pas de moi mais de ma mère qui a sans doute voulu me soutenir dans mon incrédulité à penser que je n’avais rien….)

Je débarque le lendemain au cabinet sans GPS cette fois. La secrétaire chargée de faire  la prise de sang me demande depuis combien de temps je ne dors pas. Manque de chance, dormir, c’est la seule chose qui va parfaitement bien chez moi…. Je n’ose pas lui dire que c’est ma tête normale du matin, celle que j’ai quand je tombe de mon lit et que mon statut de cancéreuse ne pousse pas la féminité à me maquiller avant ma prise de sang…..

« Alors ? on teste Epstein Bar (mot compliqué pour « mononucléose »).. .. c’est courant chez les gens fatigués comme vous l’êtes…. » Encore une fois je n’ai pas jugé bon de lui dire que je n’étais pas fatiguée, ni les 6 autres fois où elle mentionnera ma mine qui semble décidément faire peur…

Nous parlons de tout et de rien…. de Tchernobyl et de ses effets catastrophiques sur les thyroïdes, des taux de cancer anormalement élevés dans la région.. la routine quoi… je repars, on doit me rappeler dans l’après-midi pour me donner les résultats.

Je vais passer les détails de Epstein Bar qui est effectivement actif mais dont il faut attendre pour savoir si l’infection est récente ou pas, sur mon taux de lymphocytes qui est rassurant mais élevé cependant, et sur la multitude d’explications que le médecin me transmettra par téléphone (il y a deux types de médecins, ceux qui ne vous parlent pas car ils vous pensent idiot, et ceux qui vous parlent comme à un confrère et qui pense que de vous parler de votre taux de lymphocytes vous donnera un idée précise de votre état). Je ponctue la conversation de « moui okay…alors c’est bien d’avoir des lymphocytes ? c’est un truc de corps humains normal quoi.. oui alors je suis contente d’en avoir du coup…. ». je raccroche après qu’il m’ait dit qu’il n’y a rien à faire mise à part attendre que cela parte tout seul…Ils se sont passés le mot avec l’ORL ou quoi ??? Je jette quand même un œil sur internet pour essayer de savoir à combien est le taux de lymphocytes quand on a un lymphome. Tous les articles que je trouve sur le sujet comportent 5 mots que je ne comprends pas par phrase. De guerre lasse, j’abandonne mon cancer et la partie.

Puis, des choses me reviennent en tête. L’apparition du ganglion une semaine pile poil après une dispute. Des textes de spectacles repris 145 fois dans le but, si ce n’est d’avoir le paragraphe parfait, de les rendre moins merdique que mon soucis du détail ne me les font voir. J’ai pensé à une fille que j’étais qui ne vivait que pour jouer, qui ne jouait pas et qui multipliait les maladies diverses et variées.

J’ai pris mes textes. Je les ai trouvés bons. J’ai arrêté de faire la feignasse et j’ai commencé à les apprendre (l’avantage de les ré écrire 150 fois et qu’ils ne mettent pas longtemps à être mémorisés). Dans mes aller- retours à dire mes répliques, à en tester d’autres, j’eu cette impression rare que l’on a peu de fois dans sa vie, celui d’être parfaitement à ma place.

J’ai appris deux textes en deux jours, il m’en reste 9, et après….je sais que le reste suivra.

J’ai dit à mon ganglion qu’il n’avait plus de raison d’être là, et, depuis, il n’a pas complètement disparu mais il est en bonne voie et surtout, il ne me préoccupe absolument plus , l’endroit où je jouerai m’intéresse beaucoup plus. C’est à ça que je pense quand mon regard ou mes doigts s’arrêtent dessus. Au revoir Hodgkin est merci pour le coup de pied au cul royal que tu m’as foutu !

Les étapes du deuil

Quand tu romps, ou plus précisément quand ton/ta conjoint(e) a décidé d’un commun accord qu’il valait mieux pour tous les deux en rester là, il y a un moment charnière….Enfin, il y en a plusieurs. Des livres ont été écrits à ce sujet reprenant les fameuses étapes du deuil décrites par la Doctoresse Kübler-Ross :

1. le déni (oui ok tu veux partir, mais on part où en vacances cet été ?)

2. la colère (ok tu veux partir mais de toute manière ce n’est pas super grave parce que tu es un gros naze/une grosse truie)

3. le marchandage(si tu restes j’arrête de te traiter de gros naze/de grosse truie)

4. la dépression (bouhouhouhouhou/temesta/bouhouhouhou, et dire que j’en suis là à cause de ce gros naze/cette grosse truie)

5. l’acceptation (finalement c’était vraiment un gros naze/une grosse truie)

On passe par tous ces stades, parfois un nous est épargné, parfois on retourne en arrière, certains durent d’autres pas, mais en règle générale on n’y coupe pas, même si l’étape « acceptation-dans-les-bras-du-premier-venu », très pratiquée et qui fait sauter à pieds joints sur toutes les autres, faisant gagner un temps précieux, a été oubliée…..

Le mot « amour » étant utilisé pour tout et pour rien, c’est à se demander si ces étapes initialement créées pour accepter sa mort prochaine n’ont pas été un peu galvaudées en les appliquant sur les relations amoureuses. De plus, nous n’avons pas les mêmes attentes et nous ne sommes pas doté de la même sensibilité, ce qui a pour résultat de générer de profondes injustices quand il s’agit de se remettre d’une déconvenue sentimentale.

Certains se tapent 5 ans de lecture intensive d’ouvrages sur le développement personnel. Des best sellers où tu apprends que si tu ne t’aimes pas toi-même comment est-ce que diable ton conjoint le pourrait ? (moi qui pensait que de se dénigrer du matin au soir était super sexy me voila consternée). Si tu en es là, c’est la faute de ta mère qui t’a donné une image désastreuse de toi-même car ça lui vient de sa propre mère et de la mère de sa mère (on oublie souvent qu’ils n’étaient pas les rois de la déconne dans les années 1800 et quelques).

Merci pour l’éclairage mais de toute manière dans la moitié des problèmes que tu rencontres dans ta vie : blâme ta mère. Elle culpabilise sur déjà tout un tas de trucs te concernant, et pas du tout ceux que tu lui reproches réellement, alors un peu plus un peu moins=aucune différence.

Tu apprends également que si tu choisis des relations qui foirent, c’est par loyauté envers ton père et sa vision de la femme qui lui vient de sa mère et bla et bla.

Dans l’autre moitié des problèmes que tu rencontres: blâme ton père. De tout ce que tu lui reproches, il ne culpabilise absolument sur rien, ce n’est pas maintenant que ça va changer.

Super, donc ce n’est pas de ta faute ! Tu penses pouvoir t’en tirer avec les honneurs et, pour le même prix, tailler un costard à tes parents. Et bien que neni ! Oui car même si se victimiser et juger les autres font partie des grands plaisirs quotidien, ça n’attire pas vraiment les faveurs des coachs de vie… Non pour eux ça s’apparente plus au diable avec son trident. (Alors si tu le fais, opte pour la manière discrète et détournée afin que l’on se dise « oh la pauvre, elle est bien courageuse » et non pas « mais c’est qui cette chieuse qui se plaint tout le temps ? »). Toutes ces considérations du tome 1 t’amènent gentiment au tome 2 où on t’apprend en vrac et dans le désordre : à prendre en charge ta propre destinée ; à choisir des relations moins pourries (car tu ne le savais pas mais avant, tu voulais échouer, réussir tu trouvais ça trop chiant), et comment faire pour aimer moins (il y en a qui savent doser l’amour, pas toi, si ton arrière-arrière-grand-mère avait pu se douter, elle aurait desserré son corset et fait un peu plus la danse du slip pour permettre aux générations suivantes de se détendre et de ne pas rater leur vie).

Et pendant que tu squattes tout le rayon « développement personnel » de la FNAC, il y a ceux, le nombre infini de gens, qui ne se posent pas tant de question et qui s’en fichent complètement de comprendre pourquoi ils ont foiré et ce que leur mère à avoir là dedans. Ceux qui en sont à : enfant 3 avec conjoint(e) 2, rencontré(e) dans les trois mois qui suivent  euh…précèdent leur divorce avec conjoint(e) 1.

Ce qui est important à ce stade du problème c’est : comment élégamment refourguer enfant numéro 1 et 2 pour avoir du temps avec conjoint(e) 2 et se réaliser parce-que-les-gosses-et-la-maison-ça-va-un-moment. (enfant 3 manque à l’appel, on ne sait pas où il est et on s’en fout, mais alors COM PLE T’MENT).

Il y a une époque pas si lointaine, l’enjeu du divorce était les enfants. Pour culpabiliser son futur ex et lui pourrir la vie, on le menaçait de faire en sorte qu’il/elle ne voit plus ses enfants. Puis on a remarqué que l’être (tellement) aimé partait quand même et que l’on se retrouvait seul avec les gosses sur les bras pendant que l’autre se consolait à Phuket en apprenant les « crazy signs » du club med. Ce n’est pas normal on est d’accord. C’est même absolument odieux que le chantage affectif ne fonctionne pas mieux que cela.

Cette tactique étant nulle on l’a changée. Maintenant, si on veut vraiment toucher l’autre, on le plante avec les gosses. Exit « mon fils ma bataille » ou « jamais sans ma fille », ça n’est plus porteur, c’est passé de mode. Par contre, le jour ou quelqu’un à l’idée d’écrire une chanson sur comment faire pour se recaser rapidement malgré le fait d’avoir engendré 2 hyperactifs sous Ritaline, je suis sûre que ça fera un carton.

Balavoine et Betty Mahmoodi 0 – la garde alternée/les garderies/la belle-mère et tout ce qui permet de se débarrasser de ses gosses 10 points vainqueur par ko.

Il est vrai que l’amour ultime et romantique n’a pas vraiment fait ses preuves ou que dans des livres classiques. Les héros meurent avant que le quotidien ait passé par là. Est-ce que Roméo aurait bu la fiole de poison après avoir remarqué durant leurs années de vie commune que Juliette était rasoir et bordélique ? Pas sûre. On en demande d’ailleurs pas tant à tout ceux qui zappent et qui rebondissent avec une facilité agaçante. Mais juste un air un peu triste, un semblant de coup de mou, ne serait-ce que pendant quelques heures, par solidarité envers tous les inconsolables, qui se les sont tapées ces étapes du deuil, qui les ont bien senties passer, qui ont mêmes innové en en rajoutant quelques unes. Celles qui s’obligent à accepter des verres comme d’autres font leur devoir scolaire, juste pour paraître normale et qui vont se résoudre à acheter « Ses femmes qui aiment trop » tome 2, le tome 1 étant visiblement peu intégré.

 

Into the wild

“Into the wild”, le film sur la liberté par excellence. Je ne l’avais jamais vu. A l’époque où il est sorti je savais que les grandes idées profondes risqueraient de me perturber encore plus que je ne l’étais déjà. Embourbée dans une vie que je ressentais comme une prison sans possibilité de remise de peine, je ne voulais pas voir un type qui me fasse prendre conscience que j’avais une vie de merde (d’ailleurs je le savais déjà) mais qui en plus, avait le courage de suivre jusqu’au bout ses aspirations. Non, la profondeur ne fait pas toujours du bien. Les choses vides de sens et d’intérêt nous conviennent souvent parfaitement. Autrement pourquoi la plupart des buzz sont fait d’écervelés qui nous gratifient de leur pensées stériles sur la vie ? Tout simplement parce que c’est stupide, ça ne demande pas à réfléchir, et ça montre à notre jeune génération qu’il suffit de parler sa langue maternelle moins bien qu’un étranger pour avoir une vie trop géniale et conduire une grosse voiture à Miami. En clair : ça flatte l’idiot qui sommeille en nous.

Donc je n’ai pas vu «Into the Wild » à sa sortie. J’ai bien fait quelques essais par la suite. Le « ouais ben il meurt à la fin » lors d’une discussion animée m’avait définitivement plombé l’envie de le voir. C’est un truc utile à savoir : lors d’une discussion de couple qui pourrait potentiellement mal tourner (donc le 95 % des conversations banales) ne donnez jamais vos projets cinématographies de votre soirée à votre conjoint. Ils n’ont rien avoir avec la discussion mais ils peuvent faire l’objet d’une vengeance. Mes plates excuses également si vous lisez ces lignes et que vous n’avez pas vu le film. Mais sachez que ce n’est de loin pas son attrait principal, et que mince quoi ! Nous sommes en 2013 et vous n’avez PAS ENCORE vu « into the wild » ??

En ce qui me concerne j’ai fini par le voir et j’ai suivi Christopher dans sa quête d’absolu.

Issu d’une famille bourgeoise, tout frais diplômé et destiné à un grand avenir (selon nos valeurs communément admises en occident) Christopher décide de tout plaquer pour aller vivre sans montre ni contrainte en marge de ce qui définit nos bases : maison/travail/conjoint/voiture

Vivre en marge, tout plaquer et ne rien regretter, aspirer à mieux que ce que l’on attend de nous ou à quoi on a assisté étant enfant, jusque là, j’adhère à 300% . Et même si comme lui, je ne me sentirai pas de vivre dans un bus abandonné ou de tuer puis dépecer un renne pour me nourrir, j’ai cependant mis en place dans ma propre vie quelques bases afin de me lancer dans mon propre « Into the Wild ». Vivre dans un 3 m2, déguster mes repas à même le sol devant une télé d’il y a 15 ans, avoir une cuisine qui se résume à un placard, bref à par si c’est pour vivre à côté d’une rivière insalubre infestée par le paludisme, je ne pense pas que j’aurais du mal à changer de vie. J’ai déjà prévu mon futur déménagement pour l’inconnu avec mon voisin albanais du dessus en lui disant ceci : vous me prenez tout ce qu’il y a et vous l’emmenez à la déchetterie la plus proche.

Oui pour être sûre de ne pas m’empêcher de bouger pour de mauvaises raisons, j’ai fait de mon appartement un endroit tellement improbable que je n’ose même pas y convier le réparateur de store. Telle une réfugiée en situation irrégulière, une usurpatrice,  je m’attends à partir du jour au demain, ma valise sous le bras. Heu mes 13 valises sous le bras….. Je ne suis pas matérialiste mais je suis vestimentaliste. Je verse une larme à chaque fois que je dois me séparer d’un des mes habits. J’en suis incapable. Une fois j’ai lu tout ce que l’on ne porte pas depuis au moins un an, on devrait s’en débarrasser. J’ai appliqué ce conseil judicieux. Je me suis forcée à porter des choses qui ne m’allaient plus ou complètement démodées au moins une fois dans l’année afin de me prouver que j’avais bien raison de les laisser saturer mon armoire (qui n’est guère plus grande que la cuisine).

Ayant passé tellement de temps en thérapie que j’aurais tout aussi bien fait de passer un doctorat je n’ai pas de mal à comprendre que je m’efforce de ne m’attacher à rien, mais que ce qui me touche de trop près (et qu’est-ce qui nous touche de plus près que les habits finalement) je ne peux plus m’en détacher.  J’arrête là la psycho bon marché. Parce que si mes nombreuses années de psychothérapie m’ont bien appris une chose, c’est que de savoir pourquoi on agissait d’une certaine manière était certes très intéressant et utile pour le chantage affectif avec vos parents (« oui si je rate ma viiiie c’est de votre faaaaute ») mais que la compréhension de nos tares n’étaient d’aucune utilité pour les résoudre. En gros c’est aussi probant qu’un garagiste qui te dit que ta voiture n’avance plus parce que ta pompe à eau a lâché et qui se barre en te laissant en rade sur la route, non sans t’avoir souhaité une excellente journée. Un garagiste tu l’insultes, un psy tu le trouves intelligent et tu prends rendez-vous encore et encore pour faire plein de découvertes qui ne servent à rien, à part de savoir que tu as de bonnes raisons d’être comme tu es. Donc tu rentres chez toi, tu te mets du Lana Del Rey et tu te tires une balle. Je n’ai jamais essayé de me tirer une balle mais je pense que Lana Del Rey et son côté « tout est grave mais finalement pas tant que ça puisse que l’on va tous mourir », s’y prête particulièrement bien.

Avec mon envie de prendre le large et mon aversion totale pour le lieux communs censés rendre notre vie acceptable, j’étais le prototype même de la personne qui devait aduler Christopher, prendre des notes pendant tout le film et m’acheter le lendemain « les plantes comestibles pour les nuls », étant donné que son livre à lui s’est avéré peu adapté pour un néophyte.

J’ai au contraire eu envie de lui tirer des claques dès les premières minutes du film.

Il part parce qu’il ne veut pas faire comme tout le monde, il ne veut pas suivre l’exemple de ses parents et de leur mariage calamiteux auquel ils n’ont pu se résoudre à mettre un terme, dégoûtant définitivement leurs enfants de toute vie de couple et familiale, d’accord….mais bienvenue dans le triste constat de la bonne moitié de cette planète : nos parents nous vaccinent de passer devant le maire dans le meilleur des cas, de tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à une vie de couple dans le pire.  Et l’autre moitié de la planète me direz-vous ? Et bien ils ont la chance d’avoir des parents divorcés et l’immunité pour se plaindre des préjudices rencontrés. Vous ne faites jamais le poids avec des enfants de divorcés. Ils ont double chambre, double vacances, des parents à leur petits soins qui ne sont pas soulés de les voir tous les jours, des parents qui ne veulent pas gâcher le précieux temps ensemble à leur chercher des poux, MAIS…. leur foyer a été brisé, c’est une créance à vie. Si le vôtre a été maintenu, coûte que coûte, à bout de bras, mais que vos parents sont restés ensemble, vous ne faites pas le poids sur l’échelle des enfances qui craignent, même si vos arguments sont en béton, il faut le savoir.

Mais revenons à Christopher…..Pour ne rien améliorer à sa vision, lucide certes, mais radicale du monde qui nous entoure, il se nourrit (à part des plantes toxiques) de grands auteurs dépressifs et alcooliques, qu’il lit pompeusement avec des lunettes de lecture ce qui, à moins de 45 ans est complètement inutile et lui donne un air intello prétentieux.

 La plupart des mariages sont à l’image de celui des parents de Christopher : on reste ensemble par peur, par habitude, par commodité, par ce que l’on croit être de l’amour, rarement parce que l’on est heureux (ou alors les nombreux exemples que j’ai eu sous les yeux cachaient leur épanouissement de manière magistrale) ; et oui, les auteurs dépressifs avaient toutes les raisons de l’être, la sensibilité dans la perception du monde n’étant pas le chemin le plus court pour être heureux mais plutôt celui pour la boite de barbituriques.

Mais est-ce que l’on peut se contenter de fuir l’amour ou les relations humaines parce que tu as lu ou vu que ça faisait souffrir ? Non. Tu dois comme tout le monde, te manger le bitume. C’est un rite de passage. Après tu dis ce que tu veux. Après, tu te plains, après tu expliques que l’on ne t’y reprendra plus… Après, pas avant. Autrement ce n’est pas juste. Ce n’est pas juste pour tout ceux qui ont cru ou fait semblant de croire qu’ils y arriveraient mieux que les autres et qui payent lourdement leur prétention en se mettant bêtement à pleurer lorsqu’ils font la vaisselle parce qu’ils se rappellent en lavant une casserole qu’ils ont le cœur brisé. Oui parce que l’on ne pleure jamais sur le moment, on ne pleure jamais quand on reçoit le coup, on pleure toujours pendant des trucs qui n’ont rien à voir avec ce qui nous touche et on se trouve pathétique à souhait.

C’est des moments où comme tes parents que tu juges durement (ça sert à ça des parents) tu te rends compte que face à certains événements de la vie, la théorie est belle mais que la pratique en est une autre, tu apprends l’humilité et ça ne fait pas de mal….

J’ai passé sur mon envie de lui tirer des claques pour avoir, malgré son jeune âge, tout compris à ce que le commun des mortels mettent toute une vie à comprendre ou ne comprennent jamais, que ce n’est pas en vivant une vie toute tracée de contraintes, en étant adapté mais malheureux que tu quitteras cette terre le cœur léger avec le sentiment de ne rien avoir à regretter.

J’ai ravalé ma jalousie de ne pas avoir moi aussi pris ma voiture un beau matin en laissant mes clés d’appartement à l’albanais du troisième étage sans autre explication.

J’ai admiré son courage, sa détermination et je me suis dit que, certes, m’attachant bien malgré moi au lien invisible du cœur, mon « Into the Wild » à moi serait sans doute moins extrême, mais obstiné et passionné, ça oui, je saurais faire.

Un petit tour et puis va s’en aller

Il serait temps. Six mois que l’on ne voit et n’entend qu’elle, six mois qu’elle défend la famille qui ne lui avait rien demandé, six mois que les enfants qu’elle aime tant auront appris que Frigide pouvait être un prénom (on laissera le soin à ses partisans catholiques de leur expliquer sa signification). Et pourtant, qui aurait pensé cela d’elle, en la voyant, il y a deux ans dans un reportage d’ « envoyé spécial » consacré aux assistants de personnalités. Sortant de son bureau, demandant à son assistant de voir avec sa fille (à elle pas à lui) ce qui lui ferait plaisir pour son anniversaire, puis d’organiser sa fête. Très occupée à écrire son prochain livre, s’auto-félicitant pour son excellent travail de la journée, Mme Barjot ne m’avait pas semblée particulièrement portée sur le thème « les enfants, ma bataille » dont elle nous abreuvé jusqu’à la nausée ces derniers mois, mais…passons….

Mme Barjot, je vous ai vue et revue et re revue en interview et je l’ai bien compris, vous aimez les homosexuels. Vous n’avez rien contre eux et si les enfants n’étaient pas impliqués dans le débat vous seriez la première à leurs côtés pour militer en vue d’une union. Non vraiment vous les aimez, comme bon nombre de vos acolytes de la Manif pour Tous. Les mêmes qui avaient d’ailleurs également protesté contre la Pacs il y a 15 ans alors qu’aucun pro n’osait inclure les enfants dans le débat, tellement ils étaient déjà content que vos amis conservateurs ne proposent de remettre l’homosexualité dans les maladies mentales.

Les enfants pourtant, existaient déjà bel et bien, les homos sachant faire des enfants par eux-mêmes. Une enquête est toujours en cours pour savoir comment ils ont eu accès à ces données confidentielles mais internet est sur le banc des accusés ainsi que toutes les personnes racontant des histoires de butinage de fleurs aux enfants avant de savoir à quelles fins elles seront utilisées 20 plus tard…..Le résultat est que, oui, les homos ont des enfants et ne vous ont pas demandé votre avis avant de les faire. Comme vous vous êtes foutue éperdument du leur quand vous avez fait les vôtres. Cependant ils aimeraient, si ce n’est pas trop vous demander, que vous ne foutiez pas le nez dans leurs affaires, quand ils font de leur mieux pour essayer de les protéger. Pas de vous et de votre image d’Epinal de la famille qui avait déjà du plomb dans l’aile (beaucoup d’enfant n’ont pas forcément de papa ou de maman pour plein de raisons annexes que le désire perfide des homos d’éradiquer définitivement le sexe opposé de la planète). Rien de tout ça, mais simplement se prémunir, juridiquement du moins, des aléas de la vie qui touchent tout le monde, sans discrimination.

Il n’y a donc pas lieu d’un débat sur qui peut faire des enfants ou pas car cela est absolument incontrôlable.

Je vous ai entendue condamner Civitas et les casseurs de salir votre mouvement si pacifiste et demander fermement aux autorités de faire leur travail pour contenir les débordements qui ne sont pas de votre ressort. Ce n’est pas de votre faute à vous, ça ne l’est jamais.

A quoi pensiez-vous Mme Barjot. Qu’avec des idées pareilles, vous alliez vous associer avec le fan club de Casimir ? Que tous vos amis qui lèvent les poings, le visage fermé, l’œil rageur, chargeant les journalistes et les policiers sont motivés uniquement par l’amour du mariage et des brunchs familiaux ? Vous rendez –vous seulement compte que, que si les Nostradamus de votre espèce nous prédisant l’apocalypse sociétale chaque fois qu’une avancée des droits n’était pas dans leur conception de ce qui est bon ou pas, si les ancêtres de vos militants à pulls roses avaient eu gains de cause il y a 50 ans, vous ne seriez pas là. Vous seriez dans votre cuisine à demander l’avis de votre mari pour sortir faire des courses. Pas de travail, pas d’écritures de bouquin, pas de manif, et nous serions passé à côté de votre tube « fais-moi l’amour avec deux doigts ». Auriez-vous aimé à ce moment-là que des voix s’insurgent pour un retour aux vraies valeurs familiales, vous coupent le micro (que ça aurait été bien) et vous renvoie chez vous vous occuper de vos gosses ?

Vous avez dans vos manifs des gens qui, comme vous, savent tellement mieux que tout le monde ce qu’un enfant a besoin pour son développement qu’ils leur font porter des panneaux à slogans alors que certains ne savent même pas lire (et tant mieux pour eux). Personnellement je pense que c’est plus sympa de les emmener faire du vélo le dimanche, quelles que soient ses convictions sur le sujets, que de suivre vos potes roi de la prose qui leur  hurlent dans les oreilles que quand on a pas une maman et un papa, c’est mal et que bientôt « certains voudront épouser leurs animaux de compagnie ». Mais je ne suis pas comme vous, une experte es-famille….

Ce qu’il a de sure c’est que même si ces gosses ne savent pas forcément ce que le mot homosexualité veut dire, ils sauront l’associer à quelque chose qu’il ne vaut mieux pas être. Garantissant votre relève ou les névroses d’acceptation de soi chez les futurs homos. Car oui Mme Barjot, dans les enfants que vous exhibez, il y aura des homos, c’est statistique. On peut imaginer les effets que ça aura.

Sans compter que les enfants d’homosexuel(le)s ne sont pas sourds. Les idées que vous véhiculez et qui dévient vers de l’homophobie décomplexée, eux aussi ils les entendent. Si être enfant d’homo à la base n’était certainement pas un problème pour eux, la stigmatisation que vous entrainez de vos sillages va vite le devenir.

Mais laissez moi devinez, ça non plus vous ne le vouliez pas ? Que vouliez-vous dans le fond ?

Réunir des gens qui ont pour seul point commun non pas leur amour de la famille mais le rejet d’une minorité? Présumer des conséquences d’un sujet que vous maîtrisez ma foi fort mal sans même envisager que les parents, même gays pourraient agir tout comme vous dans l’intérêt de leurs enfants ? Attirer enfin sur vous des projecteurs que vos livres ne vous ont jamais donnés ?

Quelques soient les raisons conscientes ou non qui vous poussent à mettre tant de hargne à combattre une loi qui finalement ne vous concerne pas, ce qu’il a de sure Mme Barjot, c’est que chez les homos, les enfants ont été et seront désirés et aimés (on compte très peu de cas chez eux de test de grossesse en catastrophe un lendemain de fête). Même si l’amour parfois, persuadé de son bon droit et sous couvert de bons sentiments, vous nous l’avez appris douloureusement, peut devenir le pire des fardeaux.

I’m a free bitch baby

Hier j’ai entendu une discussion sur le bienfondé ou pas de légaliser le travail des « assistant(e)s sexuel(le)s ». Pour faire court, les assistant(e)s sexuel(le)s sont  des personnes que des handicapés payent afin d’avoir des relations sexuelles. Vu le nom me direz-vous, on se doute bien que ce n’est pas pour améliorer de manière significative leurs résultats de bridge.

Cette profession est légale dans beaucoup de pays, à l’exception de la France, et le film « the sessions » traitant de ce sujet met sur le devant de la scène un débat peu connu et dérangeant. En règle générale, tout ce qui traite de près ou de loin de la chambre à coucher des individus, nous met mal à l’aise. Bienvenue dans un monde ou tuer des gens sans l’ombre d’un scrupule vous assurera une notoriété macabre, mais ou le simple fait de dire b*tch vous lancera la censure aux fesses. Ça me fait d’ailleurs toujours rire quand les stations de radio coupent de manière peu fine dans la moitié des chansons d’artistes américains. C’est pousser un peu loin la bigoterie mais enfin….certainement que ça épargne des milliers de petits francophones d’êtres choqués à vie en entendant  l’équivalant anglais de vilains mots français qu’ils ont déjà appris il y a belle lurette.

Bref la grande question du débat était : la profession d’assistant(e) sexuel(le) peut-il être apparenté à de la prostitution ? On l’aura compris si la réponse était positive, c’était INACCEPTABLE et il fallait s’en indigner (pas que ce soit considéré comme de la prostitution mais que ce soit de la prostitution, nuance). La loi sur le mariage homosexuel étant bientôt de l’histoire ancienne, la rue  et les dimanches pour manifester disponibles, cela donnera tout loisir à tout un chacun de montrer sa désapprobation et donner son avis sur ce qui se passe dans la chambre à coucher d’autres personnes. Oui car on n’aime pas en parler, mais on adore s’en mêler.

Tout cela m’a fait réfléchir et je me suis demandée ce qui moi, dans la multitude de job « to pay the bill » que j’ai fait, me différenciait des prostituées ? Mise à part le fait que si je devenais une prostituée mon tarif horaire serait multiplié par 20, on est d’accord. Qu’est ce qui fait que moi, sous prétexte que je ne me déshabille pas (et encore…), le fait que je donne mon temps pour de l’argent, me rend plus respectable qu’une prostituée ? Ce qui me fait douloureusement penser également que si j’avais eu la présence d’esprit de facturer au tarif prostituée toutes les personnes qui me trouvaient l’amie la plus formidable du monde et qui ont disparu au moment où ils ont compris que l’amitié selon mon dictionnaire n’incluait pas le passage « se voir tout nu », je serais la Baronne Brandstetter 2.0 à l’heure qu’il est.

J’ai fait une multitude de boulots alimentaires, j’ai assisté à beaucoup de choses aberrantes. Des chefs d’entreprise qui exigeaient que leurs secrétaires soient dans leur bureau puant le tabac à la première heure afin de leur servir le café avant qu’ils aient posé leur royal fessier sur chaise. «  Je suis un nostalgique des années 50, bonjour ». De toute manière, prendre sa secrétaire pour une serveuse, est-ce pire que de considérer que c’est une écervelée juste bonne à faire des photocopies et à faire des panneaux créatifs pour indiquer la porte des toilettes, ce qui est à quoi ce résume ce travail dans bon nombre d’entreprise, je vous en laisserai seul juge….

J’ai vu des «petits » chefs, capable de me dire le nombre de fois par jour dans lequel je me trouvais aux toilettes justement… On ne nous paye pas pour aller aux toilettes c’est bien connu, on nous paye pour faire des panneaux qui les indiquent. Cependant quand on s’ennuie farouchement, c’est un haut lieu d’inspiration. Et paye-t-on des gens pour compter le nombre de fois ou d’autres vont aux toilettes ?

Lors de interviews pour ces boulots on me faisait passer de nombreux tests « psychologique » avec des questions aussi fines que « vous avez un problème dans votre travail, que faites-vous ? »

 a. vous êtes un super employé et vous tentez de le résoudre quitte à y travailler des jours des nuits et le week-end

b. vous êtes incompétent, colérique et narcissique donc vous hurlez sur tout le monde avant de claquer la porte (non sans avoir envoyé une lettre menaçant le DRH de mort).

Des questions très dures à déchiffrer n’est-ce pas ? On m’a même prétendu qu’après un test de 50 questions toutes plus débiles les unes que les autres et corrigées par un ordinateur, on pouvait me parler de ma personnalité. Tout un programme… Pourquoi je me suis ruinée en psychothérapie alors qu’un ordi me connait mieux que ma mère nourricière hein ??? J’imagine l’analyse que cela doit donner suite à des questions pareilles. Analyse qui doit aller de « vous êtes qqn de très productif pour nous heu…pardon…vous êtes qqn de bien » à « selon mon analyse psychologique générée automatiquement par microsoft, vous êtes un gros schyzo ». 

On me demandait aussi quel était ma motivation à travailler dans leur entreprise. Quelle autre réponse que « ben…. l’argent…. » vous vient à l’esprit à vous ? Je ne dis pas que c’est la seule raison, je dis que c’est la première que toute personne sensée se doit d’énoncer. Sans blague ! On vous donne 10 millions, vous vous tapez votre réveil matin, les bouchons, et les histoires de week-end désespérément plates de vos collègues vous ? Personnellement pas.

J’en reviens donc à ma question, qu’est-ce qui rend tout cela plus acceptable que la prostitution ?

Et je ne pense pas que cette question se limite au travail alimentaire, ou au travail tout simplement…. Si un jour on me demande d’effacer ou de modifier un passage de l’un de mes textes, est-ce que mes principes rebelles seront toujours d’actualité ? et qu’en est-il des personnes qui restent mariées uniquement parce que leur mariage s’avère être un contrat immobilier mal rédigé et que ça ferait mal de troquer la  BMW contre une twingo? Ou au contraire, des gens qui restent dans des relations où ils vont jusqu’à se renier eux-mêmes sous couvert du mot magique « l’amour » alors que la vraie raison qui les font rester n’a rien à voir de près ou de loin avec un quelconque sentiment amoureux mais plutôt avec la peur pathologique de la solitude ? Quand vous et moi, nous terrons dans une prison que nous avons-nous même contribué à construire, juste parce qu’elle nous donne une bonne raison devant notre manque de courage à avancer, sommes-nous plus vertueux que des prostituées ?

Alors à tous les gens de bonne volonté qui montrent du doigt cette profession si facile à critiquer, je dirais ceci : A un moment de notre vie nous sommes tous putes et soumises quel que soit le maquillage que l’on y mette : le système, l’amour, sa sécurité matérielle. Tous sans exception, nous nous prostituons pour servir nos intérêts. L’accepter c’est faire le premier pas vers la rédemption

Un jour en classe d’allemand

la prof nous avait lu une histoire sur un gars qui attendait des fleurs dans la main que sa dulcinée daigne enfin se pointer à leur rendez-vous. Les filles sont fashionably late, c’est bien connu. Et si elle est comme moi, l’heure de rendez-vous est l’heure à laquelle elle part de chez elle. Parce que j’ai toujours un imprévu…. Un impératif, très urgent…. Comme par exemple lire les conseils de « ne ratez plus jamais votre eyeliner.com », mal comprendre lesdits conseils, essayer de rattraper les dégâts, pour finir par envoyer un sms d’excuse du genre « dslé en retard, j’ai aidé un aveugle à rentrer chez lui, là dans 5 mntes ». Le retard sera beaucoup plus long. Et vous auriez plus tendance à rouler sur l’aveugle parce qu’il a traversé au moment de changer le poste de radio que de lui donner une main charitable mais…..cependant, contrairement à ce que l’on a essayé de vous faire avaler quand vous étiez enfant, dire la vérité ne vous rapporte rien, mise à part des ennuis. Avoir de l’imagination dans le mensonge est beaucoup plus utile…..Donc on n’est pas en retard parce qu’on l’est toujours et qu’on voulait prendre soin de sa petite personne, on est en retard car on a fait une bonne action. Et en passant, où a-t-on appris qu’enlever trois lettres dans un mot quand on écrit un sms nous faisait gagner du temps ??? Sérieusement ??? Personnellement je perds un temps de dingue à essayer de trouver quelles lettres enlever afin que le  mot reste lisible, mais enfin….   

Donc dans mon histoire germanique le monsieur en question attend que sa copine aide l’aveugle à rentrer chez lui. Mais seulement il en a marre. Tellement marre qu’il se met à souhaiter que tous les moments ennuyeux de sa vie, toutes les attentes inutiles, soient balayées afin de vivre uniquement les moments qui valent vraiment la peine d’être vécus. Cela peut paraître intelligent comme concept non ? En tout cas à l’époque, alors adolescente, grande période où tout nous ennuie, je trouvais ça épatant.

Il n’attend donc plus sa copine, il passe directement au moment du repas, puis au moment de son mariage, de leurs premiers enfants pour se retrouver très rapidement grabataire et proche de passer l’arme à gauche… Puis il se réveille de ce mauvais rêve, toujours en train d’attendre sa copine. Morale de l’histoire : la grande majorité de ta vie sera faite de moment où  tu attendras pendant que ta copine s’occupera d’aveugle, c’est de ta faute, tu aurais pu mieux la choisir. Et si tu passes ces moments en accélérés, ta vie fondra comme neige au soleil. Donc soit content de l’attendre, point barre…… Merci à la littérature allemande d’avoir fait en sorte que la seule p**ain d’histoire que j’ai comprise dans cette langue soit aussi déprimante…et tellement vrai. Oui c’est un fait notre vie dans sa grande majorité se compose d’attente et c’est barbant…. Ce que l’auteur a oublié de nous dire, c’est que les moments où l’on n’attend pas, souvent, on fait du remplissage. Combien d’heures passées attablée avec de parfaits demis inconnus à essayer de trouver de l’intérêt à des histoires de lacets de chaussures ? La seule excuse à cette perte de temps funeste est que ta seule autre option était de passer ta soirée à déprimer devant Patrick Sébastien, à te répéter que tu as raté ta vie (toutes ressemblances avec des faits que j’aurais pu vivre est malheureusement absolument exacte). Combien d’heures passées sur Facebook à regarder les photos de vacances d’autres demi inconnus (au moins ceux-là tu ne dois pas te les taper à table) ? Oui car il y a deux catégorie de gens sur Facebook. Ceux qui s’ennuient donc qui postent à peu près toute leur vie pour te montrer à quel point elle est trépidante, et ceux qui s’ennuient en les regardant.

Et pourtant…. La vie passe tellement vite…… Tu  passes la première partie à te trouver trop jeune pour faire des trucs cool : avoir une belle voiture et pouvoir ENFIN rentrer en boite de nuit. La deuxième partie à te rendre compte que les trucs cools de ta jeunesse ce n’est pas une fin en soit, à part si tu t’appelles Kim Kardashian. Le problème c’est que tu n’as pas trop d’idée pour la suite…Tu te maries, tu fais des enfants. Tu n’as pas plus d’idée pour trouver un sens à ta vie mais au moins tu as une excuse : tu n’as pas le temps de penser à ce genre de bêtises, car toi tu as une famille à t’occuper. Tu te réveilles douloureusement à 40 ans avec des enfants ingrats (dès qu’ils commencent à parler, ils le deviennent)  et un mari qui trouve que sa secrétaire idiote est bien plus sympa que toi. Si tu n’avais pas dû le supporter pendant 10 ans peut-être le serais-tu encore, sympa ? Mais tout cela n’est pas grave puisque maintenant tu vas enfin pouvoir penser à ce que tu VEUX vraiment. Faire tout ce que l’on fait quand on n’a toujours absolument aucune idée de ce que l’on va bien pouvoir faire de sa vie : les mêmes erreurs qu’avant mais avec d’autres gens. Tu n’oublieras pas au passage  de te racheter une belle voiture, retourner en boite de nuit et élargir les rangs des quadras cherchant désespérément la romance  comme dans un épisode raté de « Premier Baiser » (ceux qui connaissent le niveau général de cette série comprendront l’étendue des dégâts).   A tout cela s’ajoutera éventuellement un saut en parachute. Ce qui te donnera à toi l’occasion de publier des photos ennuyantes sur Facebook. Affublée d’un casque et de lunettes moches, c’est sure tu vas en avoir des « j’aime »….  Et pendant ce temps, la vie passe, passe, passe….. Ce remplissage te fait arriver gentiment en troisième partie de vie, où là, tu demandes où tu as bien pu merder pour que tu deviennes la baby-sitter officielle de enfants ingrats de ta belle-fille (qui est dans la deuxième partie de sa vie et qui a donc besoin de temps pour plaquer son mari et sauter en parachute).

Je ne suis pas meilleure que les autres, je suis également une championne du temps perdu à élaborer des stratégies sur comment j’aurais pu faire différemment (dans le genre stupide on ne fait pas mieux, ou si quelqu’un a trouvé la formule magique pour retourner dans le passé, le changer, et que surtout cela soit d’une quelconque utilité, merci de m’en informer). Je fais plein de choses que je déteste en me disant que je n’ai pas le choix de faire autrement, je regarde bien souvent passer le train de ma vie sans avoir le courage de monter à l’intérieur parce que je ne sais pas à l’avance où je vais arriver. Mais en cette année 2013, je me suis fait une promesse : non je ne vais pas me résoudre à avoir comme seule ambition de me racheter une voiture de sport à 40 ans pour revivre le souvenir idyllique de ma jeunesse que ma mémoire aura déformé. Je ne ferai pas de saut en parachute non plus, à moins qu’ils améliorent leur mode vestimentaire de manière drastique. Et si j’ai des enfants ingrats je tenterai un abandon sur une aire d’autoroute. Cette année, je me le suis promis, même si je dois me planter, même si dois être misérable et terminer au sommet de ma non-gloire sous une pluie de champagne et de barbituriques (j’ai un côté diva dans le suicide), mes erreurs, mes mauvais chemins, mes actes manqués, mes succès (qui sait ?) ne seront pas le fruit d’un ennuyeux hasard qui m’aura porté au gré du vent sans que je sache vraiment pourquoi j’en suis arrivée là. Cette année c’est promis si je me plante c’est parce que je l’aurai décidé !

Tout avait pourtant si bien commencé

Ils se sont présentés, ont échangés les banalités d’usage et se sont assurés l’un l’autre que « quoi qu’il se passe, je ne prendrai pas ça pour une perte de temps ». C’est dit.
J’ai toujours adoré assister, au premier rendez-vous des gens. On les reconnait tout de suite dans les bars ou les restaurants. Très mal à l’aise, faisant un festival des tics les plus improbables, posant des questions dignes des élections de Miss France. « Tu fais quoi dans la vie ? » puis s’éponge le front, n’écoute pas la réponse et ajoute toujours « ah ça doit être sympa ». Alors qu’il s’en fout de ce que la personne fait de même qu’il trouve ça chiant au possible, peu importe… tout ce qu’il veut c’est essayer de meubler le silence jusqu’à ce qu’il soit assez à l’aise pour faire ce qui l’intéresse beaucoup plus : parler de lui.
Et c’est rarement Indian Jones le mec. Je veux dire par là que son boulot est certainement toujours très intéressant…. pour lui….. Mais passé la surprise « je suis manager et très important dans mon job » s’il ne maitrise pas la manière de raconter de manière ludique comment il a viré sa secrétaire, il pourra vite recommencer à s’éponger et à trouver un autre sujet de conversation (voiture ? vacances ?)
Moi en général à ce stade là, je n’ai pas perdu une miette de la conversation, je prends parti pour l’un ou pour l’autre en me délectant de « oh mon dieu comme ça doit être horrible d’être obligé de passer deux heures de vie avec un type/une nana pareil(le) »

Mais revenons à mes deux protagonistes….J’apprends (en même temps que lui) que la fille en question travaille dans l’administratif…enfin…travaillait…..Oui car une maladie psychiatrique handicapante l’a contrainte à arrêter son emploi. Et pour ma part, ce fût le moment où j’ai arrêté définitivement de faire la conversation à la personne en face de moi. Histoire de voir comment le gars qui était tellement content il y a cinq minutes à peine de rencontrer cette fille « toute nouvelle sur le site internet » allait négocier cette nouvelle. Je sais c’est cruel comme on peut avoir du plaisir à voir les autres se dépatouiller dans des situations que l’on aurait soi-même détestées….Mais je m’en fiche c’est trop savoureux….J’imaginais le type, en période plus que creuse niveau affectif, s’étant tapé 50 bornes pour être le premier à rencontrer ce «nouveau dossier », il a préparé deux ou trois blagues qui ont bien marché précédemment, il est prêt, au taquet et paf….il se retrouve avec une fille qui lui balance que lorsqu’elle ne porte pas sa camisole de force, elle aime se promener en forêt. (oui ok ça c’est moi qui rajoute)
Ça n’eut pas l’air de le décourager, mais il essaye quand même d’en savoir un peu plus sur cette maladie psychiatrique…. Histoire de savoir peut-être si une voix secrète de la CIA lui demande parfois de poignarder pendant la nuit des petits blonds dégarnis dans son genre ?
Rien de tout ça : elle est hypersensible (dans le peloton de tête des maladies psy à la mode, juste après la bipolarité). On est sauvé. Il ne faut juste pas trop lui passer « Autant en emporte le vent » et ça devrait être gérable.
Lui, a eu des relations amoureuses plus au moins fructueuses, la dernière en date lui avait dit quelque chose qu’il n’oubliera jamais et qui l’avait beaucoup touché : « ce n’est pas tes cheveux que j’aime, c’est toi ». Super…une pleureuse, un complexé capillaire, la suite de la rencontre risque d’être savoureuse.
Elle le fût. C’était un de ces moments où tu te dis que tu aurais un dictaphone, tu pourrais enregistrer l’intégralité afin de faire un sketch sur les rencontres internet pourries.
Il ne faut jamais dire à un complexé « tu n’es pas mon type d’homme ».Jamais. Car apparemment, lui il entend « t’es moche »…. A retenir….Notre malheureuse dateuse internet s’y est aventurée, et a eu pour réponse que « cette remarque viendrait d’une super belle fille, je me dirais qu’elle n’est pas dans mes cordes, mais c’est vraiment pas ton cas. Non non, je n’ai pas été vexé par ta remarque. Absolument pas ! »
Sur ce ils se sont levés lestement, ont pris leur manteau et ont disparu. Je suppose qu’il n’y aura pas de deuxième rencontre et le fou rire que j’avais du mal à dissimuler pût enfin s’exprimer.
J’avais toujours pensé que les rencontres internet n’aidaient pas les rencontres amoureuses mais multipliait par 50 le temps perdu à faire semblant d’écouter des inconnus pendant que tu penses à quelles excuses tu pourrais trouver pour t’en débarrasser. Au vue de notre connaissance actuelle « t’es pas mon type d’homme » est à écarter….Utiliser de préférence « j’aimerais bien te revoir mais je viens de me rappeler que tout ma famille vient de mourir dans un accident d’avion, alors ça sera pas possible, tu vois ? »
Ils sont courageux ces gens qui s’y hasardent je trouve. Je me moque mais dans le fond, je les admire. Je ne supporterais pas le quart de ce qu’ils supportent. Plutôt mourir seule sur une ile déserte mariée à une noix de coco que perdre deux minutes de vie à devoir m’intéresser à des histoires sur les implants capillaires. Oui je trouve qu’il y a dans cette quête de l’amour à tout prix quelque chose de profondément courageux. ….un renoncement admirable…. Une foi en la vie que je n’ai probablement pas. C’est sans doute pour cela que j’ai passé ma St-Valentin affalée sur le canapé, avec deux gosses à garder, un chat, du champomy et une histoire très instructive sur la tournure positive qu’aurait pu prendre l’amitié entre Winnie l’Ourson et Coco Lapin, s’il avait accepté de lui prêter son serre livre au lieu de se lancer dans son odieux marchandage «ok je te le prête si tu vas me chercher du miel d’abord ». Coco Lapin a fini piqué et triste. J’ai fini la terrine de volaille forestière et le champomy…
Quand tu es célibataire, tu as toujours des gens qui veulent t’expliquer soit : comment y remédier ou comment tu es mieux comme tu es. Qu’il n’y a rien de mieux que la liberté.
Ces gens là sont en général dans un foyer confortable…Ce sont les mêmes qui disent d’un air snob que la « St Valentin, c’est ringard » ou que « Noël c’est pénible » alors que la seule chose qu’ils ont eu à faire étaient de mettre les pieds sous la table… et oui se plaindre pour rien est un luxe que seul les gens sans problème majeur peuvent se payer.
Il est clair que quand tu as un cancer stade 4, recevoir des fleurs prend un tout autre impact. Je doute que tu trouves toujours cela ringard. Comme retrouver le célibat le temps de week-end prolongé avec une copine n’est pas forcément le bon exemple pour te lancer dans une thèse improvisée sur les bienfaits de la liberté. La liberté est belle certes. Mais elle a un prix. Montrer tes photos devant la tour Eiffel à ton conjoint à ton retour n’en fait pas partie.

Je fais partie des ringards qui appréciaient les fleurs à la St Valentin. On n’a pas besoin d’un jour donné pour en offrir vous répondront certains. Qu’importe, ils ne vous en offrent pas les autres jours non plus. Quelques soirées avec Winnie l’Ourson les aideraient-ils à se remettre les idées en place ?
Accepter le présent, ne pas tomber dans l’apitoiement sur soi-même fait que l’on peut tirer le meilleur parti d’une liberté qui peut paraître au prime abord angoissante. Et il y a dans cette liberté une connaissance de soi qui est inégalable, on est d’accord. Leçon apprise sur le bout du doigt, pas besoin de rafraîchir mes connaissances en la matière. Et oui, la nature humaine fait que l’on veut toujours le contraire de ce que l’on a. On se sent à l’étroit dans une relation, on ne sait que faire de l’espace quand on est face à soi-même, je le conçois.
Cependant, si on pouvait apprécier les beaux moments de l’existence quels qu’ils soient, en s’abstenant de se plaindre la bouche pleine ou de donner des conseils féministes éclairés alors que l’on a pas la première idée de ce que cela implique vraiment, ça serait formidable…Pour moi en tout cas. Et aussi par respect envers la pauvre fille qui a retrouvé son appart vide après avoir entendu d’un demi chauve avec lequel elle avait échangé trois mots sur internet qu’elle était loin d’être un canon, un samedi en fin d’après-midi dans un bar pourri.

Relève-toi

C’est parti d’une question toute bête « comment ça va ? ». Le genre de question que l’on pose tout le temps, entre la photocopieuse et la machine à café, en croisant quelqu’un dans la rue sans pour autant s’arrêter de marcher. La politesse et l’intelligence de base voudrait que l’on réponde « bien, merci et toi », car soyons clair nos jérémiades ou le décès de tante Huguette n’intéresse pas le 98% des gens qui meublent notre quotidien et s’évertuent à être aussi polis qu’on leur a appris. Ça peut aussi donner l’occasion à notre interlocuteur de rebondir sur la très triste et très longue maladie de son oncle Fernand avec moult détails qui nous fera regretter amèrement de l’avoir ramenée, avec notre tante Huguette. Donc « ça va ? » « bien merci » (« et toi ? » en option)
Ce que l’on vit vraiment, ce que l’on ressent, à part le psy qui est grassement payé pour nous fournir en mouchoirs et en bons conseils, on pourra le partager avec….ses amis. Enfin ! On sera récompensé de tous les anniversaires et autres mariages auxquels vous avez fait tous les efforts du monde pour cacher (souvent très mal) l’ennui mortel qui vous gagnait… car vous êtes une brave fille, vous savez que l’alcool ou la drogue c’est mauvais pour votre santé et ça ne résout rien. Vous ne les utilisez pas. Vous privilégiez une réaction saine face à l’adversité. Vous le regrettez.
Cette fois c’est sûr, les longues heures consacrées à écouter les histoires d’accouchements et révélations d’amour maternel au premier regard entendues 146 fois finirons par payer ! L’éternel refrain sur cet amour en nul autre comparable, pouvant soulever des montagnes etc etc… Bref, vous vous en êtes tapée des Erin Brockovitch en puissance (à l’exception non négligeable de votre mère qui n’a même jamais évoqué le sujet, ce qui commence franchement à vous inquiéter). Cependant et poliment, vous feignez l’émotion. Vous avez tu toutes les remarques désobligeantes qu’un si grand et si fort amour soit bien souvent en garde partagée avec la crèche municipale. Car, à propos, que comprenez-vous à l’Amour ? Rien… Malgré cela, Erin Brockovitch étant souvent fort occupée, vous pouvez quand même avoir une grande utilité si la crèche municipale est fermée.

Peu importe, car aujourd’hui c’est vous qui avez quelque chose à raconter. Et pas des moindres. Vous allez mal. Ça arrive aux meilleurs d’entre nous. Tous les bouquins du genre « vous croyez que vous avez des problèmes, mais dans la réalité cosmique tout est parfait et vous allez très bien » vous les avez lus et relus. Vous vous êtes gavée de proverbes intelligents et de phrases qui font mouches. Les philosophes qui pensent que la souffrance est bonne pour tout un tas de concepts compliqués qui vous échappent, vous ne demandez qu’à les croire. Le bilan est pourtant celui-ci, vous n’allez pas mieux.
Alors quand la question « ça va ? » d’une âme amie tant attendue finit par arriver, vous vous empressez de répondre dignement et avec le tragique nécessaire à la situation : « non pas vraiment ». Vous fantasmez une réponse telle que « mince alors ! Dis-moi ce qui ne va pas » à la suite de quoi, vous pourrez faire une liste non exhaustive de tous ce qui craint un maximum dans votre vie (en en rajoutant un peu, il est parfois agréable d’être une victime). Que NENI… La réponse de l’âme amie sera :« Et bien t’es pas la seule ! » BAM ! S’en est fini du rêve éveillé du mur des lamentations. La réalité vous rattrape. Ok, vous pensiez bien ne pas être l’unique spécimen au monde ressentant de la souffrance sur cette planète. Vous êtes triste, pas complètement idiote….. Vous savez également trop bien qu’il y a « pire que vous »….C’est un fait. Vous n’avez pas un cancer stade 4, vous n’êtes pas née « intouchable » à Calcutta, vous mangez à votre faim, de quoi vous plaignez vous ?
Donc, à rajouter à la tristesse du moment, la culpabilité d’être triste « pour rien » finalement. En plus, les problèmes de cœur (car c’est de cela qu’il s’agit), quand il s’agit des autres, vous êtes la première à en rire. On est bête quand on est amoureux… Et on est tellement intelligent quand on est celui qui donne des conseils….. S’avouer à soi-même ainsi qu’aux autres, qu’en la matière vous n’êtes pas meilleure que les autres, pire, vous êtes humaine, n’est pas chose aisée.
Et bien réjouissez-vous, vous en serez exemptée ! Tout de suite après « t’es pas la seule » va s’ajouter un « relève toi et avance ! » sans creuser d’avantage. On croirait cette phrase tirée d’un des nombreux ouvrages intelligents sensés vous aider à gérer (verbe à la mode qui fait sérieux et conquérent). Mince alors, vos amis lisent les mêmes bouquins ! Quitte à acheter des livres qui ne servent à rien, vous auriez pu faire bourse commune.
Bien sûr que vous allez vous relever, évidemment que vous vous en tirerez plus forte, que vous allez grandir et apprendre et blablabla. Mais là maintenant tout de suite, vous réclamez le droit d’être une petite chose triste et miteuse. Demain ça ira mieux, demain vous parlerez en long en large de votre expérience et vous donnerez des bons conseils. Bien sûr qu’il faut penser positivement. Bien que souvent, la pensée positive forcée et intégrée aux forceps soit détournée de son but principal et utilisée comme déni et palliatif à la souffrance. Mais faire comprendre cela à ses inconditionnels vous expédiera dans le camp des « supers négatifs à éviter ».
Aujourd’hui, vous ne voulez pas penser positivement, ni voir pire ailleurs, ni même vous relever. Vous réclamez juste le droit d’être vous et de vous sentir merdique. Que l’on vous écoute, ou pas….

…..et surtout: UNE BONNE SANTE!!!

« Tous mes vœux de bonheur, santé et réussite pour 2012, BONNE ANNEE gros bisous ! » Formidable. Moi qui pensait que les ¾ des gens que j’avais dans mon répertoire téléphonique me souhaitaient d’être triste, de faire cystite sur cystite ainsi que d’accumuler les bouzes (comme si faire la tronche et avoir une santé défaillante n’était pas déjà suffisant), me voilà totalement rassurée et agréablement surprise par tant de bienveillance.
Ce genre de message, si tu as : un téléphone portable, que tu connais des gens, et que tu leur a donné ton vrai numéro, arrivé à la fin de l’année, tu les accumules.
C’est un peu comme les annonces d’emploi… « Vous faites preuve de dynamisme et de rigueur dans le travail alors vous êtes LA personne qu’il nous faut pour ce poste motivant et bla bla blablabla »
On le sait que la chose la plus motivante du poste sera le choix de la capsule Nespresso à neuf heures… L’employeur sait que son employé sera super dynamique pour faire des mise à jour régulière de son statut Facebook (du moins je l’espère), mais on fait comme si, on fait croire que…. J’aurais rêvé pouvoir dire lors d’un entretien d’embauche que j’étais une grosse larve fainéante et que le seul point positif que je voyais à me retrouver emprisonnée derrière un ordinateur alors que j’aurais pu vivre ma belle vie ailleurs, se résumait en un mot : argent. J’aurais trouvé marrant et exotique qu’un employeur me dise une fois « Merci de répondre avec un joli sourire et un « oui » clair et crédible aux questions suivantes car mon test psychologique de compétences est une grosse daube super facile à contourner si vous n’avez pas le QI d’un pois chiche. Il ne sert à rien… Ma proposition : gagnons du temps et dites-moi ce que j’ai envie d’entendre »

Un peu de spontanéité, mon dieu que ça ferait du bien….. J’ai le même idéal dans ma vie privée. Que l’on ne me souhaite pas ce que l’on souhaite au 145 autres personnes du répertoire. Ça ne me touche pas. Pire, ça m’énerve. A choisir, je préfère que l’on me zappe ou que l’on me dise que l’on ne me souhaite rien car on a autre chose de plus important à penser que ma petite personne ( c’est cruel et pas gentil gentil, mais comme me disait mon psy « le chemin de la vérité est le plus court et le plus économique »).

L’année dernière, à ce genre de message, je n’ai rien répondu. Conséquence: cette année j’ai été rayée de pratiquement tous les « envoyer à tous ». Les messages de « santé et de réussite Youpie, c’est la fête !!! » ont donc fondu comme neige au soleil. Pour ma soirée de Nouvel-an, je ne me suis forcée à rien et je n’ai pas fait plein d’efforts non plus pour être LA convive idéale, celle que l’on se doit d’avoir à sa table afin de passer une soirée réussie. J’ai misé sur la spontanéité. Conséquences : j’ai mangé en bas de training mes noix de St Jacques ratées (quand tu t’inquiètes trois minutes avant ton repas comment les cuisiner sur GOOGLE, le moyen de faire autrement ?), j’ai fini par me résoudre à jeter mon champagne 25 cl dans l’évier et je me suis tapé 4 épisodes de « Desperate Housewives » à la suite. C’était assez pathétique, soyons clair. Mais, c’était un « vrai » moment.. je n’ai pas fait la bise à mes amis avinés à qui j’aurais pu tout aussi dire « je chevauche une licorne » que « je te souhaite une bonne année », je n’ai pas caché sous un maquillage approximatif tout le bien que je pense de l’euphorie collective et programmée, je n’ai pas fait semblant de m’intéresser à des gens que j’aurais oubliés le 2 janvier….. « Le chemin de la vérité est le plus court et le plus économique », ça sera ma phrase pour 2012.

T’as combien d’amis sur Facebook?

Dans la rubrique, « c’était mieux avant, soyons un vieux con » j’ai remarqué que depuis quelques années déjà je vivais dans un monde parallèle, un monde où t’as plein d’amis et où le simple fait de mettre que tu es sur le canapé simili cuire de ta mère, mieux encore, t’y prendre en photo, peut susciter l’admiration et les « j’aime » endiablés de ta cour (si tu n’as aucun « j’aime », ce qui est rare et un peu la honte, c’est que soit tu as mal pris ta photo, soit ta mère a vraiment des goûts de chiottes).

Facebook, tout le monde critique, tout le monde trouve ça surfait, il est de bon ton de dire que c’est ridicule et que ça ne sert à rien, il n’empêche, du moment que tu es en âge de savoir lire et écrire (j’ai pas dit « écrire correctement, sans fôte et en ayant un discours à peu près intelligent »), bref dès que tu sais allumer un ordinateur sans confondre avec la télé ou tout autre appareil te montrant des images qui bougent, tu es sur Facebook. Et ma maman ne le sera donc jamais.
Si tu n’es pas sur Facebook, tu n’as pas de vie, tu n’existes pas. ça démocratise l’expression, ça permet à tout un chacun d’avoir son fameux quart d’heure de gloire, ne serait-ce qu’avec ta concierge ou le GO de tes dernières vacances. Cependant, on est tous différents et on a de loin pas tous les mêmes aptitudes. C’est ce qui me frappe toujours. Je suis une personne qui n’est pas paresseuse mais qui aurait tendance à aller vers mes facilités. Par exemple, je suis sportive et depuis que je sais marcher mes parents m’ont mise sur des skis. Milieu hostile, tu es occupée à essayer de ne pas mourir congelée ou en te prenant un arbre, du coup, t’es sage et tu ne pleures que pour de vraies bonnes raisons…. Méthode d’éducation comme une autre. Donc je disais, je fais du ski depuis très.. enfin depuis quelques années. Donc, ça va, je me défends. Eh bien, je suis toujours étonnée voir admirative des personnes qui n’ont de pas le ski dans le sang (et c’est peu dire) boudinés dans leur combi dernier cri passer la moitié de leur après-midi à essayer de descendre un faux plat en chasse-neige. Quel plaisir en tirent-ils mise à part celui d’être drôle à leurs dépens ?
Pour Facebook, c’est un peu pareil, tout le monde n’a pas le don de l’écriture et du récit haletant. Tu t’en tapes plein des « aujourd’hui c’était trop bien, j’ai mangé une fondue avec ma collègue <3 ». Pareil que pour le boudiné/chasse neige à ski, au début tu demandes le plaisir que la personne peut avoir à noter des trucs pareil. Pire, tu te dis que l’écrivain de statuts Facebook va se tourner au ridicule….. et bien… pas du tout…. On est étonné mais énormément de personnes « aiment » le fait que tartempion mange une fondue avec sa collègue <3. T’en as même qui trouvent quelque choses à ajouter à cela, un commentaire dans le genre « ro j’espère que c’était bien, enjoy !!! » (mettre des termes anglais prouvent à quel point tu sais de quoi tu parles et que tu es jeune et sympa) et oui… on espère tous que c’était bien et on est dévoré de curiosité…Ont-ils pris un dessert ? La collègue s’est-elle mise à chanter « le petit vin blanc » prise par l’émotion ? Que de suspens !
Et non seulement tu sais « qui-mange-quoi-avec-qui-et-où » de gens que tu ne connais pas plus que ça (on accepte pas toujours que les « amis pour la vie » sur Facebook, autrement t’as deux amis et c’est la honte) mais en plus tu assistes au « je suis en couple et super amoureuse » de ta petite cousine. Qui passe deux heures après à « célibataire fière de l’être et trop dégoutée des hommes ». A 14 ans, ça promet un bel avenir de militante au côté des chiennes de gardes.
Ce genre de choses exaltées et un peu humiliantes qui, à ton époque terminaient dans ton journal intime puis à la poubelle sont maintenant suffisamment importantes pour passer à la postérité.

Tu essaies désespérément de t’intéresser aux photos de fondue et à la fête de la saucisse, tu mets des commentaires plein d’humour dont tu es très fière ! tu es la seule…. ce qui a pour effet que tes amis que tu ne connais pas te détestent. Dans le même temps, tes vrais amis, ceux que tu as déjà vu en trois dimensions et plusieurs fois, tes amis que tu essaies de joindre par tous les moyens sans succès, et bien tu apprends en vrac et dans le désordre : leur mariage, le décès de leurs parents, la gastro de leur gosse (un statut par vomi), leur amour immodéré pour les portraits d’eux même devant la Tour Eiffel. Tu n’essaies plus d’être drôle dans tes commentaires, tu te tais. Tu passes pour une grosse égoïste qui ne s’intéresse pas à ton prochain. Tu as 140 amis sur Facebook. Tu prévois de passer nouvel-an avec ta mère sur son canapé simili cuire à lui expliquer la différence entre un ordinateur et la télévision.

Back on track

Un petit post de retour. Oui longue absence… je sais… mais….que dire en guise d’excuse ? J’étais très occupée…. C’est trop vague ? Je militais pour un monde meilleur et pour que les sandales pour hommes soient déclarées illégales par respect pour la mode ? Ok c’est pas vrai, mais je pense c’est une idée à retenir…..

Bref en vrai : j’ai continué d’écrire (je dois être à 78 sketchs et 18 spectacles. A ce rythme-là, je risque d’écrire mon spectacle d’adieu avant d’avoir joué le premier)
Je suis partie en vacances : Miami. Je conseille cette destination à toutes les personnes qui ont envie de faire 17 heures d’avion pour faire les mêmes activités que lors de leurs plus belles années d’adolescence à savoir : rien. La différence réside dans le fait que l’on trouve votre accent « awesome » et votre prénom « so cute ». Alors que quand vous étiez ado, on trouvait vos cheveux sales et que roaccutane n’était plus une option. Différence de taille.

J’ai regardé plein de films aussi. L’avantage d’avoir un abonnement de ciné. Vous voyez des choses étonnantes. Le dernier en date est « Le moine ». Tout commence vraiment bien. Enfin bien… entendons-nous… ça se passe au Moyen-Age….pas la meilleure des époques pour la gestion du stress et le développement personnel. Mais par bien, j’entends que les trois premiers quarts d’heures nous promettent de la philosophie, de l’ésotérisme, des questions existentielles. Puis, sans que tu saches vraiment pourquoi, ça se gâte…. Tant et si bien que tu t’attends à voir débarquer « Superman » accompagné en musique par la compagnie Créole afin de sauver le pauvre moine qui en moins de 10 minutes à : couché avec Satan, couché avec sa sœur (mais il le savait pas), retrouvé sa mère (du coup, il comprend qu’il a couché avec sa sœur), puis tue sa mère (je sais pas trop pourquoi, et je soupçonne le réalisateur de ne pas le savoir non plus).
J’ai vu aussi un film africain. Intéressant… « Un homme qui crie » est le titre. Je pense que le scénario devait tenir sur une page, dont un quart de dialogue. On comprend très vite qu’il ne va jamais crier. On se contenterait qu’il parle.
« Another Year » parce que moi aussi, je veux être intelligente et voir des chefs d’œuvres. Another year, donc une année. Quand la première saison est le printemps et que tu es déjà en train de succomber pour cause d’ennui mortel, tu comptes mentalement combien le Royaume-Unis compte de saison et les larmes te montent aux yeux…..

Mais je n’aimerais pas passer pour un pou négatif. D’abord parce que ce n’est pas le cas. Ensuite parce que j’ai dépensé une petite fortune à la Fnac en bouquin du genre «Les clé du succès, réveillez le millionaire qui est en vous ». Ce genre de bouquin compte une dizaine de tomes. Dans les trois premiers : tu apprends à respirer. Du quatrième au sixième, tu apprends que tout ce que tu pensais vrai est complètement faux et que tu te connais décidément bien mal, c’est pour ça qu’il est très important d’acheter les 4 tomes suivants, où tu as de la pub pour les séminaires. Des séminaires où tu comprends que c’est pas toi mais celui qui donne le cours, qui va devenir millionaire.

Donc il y a plein de films que j’ai adoré disais-je, mais être critique de cinéma est prévu dans mon Karma pour ma prochaine vie. Je vais juste en citer un, pour prouver le bien fondé de mes lectures. « Le premier qui l’a dit ». Comme un premier baiser, tu gardes de ce film une émotion intacte. Tu comprends que tu ne seras plus jamais tout à fait pareil, que ce sentiment est unique et que tu ne vivras plus jamais exactement la même chose. Tu décides d’adorer l’Italie, les italiens, les gays italiens et les nonnas italiennes qui ont gâchés leur vie. La lumière s’allume, tu pleures sans vergogne. Un abonnement de ciné, c’est peut-être pas le top, l’année prochaine on investira dans une carte de vidéo club pour regarder les films qui font pleurer. Question de dignité.

This is art

Il me semble déjà avoir mentionné dans un précédent post, une mésaventure Lady Gagesque qui m’avait amenée à pleurer dans le métro londonien. On mettra ça sur le compte de la mauvaise nourriture et du décalage horaire, car, adepte de la méditation zen et des poses de Yoga très compliquées, je ne suis pas du genre à perdre mes nerfs. Je sais garder une attitude adulte et tempérée en toutes circonstances.

Bref, j’ADORE Lady Gaga et j’ai eu l’occasion de la voir 5 fois sur scène, après cet épisode fâcheux (si on savait notre vie à l’avance, ça pourrait nous éviter des choses.. comme par exemple pleurer dans le métro).
L’énergie qu’elle dégage, sa façon d’être parfaite certains soirs et complètement à la ramasse « va te faire foutre » dans ses chorés quand elle n’est pas dans un bon jour, font de chaque prestation, un moment unique.
Sa manière de parler du nez, de bouger, de faire des modulations de phrases étonnantes, son personnage (car pour moi, elle est autant actrice que chanteuse) est fascinant.

J’ai eu l’occasion de la voir à Londres (comme quoi, je ne suis pas rancunière), et pendant mes longues heures d’attentes, j’ai pris également un plaisir énorme à écouter ces petit(e)s groupies rouquin(e)s.
Une fille notamment, à la fin du concert, appelait sa copine pour lui dire que pendant le concert « I said I LOVE YOU GAGA, and she answered : I love you too !!!! Can you believe it ?????????????? OOOOH MY G O D »
Un autre racontait qu’il l’avait vue par hasard dans un bar, qu’il lui avait sauté dessus pour avoir prendre une photo et qu’elle avait dit « NOT TONIGHT », ce qui à mon goût devait être légèrement humiliant. Mais pas pour lui. Le simple fait qu’elle lui ait adressé la parole, ne serait-ce que pour lui dire d’aller «Go Fuck yourself » était pour lui, parole du divin. Les appareils dentaires à taches de rousseurs qui servaient d’audience à ce fan rabroué étaient, elles aussi, adeptes des « OH MY G O D » à tout bout de champ.

Tout cela a germé dans ma tête et j’ai décidé d’écrire cette petite parodie, en anglais.

Anecdote : l’avant dernière scène, à l’origine, j’avais fait une erreur du niveau de « Where is Bryan ». La cata… j’ai conjugué le verbe « être né » « to be born » au présent alors qu’il se conjugue toujours à l’imparfait. J’ai passé un « advanced » exam en anglais, j’ai écouté 3’500 fois « Born this way » de la même Lady Gaga, mais j’ai quand même réussi à dire « My hair are born this way » (oui les cheveux ne sont pas sensés être nés, mais ça c’était voulu).
Comme je l’ai dit plus haut « méditation zen, pauses de Yoga compliquées », j’ai réagi sainement… j’ai appelé mon ami Luis à minuit pour lui dire que je débraquais avec ma perruque pour retourner la dite scène. Il n’a pas accepté, mes bonnes résolutions 2011 sont notamment de changer mon cercle d’ami.

Puis on a disserté sur comment réparer l’erreur. Les deux erreurs en faite, vu que le mot « hair » en anglais est toujours au singulier (hello, my name is Alexia and my english sucks). Donc si j’avais voulu faire une erreur juste, j’aurais dit « My hair is born this way ».
On voulait rajouter des « pouet pouet coin coin » à la place (nous sommes très drôles quand on s’y met), appeler Lady Gaga pour qu’elle chante sa chanson avec la même erreur….. puis j’ai finalement eu le droit de revenir avec mes gros sourcils et ma perruque pour retourner la scène, mais le lendemain….

Voie de faite

Ça s’appelle une voie de faite. J’ai appris ce mot juste avant Noël. Le 23 décembre lors de mes achats dernières minutes de fille mal organisée.
Dans ma famille, nous avons une grande tradition de « on ne se fait pas de cadeau cette année ». Comme chaque année, on me le dit à moi et pas à mon frère. Ce qui fait que pendant que les uns s’affairent à trier les photos de mes neveux et nièces les plus avantageuses pour remplir les mois de mon année à venir, moi je refais ma garde-robe. Histoire d’être jolie et de passer pour la parfaite égoïste au moment de mon traditionnel « mais euh…. on avait dit pas de cadeau ? Non ? »

Donc cette année, j’avais décidé d’être prévoyante, ce qui veut dire pour moi : commencer les achats le 23 décembre
5 cadeaux en un après-midi, c’est jouable. Il faut juste pas d’imprévu. Et devinez quoi ? Bingo, l’imprévu a bien eu lieu. J’a failli me faire shooter sur un trottoir par un camion de livraison. Failli.. donc jusque là tout va bien… On se doute que je ne suis pas entrain de dicter ce post à une infirmière assistante.
Un des avantages de ne pas finir mort sur un trottoir, c’est que non seulement tu peux continuer tes achats de Noël mais qu’en plus, tu as la possibilité de montrer ton mécontentement à ton assaillant. Ce que j’ai fait. L’histoire pourrait se terminer ainsi, mais pas quand on a mon karma à rebondissement.
Le camion de livraison s’arrête tout en klaxonnant. Quand on a ma stature, une attitude intelligente serait de le laisser klaxonner et de se barrer. Quand on a mon caractère, on attend le chauffeur indélicat avec les sourcils qui se touchent et de la fumée qui sort par les oreilles. S’en est suivi une discussion plutôt désagréable et peu élaborée.
« kes t’as ??? » « Ben vous avez failli m’écraser…. » « T’as qu’a regarder où tu marches ! » ( C’est bien connu, les trottoirs ont été conçus pour les camions de livraisons puissent s’y parquer à toute vitesse. S’ils renversent un piéton, c’est un bonus : joueur 1, joue encore). Devant tant de mauvaise fois, j’ai répondu « mais monsieur, je suis sur un trottoir…. » C’est à ce moment là qu’il m’a prise pas le bras (pour une raison indéterminée, mais je doute qu’il voulait entamer un French Cancan en ma compagnie). Je lui ai donc demandé de me lâcher. Sur ce, il m’a répondu « Dégage salope » Quelle argumentation, quelle classe! On ne peut que s’incliner… Sur ce nous nous sommes quittés sans nous souhaiter un joyeux noël en avance.

J’ai continué mes courses. J’ai décidé qu’il était vital de m’acheter un casque pour écouter ma musique. C’est vrai que d’aller dans un grand magasin de multimédia, la veille de noël, quand tu n’as pas un canon sur la tempe, c’est assez crétin….. On mettra ça sous l’effet post-traumatique. En choisissant mon fameux casque, j’ai mon côté « féministe, brûlons nos soutifs » qui s’est mis à hurler.. Merde alors, on est bientôt en 2011. On ne traite pas une femme de salope sur un trottoir, même si elle le fait, le trottoir…. Ce n’est tout simplement pas acceptable. J’ai exacerbé la Simone Weil en moi qui ne demandait qu’à se réveiller et j’ai poussé la porte de l’hôtel de police. Un sketch… je n’ai plus rien à inventer. A l’entrée un réceptionniste rougeot m’accueille après 10 bonnes minutes de rangement de trombone. Tu comprends qu’après avoir été muté à la signalisation, au parking, puis au chat dans les arbre, ce poste, c’est sa dernière chance… Il me fait raconter mon histoire. Je m’exécute « ….puis il m’a dit dégage salope !! ». C’est le moment digne du sketch…. T’as trois personnes derrière toi, deux toxicos qui veulent toujours avertir qu’ils connaissent qqn qui a des GROS problèmes et une pauvre dame qui attend le renouvellement de sa carte de séjour.
Donc je disais, tu hurles ton histoire vu qu’une vitre te sépare du réceptionniste rougeot, et là il te dit : « alors c’est donc pour un dépôt de plainte. Il faut attendre un peu. Il y a quelqu’un avant vous. ».
Youpie, merci beaucoup pour cette brillante avancée ! Pourquoi ne m’a-t-il pas tout simplement demandé : « c’est pour une plainte ou vous êtes une tox qui connaît qqn qui a des gros problèmes ? » J’aurais répondu « une plainte » « Alors, il vous faut attendre » et c’était bon. Il m’aurait évité ma deuxième honte de la journée (se faire traiter de salope sur un trottoir bondé étant , on le comprend, la première).

Puis.. tu attends…. Mais quand je dis attendre, c’est autre chose que chez La Durée à la fête des mères… Non, là, tu ATTENDS. Tu penses à toutes les choses que tu devrais faire, plutôt que de voir stupidement défiler la moitié du commissariat avec leur bûches sous le bras. Une heure et demi….
On finit par te faire entrer dans une salle des dépôts de plainte. Dans le genre « on a hésité à l’utiliser comme prison d’appoint, puis on s’est dit que finalement, non. Ça serait le bureau de dépôt des plaintes », on ne fait pas mieux…. En face de toi, un policier tout jeune, qui ne maitrise pas encore l’art délicat de plainte romancée. Il pose moult questions. Apparemment que ça se soit passé devant le magasin de sport au lieu de la boulangerie juste à côté, ça fait toute la différence. Il tape à deux doigts, doute de son orthographe et de sa syntaxe, si bien que je me vois lui dicter mes phrases mot à mot, m’arrêtant sur les mots compliqués.
Il y a une technique utilisée par les scientologues qui consiste à répéter à l’infini un événements traumatique pour selon eux, vous en libérer. ça ne vous libère d’absolument rien. C’est juste que le fait de répéter une phrase des dizaines et des dizaines de fois, peu à peu, elle perd de son impact. Essayez de répéter : « mon chat est mort ce matin, il s’est électrocuté au grille pain ». Au bout d’un moment, vous n’en aurez plus rien à foutre, du chat. (si vous n’en avez déjà rien à foutre au début, laissez moi vous dire que vous n’êtes pas quelqu’un de foncièrement sympathique)
C’était le même principe avec mon « dégage salope ». Il me l’a tellement fait répéter avec ses « et là… après vous êtes descendue de son camion….. il est venu vers vous et il vous a dit…. » « dégage salope.. mais c’est pas à ce moment là. Et c’est pas moi qui suis descendue du camion, c’est lui. Puis il m’a demandé ce que j’avais, il m’a pris le bras et c’est là qu’il m’a dit : dégage salope » « ?…. Ah…. Alors on reprend….. » et ainsi de suite. Consciente du grotesque de la situation tout en ayant l’impression de souffrir du syndrome de Gilles de la Tourette, au 8ème « dégage salope » j’ai éclaté de rire. Devant l’air interloqué de mon pauvre policier qui en était encore à se demander si « salope » prenait deux « p ». Le récit écrit, l’attente continue, un « collègue » doit le relire. Le collègue apporte ses corrections, je relis ma déposition et me permets de demander si moi aussi, je peux corriger les fautes, puis repars avec une copie et un fascicule « vous avez déposez plainte, ce que vous devez savoir ». c’est du sérieux.. oh oh oh joyeux noël !

Bref, c’est fait. ce type aura donc mon nom complet. Super. Ça lui servira pour me crever les pneux.. les gens sont rarement content quand on dépose plainte contre eux…..
Quoiqu’il en soit, je ne veux ni excuse, ni regret. Je m’en fiche éperdument.. Ce qui est dit est dit et je n’ai que faire de lui, de ce qu’il pense ou pourrait bien avoir à me dire. Je voudrais simplement qu’il doive faire un chèque à une association luttant pour la scolarisation des filles en afrique. Quitte à les reconnaitre du premier coup d’œil sur un trottoir, autant qu’il connaisse le vrai prix d’une salope.

Roméo et Juliette

Pas très assidue dans le blog, c’est vrai, et je m’en excuse bien platement…. Mais étant entrain d’apprendre mes textes, je suis confrontée au problème suivant: je le répète une fois, je me trouve brillante et m’écris des lettres de félicitations. Je le répète une deuxième, troisième, quatrième fois, je trouve bien mais que la trame comique est un peu prévisible. Au bout de la cinquième fois je commence à me demander ce que j’avais bien pu trouvé de drôle en l’écrivant, la sixième fois, j’appelle ma mère en pleurant pour qu’elle se sente un peu coupable d’avoir enfanté une fille aussi peu douée. Je répète encore quelque fois sans conviction puis, une idée me revient pour modifier mon texte afin de retrouver la phase une. Et le cycle recommence. J’ai donc écrit environ 6 versions de spectacle jusqu’à maintenant. Je suis le Didier Barbelivien de la scène comique. Bref, j’avance quand même et je compte bien annoncer la première très prochainement.
En attendant, voici un texte que j’avais écris, il y a quelques mois. J’avais entendu une phrase de Lacan, et ça m’avait inspiré cela:

« L’amour c’est donner ce que l’on a pas à quelqu’un qui n’en veut pas » . Phrase de Lacan, éminent psychiatre français. Ça devait être exceptionnel de faire une psychothérapie chez ce monsieur. Après la première séance, vous rentrez chez vous, vous entamez la procédure de divorce, et économisez un bon millier de séances pour essayer de comprendre vos dysfonctionnements et en arriver… au même résultat.
Une phrase et tout est résumé. Fini le conte de fée, la Belle au Bois Dormant continue de faire un gros dodo, Blanche-Neige meurt d’une intoxication alimentaire, c’est les risques d’avoir une belle-mère un brin Rock and roll….
Je sais, il ne faut pas penser comme cela. Mais comme je l’ai déjà mentionné il me semble, si je pensais que tout allait toujours ou bien, ou s’améliorer, je n’aurais pas grand chose à dire. Il est important donc que je fuie le bonheur et les gens heureux! Déjà parce qu’ils sont barbants, mais en plus, ils sont une source d’inspiration nulle.

On commence notre vie de manière complètement faussée. On est bébé, tout tourne autour de nous. Tout. Notre mère peut avoir 40 de fièvre, si on a décidé que notre couche sent trop mauvais ou que le rot n’a pas bien passé, on va faire en sorte que notre problème soit compris. Un bébé n’est pas connu pour avoir une grande compassion envers son entourage. Puis, on grandi, on apprend à ne plus remplir ses couches et que faire des rots en publics ça ne soulève plus autant d’admiration qu’auparavant. Ça s’appelle l’autonomie et apprendre à être civilisé, même si pas mal de gens passent à côté de ce chapitre.
Nous ne sommes plus le centre du monde, la vie est cruelle et injuste, MAIS on a un espoir secret, celui de trouver un(e) partenaire qui réussira à nous combler. Lourd héritage….. attendre de l’autre qu’il nous donne ce qu’on a besoin sans devoir faire une liste comme au père noël. C’est naturel, ça s’explique psychologiquement mais c’est un leurre. 9 fois sur 10, quand vous ne dites pas clairement vos souhait, vous risquez bien de vous retrouver à passer des vacances en Corse avec votre belle-mère et son caniche nain alors que vous rêviez d’un week-end tranquille en montagne. Bon d’un côté, on s’en fout de la montagne, même bosser c’est mieux que se retrouver en vacances avec sa belle-mère et son caniche. Frustration.

Que tout ne se passe pas aussi bien que dans « Nous deux », vous le pardonnez à une seule personne, votre premier amour. Car le première amour a ce grand avantage celui de ne jamais pouvoir être comparé, et d’innover dans l’échelle de votre seuil de tolérance. On est niai avec un premier amour…. On lui pardonne à peu près tout, parce qu’en bonne romantique invétérée on pense qu’on ne se remettra jamais de sa perte, et qu’on aimera plus jamais…., autrement pourquoi cette pauvre Juliette Capulet aurait-elle fait croire à sa mort, provoquant derrière elle une belle brochette de catastrophe? Roméo la croit morte, décide de négocier un prix de gros dans les enterrements et de mourir à son tour. Juliette se réveille, voit Roméo mort, comprend que les faux suicides ne comportent pas que des avantages, et décide de mourir. Et pour de vrai cette fois. Et dire que de nos jours on se fait larguer par sms….
Le première amour partit, on pense aux différentes alternatives comme: sauter de son balcon. Quand on habite comme moi au premier, notre geste romantique risque fort de se terminer avec une jambe cassée et sa saison de ski ruinée. On oublie.
Autre possibilité: noyer son chagrin en devenant alcoolique. 6 bières achetées, en galérant pour arriver au bout de la première. Quelques mois après, on jette les cinq autres parce que ça prend trop de place dans le frigo. On oublie aussi l’alcoolisme.
Lasse de rater sa vocation de marginale à la dérive, on fait la vraie fille à savoir: pourrir la vie de son thérapeute en lui expliquant à quel point il a tort quand il dit que l’on s’en remet. Je peux vous économiser 2 ans de longues séances à vider sa boite à Kleenex en vous disant ceci: il a raison…. on s’en remet…. la Corse avec la belle-mère et un chien qui pue aurait été bien différents si on avait su.

La vie reprend son cours. On fait de nouvelles expériences. On est plus sûre de soi, on sait ce que l’on veut, on se montre tout suite telle que l’on est, on ne joue aucun rôle car on sait que ça ne marche pas. Du coup, on ne berce pas l’autre d’illusion, et on gagne pas mal de temps à être cataloguée dans les  » chieuses à fuir »

Et oui… on se remet de tout, tout s’oublie, et pourtant…. il devrait nous le dire, notre premier amour, que toute notre vie, au détour d’un parfum, d’une chanson, en voyant une mamie ramasser la crotte de son caniche moche, on aura une petite larme en repensant à la fille que l’on était, qui nous semble tellement lointaine maintenant. Celle qui a eu une fois l’illusion de penser qu’elle ne ferait jamais sans, quitte à pleurer sa vie durant. Roméo et Juliette ont décidément mis la barre bien haute…

Fame

Alors là on dirait que je n’en plante pas une rame, mais c’est pas vrai du tout… En faite, j’apprends mes petits textes rigolos pour avoir un spectacle clé en main, à vendre au plus offrant (va falloir raquer…..)
C’est toujours dans ces moments là que je maudis tous les « tiens encore une idée et si je la rajoutais ». Parce que, autant quand tu tapotes sur ton pc c’est facile mais là….. faut se les mettre dans le plot et j’ai écrit DES TARTINES. Mais bon, à force des les avoir réécrits 158 fois parce que je suis une grosse maniaque, seul cas connu sur laquelle le Temesta n’a aucun effet, et bien, je finis par les connaitre sans trop d’effort.

Donc je pense que dans un mois, tout sera dans ma tête et je pourrai m’adonner à mon 2ème loisir préféré : harceler les gens. Je ferai une petite représentation test sur mon entourage qui pourra me donner son avis, idées , critique etc… Sachant que la seule critique que je supporte est : tu es géniale et que chaque idée qui ne vient pas de moi, si elle est meilleure, me vexe profondément, je sens qu’on va passer un bon moment. Pour les remercier, je les citerai le jour où je serai invitée chez Michel Drucker. Ne seront pas compris dans les remerciements, mes parents et mon frère qui n’ont toujours pas vu un seul de mes sketches. Donc je dirai à Michel que je suis sans famille (un crash d’avion ne laisse en général pas de survivant…), et s’ils se décident à me voir sur scène, le prix de leur billet aura une majoration pour tort moral…..

On l’a compris, je bosse, je bosse, je bosse
Ça me fait penser à une série qui a bercé mon enfance (n’allez pas calculer mon âge bande de petits vicieux).
Avec du recul, c’était un peu un leurre de penser que les étudiants de cette école pourraient réussir à Broadway avec leur physique disgracieux, mais j’aimais bien la méchante prof de danse (elle a d’ailleurs une phrase mythique dans ce générique), et la petite frisée pas jolie était attachante dans ses déboires amoureux…Pis bon, j’avais 5 ans.. ils regardent quoi les enfants de 5 ans maintenant… Oui Oui et sa face de niais sous anxiolytique (chez lui le Temesta marche apparemment), donc on en arrive à la conclusion que je devais être très mature et avancée pour mon jeune âge.

Donc sur ce, je retourne bosser, I’m gonna learn how to fly HIGH!!!

God Save the Queen

Je déteste la sensibilité.. parce que depuis petite on m’a toujours dit que je l’étais. Pour moi c’était une tare qu’il fallait combattre à tout prix. Les gens sensibles se retrouvent entre eux pour des soirées « Sur la Route de Maddison », ils parlent de ce qu’ils ont ressenti quand on les a traités pour la première fois de rail de chemin de fer avec leur appareil dentaire, ils pleurent devant tout le monde OH MY GOD que c’est vulgaire ! Objectif : être aussi impassible que la Reine d’Angleterre lors de ses vœux de Nouvel-An ou quand elle annonce un décès. Never explain, Never complain…. Je ne sais pas si j’ai fait illusion, je l’espère, vu les efforts que j’y ai mis. A tout ceux qui me connaissent et qui y croient encore : je suis un cœur de pierre, Clint Eastwood est un vieux crabe qui n’aurait jamais pu se sortir Meryl Streep si un Oscar n’avait pas été à la clé, et, mise à part pour un malheureux concert de Lady Gaga que je n’ai pas pu voir, je n’ai jamais pleuré devant des inconnus (là j’ai fait très fort, c’était dans le métro Londonien, proche de la Reine mais loin de sa classe décidément….)

Petite, à part ma sensibilité, on m’a reconnu une qualité : j’étais drôle. Je me rappellerai toujours quand on me la dit. C’était mon père. Mon frère venait de recevoir un prix d’excellence en physique (pas la culture, les formules compliquées), j’étais dans une école de commerce que je détestais, et que je faisais tout pour rater (même ça, j’ai raté). Je me sentais comme la dernière des connes et c’est là que mon père a eu cette phrase malheureuse à l’époque « oui mais toi, t’es drôle ! ». Bizarrement, sur le coup, ça m’a pas fait plaisir…..

Et puis, finalement, comme je l’ai expliqué lors de précédents articles, lasse de mettre en échec la psychiatrie freudienne, je me suis dit qu’avec une tare, et une presque qualité, je pourrais peut-être essayer d’en faire quelque chose, histoire d’éviter les réunions où on pleure devant tout le monde.

Vous connaissez l’image de l’artiste maudit qui crée sans se soucier des autres, uniquement pour l’art ? C’est des conneries…. Ou alors il fallait me laisser être comme je me destinais à la base :INSENSIBLE

Je n’ai pas fait de pages ou vous pouvez vous exprimer, c’est certainement une erreur. Les mots que vous m’avez envoyés, j’aurais aimé pouvoir les partager. Ils m’ont touchés, encouragée, ils ont construit pas à pas le fragile équilibre de la confiance en soi.
On m’a prédit un brillant avenir, on m’a comparée à Florence Foresti, Zouk, au Muppets Show, on m’a dit simplement « j’aime beaucoup ce que tu fais ».
Au risque de me la jouer, je me vois obligée d’arrêter là ma retranscription (je SAVAIS que j’aurais dû faire un livre d’or….)

Et puis un jour, cassant le brillant ciel bleu de mon narcissisme contrôlé, j’ai reçu trois mots, qui disait « C’est à chier » ou plutôt « t’es à chier », bref un truc du genre… C’était court mais suffisamment clair pour que je ne demande pas à la personne de présider mon fan club.
J’ai fais plein de réponses dans ma tête. Je suis assez maniaque comme fille. Quand je pense que je fais un truc bien, j’aime assez qu’on soit de mon avis, quitte à avoir les gens à l’usure. Puis je me suis rappelée ces mots de Zitrone (oui je sais, ça paraît un peu bête, j’aurais préféré pouvoir citer Sartre ou Platon mais il s‘avère que ce cher Léon a eu le bon goût de faire une phrase qui m’a remonté le moral, contrairement aux deux autres) « qu’importe que ce soit en bien ou en mal, pourvu que l’on parle de moi »
Ce n’est que le début… le début des mots d’encouragements, des comparaisons.. on me trouvera bien meilleure, bien en-dessous de Foresti, on trouvera que je suis étonnante ou que je n’ai rien inventé, on me dira que l’on m’aime beaucoup ou que je suis….. à chier

Après avoir dû accepter ma sensibilité un autre défit encore plus grand m’attend : maitriser l’art délicat de déplaire.

Ne me quitte pas…..

Je sais, ça fait un moment que je n’ai rien posté mais… patience….. le temps de mettre les idées dans le bon ordre, de faire des phrases intelligentes (enfin, qu’elles le paraissent en tout cas) et je suis de retour très vite….. pis d’un côté, pour avoir relu un peu mes articles, il y en a un bon paquet…. Allez, allez, on ne ménage pas sa peine et on relit TOUT depuis le début….

I’m not sorry

J’ai perdu 3 minutes de vie pour lire que d’après Stéphanie de Monaco, Madonna est vulgaire car il fait des gestes obscènes sur scène et qu’elle dit des gros mots. La vilaine ! En plus, elle refuse de vieillir. Franchement…. On n’a pas idée. En tout cas, chose sur, pour une biographie/discographie/anthologie ainsi qu’une analyse psychologique en trois phrases, Madonna peut s’adresser à Stéphanie De Monaco.

Moi, ce que j’adore, c’est qu’à chaque fois que l’on doit donner un exemple sur la difficulté pour une femme de vieillir, 9 fois sur 10 c’est le nom de Madonna qui sort. Toutes les autres femmes qui ont passé 50 ans voient certainement arriver la ménopause et la dégénéréscence qui s’ensuit de manière totalement zen et réjouie. Le pire c’est que le plus souvent, c’est des femmes qui l’attaquent. Je trouve que c’est un auto-goal particulièrement cruelle et inutile. Mesdames, ne perdez pas votre salive à argumenter qu’une femme mature n’est plus visible et désirable…On vous le fera comprendre bien assez tôt.
Et qu’est-ce qui est le plus insupportable ? Qu’elle n’accepte pas de vieillir ? Ou qu’elle fasse tout pour combattre l’inéluctable et qu’elle y arrive, ma foi, plutôt bien… J’ai fait beaucoup de concerts de Madonna, beaucoup plus que ceux de Stéphanie de Monaco, ça c’est sûre. ça ne m’a jamais choqué de la voir en body, ça ne m’a même pas effleuré l’esprit qu’elle devrait s’en abstenir…. Je n’aurais par contre pas absolument souhaité voir dans la même tenue toutes les personnes qui l’ont égratignée. Et oui, l’abonnement Pilates et abdo-fessier, ça ne sert pas à grand-chose de le contracter si on n’y met pas les pieds

Madonna fait des gestes obscènes sur scène. Certes. Elle lève ses deux majeures en l’air. Ça fait partie d’une chanson, du show, de son répertoire. Elle chante « Human Nature » une chanson où elle parle de désir au féminin en le comparant au masculin, s’interrogeant de manière tout à fait concrète sur le fait que l’on accepte des choses de ces derniers que l’on condamne chez les femmes. Peut-être savait-elle déjà qu’on la condamnerai pour sortir avec un garçon qui pourrait être son fils, alors que l’admiration aurait été de mise pour un homme. On peut quand même se dire que c’est un personnage, qu’il y a un contexte, qu’elle ne l’aurait pas fait si elle avait fait une reprise de « Denver le dernier dinosaure ».
Sous prétexte qu’elle a des enfants, qu’elle a 50 ans, toute référence au sexe doit être bannie ?
On compte beaucoup de mère de famille, même que j’en cotoie parfois ! Les couvents sont pourtant loin d’être sur peuplés….
C’est parce qu’elle le fait en public ? C’est ça qui est gênant ?
Enorme trouvaille de ma part, je vous présente une artiste qui s’appelle Madonna. Par artiste, comprenez, un être humain qui amène sa créativité et sa personnalité, en essayant de céder le moins possible à la censure, la scène étant encore le dernier endroit où cela est possible. Elle rentre dans un personnage, et fait ses deux malheureux « fuck » sur scène. C’est sa marque de fabrique, le public reconnait la rebelle qu’il aime depuis plus 30 ans et en redemande.

C’est clair que c’est rageant pour les autres…. N’en déplaise à la personne qui m’a une fois dit que tout le monde pouvait être Madonna (oui oui, il sort environ 15 Madonna par années mais elles sont tellement douées qu’on en entend jamais parler. Elles restent dans l’anonymat et font de réunions tout les mercredis après-midi où elles parlent plan de carrière), n’en déplaise à cette personne, ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir faire ce genre d’exercice devant 80’000 personnes qui ont en plus payés pour le voir. La classe Madonna ! Je t’admire pour tout cela et parce que toi aussi, tu sais le lot qui guette toutes les femmes passé 40 ans. Et que plutôt que de passer ton temps à pointer du doigts les autres (avec l’index, pas le majeur svp), toi tu as décidé de te battre et de montrer au monde entier que l’on t’aime ou pas, on allait toujours te regarder. Avec ton doigt levé.

Veux-tu respirer?

C’est terrible ce sentiment.. celui d’avoir l’impression de perdre son temps, de passer à côté de sa vie, que la vérité est ailleurs (je ne suis pas une grande fan la série X-files, mais j’ai toujours trouvé que cette seule phrase « la vérité est ailleurs » valait à elle seule la peine de regarder le générique)

Ce sentiment je l’ai eu pendant longtemps, jusqu’au jour où, après avoir mis 60 pages à la poubelle, j’ai enfin pu me dire que non seulement j’aimais écrire mais qu’en plus j’avais trouvé mon style.
Depuis, j’écris chaque jour. Que ça soit bon ou pas. Juste parce que c’est une évidence, un réflexe. On ne se pose pas la question si on va respirer quand on se lève le matin, n’est pas ? A moins peut-être d’être si on travaille dans un sous-marin des pays de l’est….Ce n’est pas mon cas, et j’espère que ce n’est pas le vôtre non plus.

Parfois j’ai encore ce sentiment de perdre mon temps…. Tant que je ne pourrais pas « faire l’artiste » à 100%, tant que la raison devra encore l’emporter sur la passion, avant d’avoir décroché mon premier contrat, il y en aura du temps de perdu.

Et pourtant…. ce temps perdu me soulage… il me crie au visage que je suis prête à tout assumer pour arriver à ce que je veux, que toutes les difficultés rencontrées me construiront bien plus qu’un dangereux confort, et que lorsque j’y arriverai enfin, je n’aurai même pas un regard en arrière. C’est un avantage non négligeable que l’enfer a sur le paradis : on ne le quitte pas la larme à l’œil, il vous pousse à vous dépasser pour vous en sortir. Je sais pertinemment que c’est une démarche consciente de ma part, aussi longtemps que je n’aurai pas atteint mon but, je flirterai avec l’enfer et resterai sourde aux appels de sirène du confort. Et puis, enfer, on s’entend.., je ne dois pas chasser le grizzly à l’arbalète, ni ne me retrouve pas sur les poteaux de Koh Lanta…. C’est plus psychologique comme enfer…. Comme se sentir morceau de viande dans une convention de végétariens…. Pas très adaptée en gros.

Hier, j’ai envoyé mes sketches à un producteur. Un mélange de joie et de peur poussée à son paroxysme. « Enfin ! C’est le moment, ma chance, il faut savoir la reconnaitre ! Mais….. Si cette espèce de folle qui lisant dans les cartes et les entrailles de chèvres avait raison lorsque qu’elle m’a dit que je retournerai à la comédie à 50 ans? s’il n’aimait pas ? s’il me disait non ?» Les artistes sont certainement les personnes les moins à même à supporter le jugement. Et le seront sur des choses particulièrement intimes. Peut-être est-ce pour cela que l’on explose les statistiques de drogués et alcooliques non repentis.

Une seule certitude nous sauve, réussite ou non, la force artisitique s’arrêtera avec la respiration.

Je veux faire travaux

-Moi quand je serai, je veux faire travaux. Toi c’est quoi ton travail ?
-Moi je vais bientôt faire un spectacle où je dirai des trucs rigolos
-Je devrai payer pour voir ton spectacle ?
Cachant mal mon sourire, je me lançais dans une explication rationnel
-Ben tu sais, ça sera dur au début… j’aurai peut être peu de public… Si en plus celui qui vient ne paye pas…. Je préférerais que tu payes….
-Alors faudra demander des sous à maman. Mais il commence à quelle heure ton spectacle? Parce que moi, je dois me coucher à 20h30
-Vu que tu seras un public de qualité, je le ferais spécialement tôt pour toi
Ça lui suffit. C’était clair pour lui. La réponse le satisfaisait complètement. Il ne m’a pas dit que ce serait dur d’en vivre. Il ne m’a pas parlé non plus d’un metteur en scène pour qui la plus grande gloire avait été de monter une pièce de théâtre avec les mauvais acteurs d’une paroisse, bien qu’il avait fait toutes les écoles qu’il fallait. Il ne m’a pas regardé avec un grand sourire pour le perdre complètement en me répondant « ah mes c’est sérieux ? Tu vas vraiment le faire ??? » Il n’a pas fait ce qui est mon lot quotidien maintenant depuis quelques mois.
Je me suis alors demandée à quel âge on devenait si triste et prévisible ? Quand est-ce que l’on perd ce précieux don de ne pas penser que les choses sont impossibles avant même de les avoir tentées ?
Ce qui est sûre, c’est que maintenant, les vraies choses sérieuses, je n’en parlerai qu’aux enfants de 5 ans.

Les filles comme moi

Hier lors d’une discussion sociologique particulièrement intéressante, j’ai appris que les filles qui, comme moi, se souciaient de leur apparence, pouvait donner l’impression de ne savoir parler que de fringues…. Quel scandale ! c’est totalement faux ! Et il est de mon devoir de rétablir la vérité ! Nous ne savons pas parler QUE de fringues…. Nous savons également parler de nos cheveux et du dernier aspirateur Dyson… Nous apprécions des échanges sur la différence entre la cire pour nos chaussures et notre hydratant corporelle afin de nous en rappeler, car, en bonnes écervelées, un accident est vite arrivé et ça serait tellement dommage d’abîmer une paire de Gucci….

Nous lisons parfois « Psychologies Magazine » afin de pouvoir placer quelques fois « Freud » et « complexe d’Œdipe » dans des soirées où notre charmant sourire ne suffit pas à nous faire paraître intéressantes. Et nous apprenons par cœur quelques phrases standard comme « les enfants de nos jours ont beaucoup trop de choix » ou encore « on est jamais content de ce que l’on a, l’être humain est ainsi fait ». Des phrases qui donnent l’opportunité à notre interlocuteur de prendre longuement la parole. C’est en général ce que les gens aiment bien faire non ? Comme ça, ils peuvent parler de leur expérience, de l’expérience du voisin et d’un gars qu’ils ont vu à la télé.

Notre seule ambition étant dans terminer épanouie en robe de mariée en-dessus de la télé de notre mère, merci de ne pas trop nous en demander et de bien articuler lorsque vous nous posez des questions qui dépassent le sujet du dernier clip de Kylie Minogue.

Tiens en parlant de robe ! Donnons complètement raison à cette étude sociologique, j’en ai acheté une dernièrement… Une magnifique ! Il est vrai que tant qu’à dépenser du pognon pour m’habiller, j’essaie la plus part du temps que ça me mette en valeur. Mon dieu, suis-je futile. Partant du principe que la futilité était génétique, j’ai appelé ma mère pour lui parler de ma dernière trouvaille. Elle l’a trouvée magnifique et qu’elle m’allait très bien.. sans l’avoir vue.
J’en déduis donc que ma mère est une bonne mère qui soutient ses enfants quoiqu’il arrive. Je constate également que ça paye de lire « Psychologies Magazine », la rubrique « avoir une image positive de soi et la faire partager aux autres » a bien été intégrée.

I’m back…

Je sais le blog est quelque peu délaissé ces derniers jours. On pourrait croire que c’est parce que mon inspiration est au point mort, que je suis chez moi en training, me bourrant de glace et regardant la 64 ème fois Friends pour oublier ma douleur.
Et bien non… J’ai justement plein d’inspiration, au grand damne des pauvres personnes qui m’entourent. C’est pas très agréable de raconter comment vous avez terminé aux urgences suite à une crise d’angoisse et d’avoir une personne en face qui farfouille dans son sac à la recherche de son stylo tout en disant « Continue, je t’écoute ! Tu ne m’en veux pas, je vais noter ce que tu me dis, ça me donne une SUPER IDEE ! Donc tu en étais resté à : je devais respirer dans un cornet….»

Je ne porte pas de training chez moi non plus, ou si j’en porte, c’est à l’extérieur et court du bas, court du haut, avec un bandana et un teint pourpre qui gâche un peu l’effet fashion recherché de ma tenue.
Par contre, j’avoue, je regarde pour la au moins 64ème fois Friends. Et j’espère malgré tout que Ross ne trompera pas Rachel. Question : est-ce que ce genre de phénomène n’arrive qu’à moi ? C’est typiquement féminin ? De connaître la fin, mais de la modifier de la manière « ça m’arrange et le Prince retrouve la Princesse » ?
Avec « Titanic » c’est encore plus douloureux…. « Bon cette fois, ils vont le voir l’iceberg ! Raté…. Mais les salauds dans les cannaux de sauvetage vont aller le rechercher ! Encore pas ? Superman ? Batman ? une soucoupe volante qui lui propose de lui sauver la vie en échange de créer une nouvelle civilisation ? Non plus ? Les films hollywoodiens ne sont plus ce qu’ils étaient…. »

C’est certainement pourquoi les femmes sont toujours plus souriante que les hommes sur leur photo de mariage… Non seulement la robe est chère et il faut la rentabiliser mais en plus, on est persuadée que l’on va éviter l’énorme iceberg se profilant… Pour celles qui le croient toujours : coupez la radio, la télévision, et rejoignez la population darbyste la plus proche de chez vous.

Mais je m’égare de mon sujet. Donc en gros, j’ai de l’inspiration, que je mets au profits de sketch court à l’image de ce que l’on peut trouver dans « ….dans tous ses états » ainsi que pour peaufiner mes sketches du spectacle.
Et ce qui me reste de temps, je le consacre à être « une artiste dans l’attente de vivre de son art ». A savoir : insupportable et se retenant de lancer toutes sortes de projectiles à la tête des gens pour se détendre….

Etre célibataire

Dimanche dernier, j’ai mis la télé en fond sonore pendant mon déjeuner. D’habitude je mets MCM mais à ce moment là, il y avait un clip d’une de ces filles qui se plaint tout le temps. Soit son copain, la quittée, soit il veut la quitter, ou elle est avec lui mais elle pense à un autre… Vitaa je crois que c’est elle.. Ou Sheryfa Luna ! dans le genre « ma vie ça craint et je ne prends absolument pas sur moi » elle fait fort, elle aussi. Bon d’un côté je les comprends, écrire sur « il m’a quittée, c’est vrai je suis bien triste mais je pense positif ! ça ira tellement mieux demain » je suis pas sûre que tu tiennes une chanson entière avec ce thème….
Bref, donc je n’ai pas mis ma chaine musicale habituelle. Mais le dimanche matin, qu’est-ce que l’on trouve à la télé ? Des émissions qui ventent les mérites des poêles qui n’attachent pas ou des crèmes à abdo… (sensible au marketing comme moi, ne jamais regarder ce genre d’émission, ils sont très souriants et convaincants pourtant, les poêles attachent et le meilleur moyen d’avoir de jolis abdos restent encore de souffler comme un bœuf en faisant du cardio-training et les relevés de bustes…..La crème sans effort, utilisez la pour cirer vos chaussures…) Le dimanche, il y aussi les émissions œcuméniques. Oui je sais…. Mais j’avais peur de continuer le télé-achat et de me retrouver avec un kit mobilier de jardin alors que je n’ai même pas de balcon.
Pendant son prêche, le pasteur a voulu marquer sa solidarité envers ceux qui souffrent. A savoir, et je le cite : les malades, les isolés, ceux qui ont perdus un proche et…. les célibataires….
Ok, passer à côté de toutes les actions « 18 yaourts au prix de 16 » pour éviter de surcharger votre frigo minuscule et de nourrir votre poubelle, c’est pas forcément sympathique. Se retrouver en permanence à côté des vieux et du cousin incasable dans les mariages, ça ne fait jamais plaisir. Passer son samedi soir à sangloter devant Julia Roberts qui plaque pour le 15 fois en moins d’une heure Hugh Grant parce que tout vos amis vos ont plantés, ça fout les boules. MAIS QUAND MEME….
Ça m’a fait repenser à une anecdote qui m’est arrivée lors de mon jogging… J’étais entrain de faire un échauffement lorsque j’ai entendu « joli le tatouage ! ». Il est vrai que j’ai des jolis tatouages… Je ne suis pas contre la flatterie non plus et, je suis bien élevée. J’ai donc répondu « merci, c’est gentil » avec un sourire. Grave erreur de débutante…. S’en suis, une très longue discussion pour obtenir mon numéro de téléphone. J’ai d’abord répondu « non », puis je me suis inventée un mari, des enfants. Le premier en général ne décourage pas grand monde. Les seconds, en revanche, vous font rarement passer en tête de liste des « cœurs à prendre » de l’année….Mais là, rien à faire. Voyant les minutes s’égrener et mon entrainement se réduire considérablement, j’ai cédé. Evidemment, j’ai donné un faux numéro. Vous avez déjà entendu ce truc non ? Mais est-ce que l’on vous a déjà raconté la suite ? Est-ce qu’on vous a dit que ça se terminait bien, que vous vous débarrassiez de l’insistant en douceur et que vous pouviez tranquillement commencer vos petites foulées ? On vous a menti… La personne, elle le compose devant vous, votre numéro bidon ! Bien sûr t’as honte, honte de ne pas courir assez vite…. Prépare ton sourire niai et tes excuses, tu en auras besoin…..« Mais il est pas valable ton numéro ?!?! » « ouais mais je change tout le temps..pis des fois je ne m’en rappelle pas… pis en faite….euh…. bon sur ce salut…. »

La punition pour ne pas faire plus d’effort social tout en étant une menteuse pathétique ? Un pasteur, l’air grave en ce dimanche matin, te dira devant ton bol de céréales, qu’il est de tout cœur avec toi…

Un des (nombreux) clip, où Vitaa se plaint:

La relève avec Sheryfa (qui se plaint aussi)

http://www.youtube.com/watch?v=iBk9tVxdALs

La numérologie

Il faut vraiment avoir atteint le fond du bac pour avoir recourt à la numérologie. Comme si ton nom, ton prénom et ta date de naissance pouvait influencer ta vie…. « bonjour je m’appelle Jeannette Knöpfli, et si mes parents avaient décidé de m’appeler Emilie, d’une part, j’aurais un prénom vachement moins pourri et d’autre part à l’heure où je vous parle je serais Top Model au lieu de contrôler que les boudins ne se noient pas dans la piscine municipale… Mes parents ont gâché ma vie….. ». Pas très crédible cette « science » non ? ça me convient PARFAITEMENT

J’ai atteint pire que le fond du bac…. Puisque j’ai fait le test, mais sur un site internet gratuit. C’est donc un serveur d’ordinateur et pas une femme qui fait peur, qui te fait ton thème. Donc pas moyen de tricher style « je vois des enfants dans trois ans… Ah vous êtes stérile ? J’ai dit que je VOYAIS des enfants, j’ai pas dit : VOUS allez en avoir….. Vous avez bien une sœur, un cousine, une parente éloignée, bref quelqu’un qui a des ovaires dans votre entourage ? »

Donc l’ordinateur, il ne part pas sur des terrains cassent gueule comme les gosses où la future tromperie de ton conjoint avec « euh….. un humain de son entourage »…. Mais malgré tout, le résultat m’a bluffé.. en voici qq extraits choisis

« ….Vous êtes naturellement enthousiaste et gaie et faites preuve de vivacité d’esprit et d’action. En deux mots, vous êtes faite pour créer et pour communiquer… Vous êtes sans conteste de nature sociable et amicale, et vous êtes douée d’un sens aigu de l’équité. À surveiller: Une nette tendance à la susceptibilité et aux réactions impulsives, à la colère ainsi qu’à la dispersion et à l’éparpillement… Bref: N’attendez pas des autres qu’ils possèdent toutes vos qualités, sachez les accepter tels qu’ils sont et tout ira pour le mieux! »

On résume, je suis très bien comme nana, je crée, je parle, je suis enthousiaste bref tout va bien sauf quand j’hurle à m’en décoller les poumons, car je suis en colère… Mais pourquoi suis-je en colère ? car les autres n’ont pas mes qualités… quand j’aurais accepté cela, je gagnerai en quiétude, par contre, je pense que je pourrai aussi participer aux réunions des « egos surdimensionnés anonymes »

« …..Il émane de vous un certain charme , parfois même un certain magnétisme. Vous pouvez vous épanouir dans la relation amoureuse, dans la complicité durable à condition qu’existe le respect mutuel de l’autonomie »

En plus d’être meilleure que tout le monde, j’ai du charme, pire… du magnétisme.. j’adore ce site internet !
Ce qui concerne le respect mutuel dans le couple, je vote pour…! Cela dit, j’ai encore jamais entendu personne me dire « j’adore me faire traiter de grosse vache et me battre à coup de décap’ four avec mon conjoint en rentrant du boulot… ça me détend »

« ….votre nombre d’évolution, le 7. Il confirme aussi votre autonomie, votre besoin d’espace, votre goût artistique, vos grandes idées, votre philosophie, votre humour et votre sens de l’amitié. Si vous savez prendre confiance en vous et cherchez toujours à vous perfectionner sans avoir peur des moments d’isolement ou de doute, et si ce n’est déjà le cas, vous évoluerez très agréablement au travers d’opportunités, de rencontres, de découvertes, d’expériences enrichissantes, de sagesse et d’un peu de chance. »

Là rien à dire, ni à tourner au ridicule, je trouve que c’est vrai… Mais en même temps ça va dans mon sens… « Vous êtes une vieille pie acariâtre qui vivra de l’aumône de ses parents car tout le monde vous déteste » passerait certainement moins bien…..

« …..ces obstacles consistent essentiellement en une légendaire difficulté à assumer avec mesure l’opinion, critique, des autres. Selon que vous surmontez bien ou non ces obstacles, votre chemin vous réserve une vie intense, spirituelle et vous dote d’un esprit ouvert ou alors, à l’inverse, il peut faire de vous une personne instable, maniaque voire nuisible… Bref, votre chemin ne fait pas dans la nuance et laisse une sacrée marge à votre libre-arbitre… A vous de jouer! »

J’adore ce passage ! quand on me connaît et que l’on sait mon amour immodéré pour la critique me concernant (hum), j’ai intérêt de changer et vite si je ne veux devenir une tatie Danielle sous Prozac…

Et pour la fin, le plus étonnant :

« …… votre talent de persuasion et votre don de la parole suggèrent une brillante carrière en tant qu’avocate, actrice, politique ou éventuellement militaire. Ou un métier à forte mobilité. »

Mise à part que ce site me confond avec Sarah Palin, je retiens que pour un stupide serveur ne m’ayant jamais vu, il aurait tout aussi bien pu trouver que j’avais le profil rêvé pour travailler au ministère des finances… et il ne l’a pas fait….

Happy Birthday

Il y a un moment où c’est sympa son anniversaire. Quand tu veux des patins roses fluos, ou un walkman avec la cassette de « Capitaine Abandonné ». T’es la star de la journée, t’as négocié de pouvoir inviter au moins 12 copines, elles arrivent les unes après les autres, elles n’ont pas le temps de te dire bonjour que tu es déjà entrain de jauger la taille du sac qu’elles ont apporté. En général il est gros. Manque de bol, la raison principale et que leur maman prévoyante leur a fait prendre leur pantoufles pour ne pas jouer en chausettes…

Il y a un moment où c’est vital, ton anniversaire. Quand tu en as marre de te maquiller comme une prostituée de luxe pour te faire refouler malgré tout, à l’entrée des boîtes de nuit.
Tu passes ton permis, t’as enfin le droit de donner ton avis dans les bureaux de vote (tu ne le fais pas, mais tu apprécies quand même que l’on te pose la question), tu reçois une montre le jour de tes 20 ans… Une belle, le genre où toute ta famille se cotise. C’est la tradition, il faut marquer le coup. Mais le coup de quoi ? Autour de la table, tu regardes tes parents, puis tes grands-parents, ton frère qui attend de pied ferme que le repas se termine pour aller dans une vraie fête. D’un coup d’un seul, ça t’apparaît clair comme de l’eau de roche. Merde alors ! toutes les années où tu as attendu frénétiquement de pouvoir boire fièrement de la bière (que tu déteste finalement), de ne plus mentir pour aller dans toutes les soirées que tu veux, pour comprendre finalement que leur intérêt résidait dans leur interdit. D’autres petites filles vont se balader, écouteur sur les oreilles, en chantonnant « If you wanna be my lover ». Tu t’es bercée d’illusions, ça ne va pas s’arrêter à toi. Toi aussi tu vas vieillir, toi aussi on te demandera de prendre tes responsabilités, à toi aussi on t’expliquera pendant de très longues minutes comme allumer correctement le Home Cinema.
Ta vie ne se résumera pas à une succession d’ascensions dont le but est d’avoir ta première Peugeot GTI. Il y aura un long chemin parsemé d’embûches, avec des hauts et des bas, de grandes peines qui succéderons à de grandes joies, le tout avec ce qui t’était jusque là étranger, la notion de l’éphémère.

Je ne lui ai jamais pardonné ce jour là, à mon anniversaire, et depuis, à son approche, je fais des théories qui changent au gré de mon humeur… J’ai mal ici, j’ai mal là, j’aime pas être obligée de fêter, j’ai mes textes dont je n’arrive pas à faire façon, on m’a dit un truc de travers je ne suis vraiment pas d’humeur.
« Alors surtout ne me dites rien ! Ne faites rien ! »
Ils ne font rien…
Depuis quand faut-il écouter tout ce que je dis ?

Tu devrais…

J’ai déjà dit, je crois que je ne prenais pas super bien la critique… Enfin, c’est pas tout fait vrai. Parfois, la critique ne me dérange pas…. « tu es super/je te trouve très douée/j’aime beaucoup ce que tu fais », ça me va. Si ça sort de ce registre, ça passe tout de suite moins bien. Beaucoup de raisons à cela., D’abord parce que je suis moi-même assez peu indulgente sur mon propre travail. Plus précisément ma satisfaction a une durée de vie extrêmement limitée. Je n’y peux rien, je suis une fille. Le syndrome de la paire de chaussures qui ira avec tout quand tu es dans le magasin puis beaucoup trop chères en plus de te faire mal au pieds quand tu arrives à la maison….
Aussi parce que la critique, lorsqu’il s’agit d’artistique, plus que de m’aiguiller, a tendance me bloquer.
J’ai eu le cas récemment. Un professionnel de la profession comme dirait Godard. Un producteur de radio, est venu vers moi avec des « fais plus comme ceci, moins comme cela, bref fait différemment ça sera vachement bien » tout en rajoutant « faut qu’on arrive à te définir en trois mots ».
Merci du conseil mais…. ce n’est pas une recette de cuisine…. Tu n’écris pas en te disant «tagada prout+frapper celui là+contrefaire celle là= rire assuré ». ça sort de ton cerveau en vrac, et tu retranscris tant bien que mal. Tu peux affiner, retravailler, et le retravailler encore pour faire passer au mieux ton message mais en aucun cas contrôler ton style. C’est tout l’intérêt d’en avoir.
Le contrôler, aller sur le terrain que l’on te demande et non celui qui te convient reviendrait à passer ta journée à dessiner deux bâtons et trois pétales en te persuadant que dans deux mois, tu auras parfaitement copié les tournesols de Van Gogh. En gros tu perds ton temps et tu fais de la merde… en gros….

Je m’oblige à ne pas disserter à chaque fois que j’écris quelque chose sur comment je pourrais le faire autrement. On ne peut pas me définir en trois mots, je n’y arrive pas moi-même. Mon style part dans tout les sens, il suit mon cerveau qui n’a jamais su penser de manière logique et rationnel. Promis, le jour où c’est le cas, je ne me contenterai pas de changer de style… Je ferai autre chose

Quand on veut…

Moi perso, j’aime bien le sport… d’une part un peu comme toutes les filles, pour une question pratique. A cause de tous les jean’s à moitié prix… plutôt que de rentrer en te disant « j’ai économisé de l’argent », et ben t’en achètes deux…(je suis un excellent public cible pour tous le publicitaires du monde). Poussée par un vendeur gay pas très au clair sur les variations hormonales, la taille de mes supers jean’s à double, c’est toujours la version optimiste de mon poids… Donc pour un retour sur investissement : sport
D’autre part, parce qu’il parait que c’est pas poli de répondre «mais ta gueule ! » à 85% des questions que l’on me pose…. Alors je ne le dis pas….Mais je les pense…. C’est pas bon la colère refoulée, ça donne des rides et le cancer. Donc sport….Du fitness, du cardio-training, j’entends par là courir les uns à côté des autres dans un espace plus que réduit, avec une température qui doit avoisiner les 45 degrés en plein hiver. T’as toujours l’air malin, tout rouge, à faire du surplace en regardant la télé….quand t’en parles autour de toi, on te dit que c’est nul de d’aller s’enfermer dans une salle…. On te le dit tellement que ça fini par rentrer et que tu te retrouves baskets aux pieds et gourde à la main prête à avaler les kilomètres, et la bonne moitié de la population de moucherons du bord du lac. (ça ne rend pas malade, ça n’a pas de goût particulier, mais par contre, ça fait tousser…). En passant, je profite pour faire partager mon expérience à toutes les filles habituées des fitness qui se décideraient aussi à vivre cette expérience. La tenue ventre à l’air est vraiment super pour la salle et ses nombreux miroirs. Pour le bords du lac bondés un peu moins. Surtout si comme moi, vous avez l’impression de ne croiser que des personnes qui ont des têtes pour jouer dans la série « Esprits criminels ».

Pour mes jean’s, pour les moucherons que je crache derrière les arbres, pour tous les grilleurs de saucisse du bord du lac qui ont des têtes de serial killer, j’aime le sport.

Pour la philosophie du sport, le côté « moi je ne lâche jamais rien, je me dépasse », pour tous les sportifs de haut niveau que l’on écoute la bouche ouverte comme s’ils avaient découvert le vaccin contre le sida, j’ai juste envie de décrocher mon premier bouton et de m’affaler comme une merde sur mon canapé…

Dernièrement, une amie a utilisé l’expression « quand on veut on peut ». ça aurait pu être le slogan de nike… ça l’est peut-être d’ailleurs…. Ça veut dire quoi ? que si tu n’y arrives pas, tu ne l’as pas assez voulu ? je ne pense pas…. si le simple fait de vouloir quelque chose très fort suffisait, mon bilan de réussites 2009 aurait été « vit de son art » et pas « n’a pas pleuré à son anniversaire »; j’aurais eu une rupture tout en dignité du coup je serais repartie avec mon barbecue; un de mes amis fan de karaoké aurait rejoint Cindy Sanders pour la relève de Céline Dion.

La chance, la fatalité, la prédisposition, le hasard fait partie de tout ce qui meuble notre vie. Cette vie que nous maitrisons ma foi que bien partiellement…. Et, oui, c’est beaucoup plus angoissant de l’accepter…. Vooooila, j’ai baissé le moral de tout le monde, vous êtes tous conscients que vous n’arriverez jamais à rien, oubliez vos rêves, on va tous mourir ! merci qui ? merci Alexia !

En parlant de rater sa vie, tout ça, j’espère que ma copine me pardonnera d’avoir malmené son expression favorite parce que nous avons prévu un voyage à Londres ensemble…. Dans le cas contraire, est-ce qu’un billet VIP pour voir Lady Gaga en ma compagnie intéresse quelqu’un ?

Spiderman

J’ai déjà abordé la galère des cadeaux de Noël, lorsque comme le 98% des gens, on connait non seulement un enfant, mais surtout des parents qui prendront très mal l’usuel « Mais il a déjà tout ! » comme excuse.
Notre société et ainsi faite, on conditionne les enfants en leur offrant tout un tas de trucs inutiles bien avant qu’ils soient demandeurs, pour les accuser d’être de méchants petits consommateur quand ils piquent une crise à 6 et demi pour avoir le dernier Ipod.
Ainsi à son premier anniversaire vous assistez à des scènes surréalistes d’applaudissements généraux quand après une attente interminable, petit-bonhomme aura enfin réussi à ouvrir le premier de ses quinze paquets. (il s’arrêtera là, jouer avec le papier, c’est beaucoup plus rigolo qu’un livre chantant)

On pourrait se dire que fêter une fois l’anniversaire, c’est suffisant.. on est tous content, on se rappelle la larme à l’œil ce qui s’est passé l’année précédente, comme il était joli dans son pyjama juste avant qu’il se mette à hurler pour… ne plus jamais s’arrêter. Pis voila, on passe à autre chose. Move on !
Mais non… les anniversaires, vous ne vous en débarrassez JAMAIS. Même pas à l’EMS quand vous ne savez même plus lire ce qu’il y a de marqué sur le gâteau… on est un peu con quand même parfois….
Donc hier rebelotte je me suis retrouvée dans une galère incroyable… trouver dans le magasin de jouet, un seul article que mon neveu n’avait pas.
Vive les discussions surréalistes avec ces être à part que sont les vendeuses de jouets pour miteux.
« Bonjour, je cherche un cadeau pour un petit garçon. Ah non pour 3 ans, ça va pas, il en a 5…. Euh pour 14 ans ça va pas non plus il en a 5….. ben un super jeu génial qui sort au mois de septembre moi je ne suis pas contre. Je vous donne juste le numéro de sa maman pour lui expliquer que l’on déplace la fête d’anniversaire de son fils initialement prévu au mois de mai…. MAIS DONNEZ MOI UN SCHTROUMPF DEALER DE MAJIJUANA, N’IMPORTE QUOI, MAIS QUE JE NE ME POINTE PAS LES MAINS VIDES ! » Puis je vis la lumière. Il y a quelques jours, on m’a parlé d’un gamin qui avait la passion des supers héros et qui passait sa journée habillé en Spiderman… Quand j’y repense, je suis persuadée que l’on a omis de me mentionner la case pédopsychiatre tout les mercredi après-midi.
Et là, je ne sais pas pourquoi j’ai comme déconnecté de la réalité. Le désespoir sans doute…. je me suis persuadée que c’était l’idée du siècle… J’ai donc demandé les déguisements et suis repartie avec ma panoplie de Spiderman sous le bras…. En sortant du magasin, j’ai reconnecté avec la réalité…. Mon neveu a 5 ans.. il connait Tchoupi, ce débile de Oui-Oui, et celle qui a contribué à la mauvaise réputation des femmes en matières de bla bla intempestif : Maya l’abeille… Spiderman, les araignées radioactives qui vous donnent des supers pouvoirs ainsi que la capacité de passer du freluquet invisible à la plastique du tombeur de ces dames, mon neveu, il est pas très au point. Soyons clair, il ne sait absolument pas qui est Spiderman.

J’ai donc passé une heure dans une librairie avec mon déguisement sous le bras à harceler un vendeur pour qu’il me trouve la bio complète de Spiderman, afin que je puisse expliquer à enfant de 5 ans que c’est super bien de porter un collant bleu moulant et un masque qui fait peur (qui a dit sado-maso ?)