Veux-tu respirer?

C’est terrible ce sentiment.. celui d’avoir l’impression de perdre son temps, de passer à côté de sa vie, que la vérité est ailleurs (je ne suis pas une grande fan la série X-files, mais j’ai toujours trouvé que cette seule phrase « la vérité est ailleurs » valait à elle seule la peine de regarder le générique)

Ce sentiment je l’ai eu pendant longtemps, jusqu’au jour où, après avoir mis 60 pages à la poubelle, j’ai enfin pu me dire que non seulement j’aimais écrire mais qu’en plus j’avais trouvé mon style.
Depuis, j’écris chaque jour. Que ça soit bon ou pas. Juste parce que c’est une évidence, un réflexe. On ne se pose pas la question si on va respirer quand on se lève le matin, n’est pas ? A moins peut-être d’être si on travaille dans un sous-marin des pays de l’est….Ce n’est pas mon cas, et j’espère que ce n’est pas le vôtre non plus.

Parfois j’ai encore ce sentiment de perdre mon temps…. Tant que je ne pourrais pas « faire l’artiste » à 100%, tant que la raison devra encore l’emporter sur la passion, avant d’avoir décroché mon premier contrat, il y en aura du temps de perdu.

Et pourtant…. ce temps perdu me soulage… il me crie au visage que je suis prête à tout assumer pour arriver à ce que je veux, que toutes les difficultés rencontrées me construiront bien plus qu’un dangereux confort, et que lorsque j’y arriverai enfin, je n’aurai même pas un regard en arrière. C’est un avantage non négligeable que l’enfer a sur le paradis : on ne le quitte pas la larme à l’œil, il vous pousse à vous dépasser pour vous en sortir. Je sais pertinemment que c’est une démarche consciente de ma part, aussi longtemps que je n’aurai pas atteint mon but, je flirterai avec l’enfer et resterai sourde aux appels de sirène du confort. Et puis, enfer, on s’entend.., je ne dois pas chasser le grizzly à l’arbalète, ni ne me retrouve pas sur les poteaux de Koh Lanta…. C’est plus psychologique comme enfer…. Comme se sentir morceau de viande dans une convention de végétariens…. Pas très adaptée en gros.

Hier, j’ai envoyé mes sketches à un producteur. Un mélange de joie et de peur poussée à son paroxysme. « Enfin ! C’est le moment, ma chance, il faut savoir la reconnaitre ! Mais….. Si cette espèce de folle qui lisant dans les cartes et les entrailles de chèvres avait raison lorsque qu’elle m’a dit que je retournerai à la comédie à 50 ans? s’il n’aimait pas ? s’il me disait non ?» Les artistes sont certainement les personnes les moins à même à supporter le jugement. Et le seront sur des choses particulièrement intimes. Peut-être est-ce pour cela que l’on explose les statistiques de drogués et alcooliques non repentis.

Une seule certitude nous sauve, réussite ou non, la force artisitique s’arrêtera avec la respiration.

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