Roméo et Juliette

Pas très assidue dans le blog, c’est vrai, et je m’en excuse bien platement…. Mais étant entrain d’apprendre mes textes, je suis confrontée au problème suivant: je le répète une fois, je me trouve brillante et m’écris des lettres de félicitations. Je le répète une deuxième, troisième, quatrième fois, je trouve bien mais que la trame comique est un peu prévisible. Au bout de la cinquième fois je commence à me demander ce que j’avais bien pu trouvé de drôle en l’écrivant, la sixième fois, j’appelle ma mère en pleurant pour qu’elle se sente un peu coupable d’avoir enfanté une fille aussi peu douée. Je répète encore quelque fois sans conviction puis, une idée me revient pour modifier mon texte afin de retrouver la phase une. Et le cycle recommence. J’ai donc écrit environ 6 versions de spectacle jusqu’à maintenant. Je suis le Didier Barbelivien de la scène comique. Bref, j’avance quand même et je compte bien annoncer la première très prochainement.
En attendant, voici un texte que j’avais écris, il y a quelques mois. J’avais entendu une phrase de Lacan, et ça m’avait inspiré cela:

« L’amour c’est donner ce que l’on a pas à quelqu’un qui n’en veut pas » . Phrase de Lacan, éminent psychiatre français. Ça devait être exceptionnel de faire une psychothérapie chez ce monsieur. Après la première séance, vous rentrez chez vous, vous entamez la procédure de divorce, et économisez un bon millier de séances pour essayer de comprendre vos dysfonctionnements et en arriver… au même résultat.
Une phrase et tout est résumé. Fini le conte de fée, la Belle au Bois Dormant continue de faire un gros dodo, Blanche-Neige meurt d’une intoxication alimentaire, c’est les risques d’avoir une belle-mère un brin Rock and roll….
Je sais, il ne faut pas penser comme cela. Mais comme je l’ai déjà mentionné il me semble, si je pensais que tout allait toujours ou bien, ou s’améliorer, je n’aurais pas grand chose à dire. Il est important donc que je fuie le bonheur et les gens heureux! Déjà parce qu’ils sont barbants, mais en plus, ils sont une source d’inspiration nulle.

On commence notre vie de manière complètement faussée. On est bébé, tout tourne autour de nous. Tout. Notre mère peut avoir 40 de fièvre, si on a décidé que notre couche sent trop mauvais ou que le rot n’a pas bien passé, on va faire en sorte que notre problème soit compris. Un bébé n’est pas connu pour avoir une grande compassion envers son entourage. Puis, on grandi, on apprend à ne plus remplir ses couches et que faire des rots en publics ça ne soulève plus autant d’admiration qu’auparavant. Ça s’appelle l’autonomie et apprendre à être civilisé, même si pas mal de gens passent à côté de ce chapitre.
Nous ne sommes plus le centre du monde, la vie est cruelle et injuste, MAIS on a un espoir secret, celui de trouver un(e) partenaire qui réussira à nous combler. Lourd héritage….. attendre de l’autre qu’il nous donne ce qu’on a besoin sans devoir faire une liste comme au père noël. C’est naturel, ça s’explique psychologiquement mais c’est un leurre. 9 fois sur 10, quand vous ne dites pas clairement vos souhait, vous risquez bien de vous retrouver à passer des vacances en Corse avec votre belle-mère et son caniche nain alors que vous rêviez d’un week-end tranquille en montagne. Bon d’un côté, on s’en fout de la montagne, même bosser c’est mieux que se retrouver en vacances avec sa belle-mère et son caniche. Frustration.

Que tout ne se passe pas aussi bien que dans « Nous deux », vous le pardonnez à une seule personne, votre premier amour. Car le première amour a ce grand avantage celui de ne jamais pouvoir être comparé, et d’innover dans l’échelle de votre seuil de tolérance. On est niai avec un premier amour…. On lui pardonne à peu près tout, parce qu’en bonne romantique invétérée on pense qu’on ne se remettra jamais de sa perte, et qu’on aimera plus jamais…., autrement pourquoi cette pauvre Juliette Capulet aurait-elle fait croire à sa mort, provoquant derrière elle une belle brochette de catastrophe? Roméo la croit morte, décide de négocier un prix de gros dans les enterrements et de mourir à son tour. Juliette se réveille, voit Roméo mort, comprend que les faux suicides ne comportent pas que des avantages, et décide de mourir. Et pour de vrai cette fois. Et dire que de nos jours on se fait larguer par sms….
Le première amour partit, on pense aux différentes alternatives comme: sauter de son balcon. Quand on habite comme moi au premier, notre geste romantique risque fort de se terminer avec une jambe cassée et sa saison de ski ruinée. On oublie.
Autre possibilité: noyer son chagrin en devenant alcoolique. 6 bières achetées, en galérant pour arriver au bout de la première. Quelques mois après, on jette les cinq autres parce que ça prend trop de place dans le frigo. On oublie aussi l’alcoolisme.
Lasse de rater sa vocation de marginale à la dérive, on fait la vraie fille à savoir: pourrir la vie de son thérapeute en lui expliquant à quel point il a tort quand il dit que l’on s’en remet. Je peux vous économiser 2 ans de longues séances à vider sa boite à Kleenex en vous disant ceci: il a raison…. on s’en remet…. la Corse avec la belle-mère et un chien qui pue aurait été bien différents si on avait su.

La vie reprend son cours. On fait de nouvelles expériences. On est plus sûre de soi, on sait ce que l’on veut, on se montre tout suite telle que l’on est, on ne joue aucun rôle car on sait que ça ne marche pas. Du coup, on ne berce pas l’autre d’illusion, et on gagne pas mal de temps à être cataloguée dans les  » chieuses à fuir »

Et oui… on se remet de tout, tout s’oublie, et pourtant…. il devrait nous le dire, notre premier amour, que toute notre vie, au détour d’un parfum, d’une chanson, en voyant une mamie ramasser la crotte de son caniche moche, on aura une petite larme en repensant à la fille que l’on était, qui nous semble tellement lointaine maintenant. Celle qui a eu une fois l’illusion de penser qu’elle ne ferait jamais sans, quitte à pleurer sa vie durant. Roméo et Juliette ont décidément mis la barre bien haute…

2 réponses à to “Roméo et Juliette”

  • Axel:

    Ah je comprends bien ce que tu veux dire mais…

    Je ne garde ni nostalgie pour mon premier amour, ni aigreur, mais du quel parle-t’on réellement ? Au départ il y a souvent les premiers amours non-réciproques, qui sont peut-être les plus obsédants mais qui nous paraissent toujours ridicules avec le recul… Il y a les premiers amours partagés, passionnels, qui plus seront tardifs, plus seront intenses et éphemères. C’est ceux-là qui marquent le plus, qui rendent le plus triste sur le moment, mais ce n’est pas ceux auxquels je repenserai quand je serai vieillard.

    Il y a d’abord les amours manqués, ceux qui auraient pu se produire mais qui pour des raisons étrangères ne se sont jamais passés. Je ne sais plus qui disais ça mais « les plus belles histoires d’amour sont celles que l’on a pas eu » et dans un sens c’est certainement vrai. On s’est tellement projeté ce film dans notre tête que l’on a fait à notre image, tout est idéalisé, tout est parfait et c’est tellement plus facile de se dire que les raisons de cet échec ne viennent pas de nous mais d’un facteur externe… Finalement, le seul moyen d’oublier ces amours là est peut-être de les vivre, de se rendre compte par soi-même que c’était voué au désastre et que s’ils avaient du réellement se réaliser, ils l’auraient fait depuis longtemps, et cela ne serait plus un amour impossible.

    Enfin, il y a le grand Amour, celui qui arrive souvent au moment ou l’on ne s’y attend pas. Il est unique car c’est le dernier qu’on vivra, celui qui fera oublier les autres, qui nous accompagnera toujours, qui nous fera devenir une meilleure personne, qui nous fera penser à l’avenir plutôt que de rester bloqué sur le passé. Certaines personnes pensent l’avoir connu, l’avoir frôlé ou l’ont imaginé, mais ils ont tord, ce n’est pas un amour qui se décline au passé, au conditionnel ou au subjonctif, ce n’est ni imparfait, ni plus que pafait, c’est ici, c’est réel, c’est maintenant.

    J’avais peur d’être devenu blasé, qu’en perdant ma jeunesse je ne vivrais plus ces premiers moments encore innocents, ces premiers instants intimes où l’on se découvre en même temps que l’on découvre l’autre, ces moment où l’on se croit invinsible, où notre coeur se met à battre de façon incontrôlée… Et même s’ils paraissent moins intenses car entre temps on s’est carapacé, ils existent et nous attendent, j’en ai la preuve aujourd’hui.

    La chance de Roméo et Juliette était sans doute d’avoir trouvé le grand Amour du premier coup, mais comment en être sûr ? La vie est tellement pleine de surprise…

    Bref, je disgresse mais ton texte m’a fait refléchir..!

    Passe une très bonne fin d’année Alexia, en esperant voir de nouveaux textes bientôt, bisous !

  • Alexia:

    Je me reconnais parfaitement dans « les amours manqués » qui tournent au désastre. ça à l’avantage d’enlever les doutes sur les possibilités d’un futur conditionnel.

    J’espère bien ne pas garder la nostalgie du premier amour mais peut-être de la personne que j’ai été à un certain moment. Cette nostalgie dure quelques minutes, le temps d’un clin d’oeil sur la passé pour me tourner résolument vers l’avenir, qui m’intéresse encore beaucoup plus
    Merci pour ton message plein de pêche et d’espoir, lui aussi, m’a fait réfléchir….

    Bientôt d’autres textes ;o)

    Bisous

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