T’as combien d’amis sur Facebook?

Dans la rubrique, « c’était mieux avant, soyons un vieux con » j’ai remarqué que depuis quelques années déjà je vivais dans un monde parallèle, un monde où t’as plein d’amis et où le simple fait de mettre que tu es sur le canapé simili cuire de ta mère, mieux encore, t’y prendre en photo, peut susciter l’admiration et les « j’aime » endiablés de ta cour (si tu n’as aucun « j’aime », ce qui est rare et un peu la honte, c’est que soit tu as mal pris ta photo, soit ta mère a vraiment des goûts de chiottes).

Facebook, tout le monde critique, tout le monde trouve ça surfait, il est de bon ton de dire que c’est ridicule et que ça ne sert à rien, il n’empêche, du moment que tu es en âge de savoir lire et écrire (j’ai pas dit « écrire correctement, sans fôte et en ayant un discours à peu près intelligent »), bref dès que tu sais allumer un ordinateur sans confondre avec la télé ou tout autre appareil te montrant des images qui bougent, tu es sur Facebook. Et ma maman ne le sera donc jamais.
Si tu n’es pas sur Facebook, tu n’as pas de vie, tu n’existes pas. ça démocratise l’expression, ça permet à tout un chacun d’avoir son fameux quart d’heure de gloire, ne serait-ce qu’avec ta concierge ou le GO de tes dernières vacances. Cependant, on est tous différents et on a de loin pas tous les mêmes aptitudes. C’est ce qui me frappe toujours. Je suis une personne qui n’est pas paresseuse mais qui aurait tendance à aller vers mes facilités. Par exemple, je suis sportive et depuis que je sais marcher mes parents m’ont mise sur des skis. Milieu hostile, tu es occupée à essayer de ne pas mourir congelée ou en te prenant un arbre, du coup, t’es sage et tu ne pleures que pour de vraies bonnes raisons…. Méthode d’éducation comme une autre. Donc je disais, je fais du ski depuis très.. enfin depuis quelques années. Donc, ça va, je me défends. Eh bien, je suis toujours étonnée voir admirative des personnes qui n’ont de pas le ski dans le sang (et c’est peu dire) boudinés dans leur combi dernier cri passer la moitié de leur après-midi à essayer de descendre un faux plat en chasse-neige. Quel plaisir en tirent-ils mise à part celui d’être drôle à leurs dépens ?
Pour Facebook, c’est un peu pareil, tout le monde n’a pas le don de l’écriture et du récit haletant. Tu t’en tapes plein des « aujourd’hui c’était trop bien, j’ai mangé une fondue avec ma collègue <3 ». Pareil que pour le boudiné/chasse neige à ski, au début tu demandes le plaisir que la personne peut avoir à noter des trucs pareil. Pire, tu te dis que l’écrivain de statuts Facebook va se tourner au ridicule….. et bien… pas du tout…. On est étonné mais énormément de personnes « aiment » le fait que tartempion mange une fondue avec sa collègue <3. T’en as même qui trouvent quelque choses à ajouter à cela, un commentaire dans le genre « ro j’espère que c’était bien, enjoy !!! » (mettre des termes anglais prouvent à quel point tu sais de quoi tu parles et que tu es jeune et sympa) et oui… on espère tous que c’était bien et on est dévoré de curiosité…Ont-ils pris un dessert ? La collègue s’est-elle mise à chanter « le petit vin blanc » prise par l’émotion ? Que de suspens !
Et non seulement tu sais « qui-mange-quoi-avec-qui-et-où » de gens que tu ne connais pas plus que ça (on accepte pas toujours que les « amis pour la vie » sur Facebook, autrement t’as deux amis et c’est la honte) mais en plus tu assistes au « je suis en couple et super amoureuse » de ta petite cousine. Qui passe deux heures après à « célibataire fière de l’être et trop dégoutée des hommes ». A 14 ans, ça promet un bel avenir de militante au côté des chiennes de gardes.
Ce genre de choses exaltées et un peu humiliantes qui, à ton époque terminaient dans ton journal intime puis à la poubelle sont maintenant suffisamment importantes pour passer à la postérité.

Tu essaies désespérément de t’intéresser aux photos de fondue et à la fête de la saucisse, tu mets des commentaires plein d’humour dont tu es très fière ! tu es la seule…. ce qui a pour effet que tes amis que tu ne connais pas te détestent. Dans le même temps, tes vrais amis, ceux que tu as déjà vu en trois dimensions et plusieurs fois, tes amis que tu essaies de joindre par tous les moyens sans succès, et bien tu apprends en vrac et dans le désordre : leur mariage, le décès de leurs parents, la gastro de leur gosse (un statut par vomi), leur amour immodéré pour les portraits d’eux même devant la Tour Eiffel. Tu n’essaies plus d’être drôle dans tes commentaires, tu te tais. Tu passes pour une grosse égoïste qui ne s’intéresse pas à ton prochain. Tu as 140 amis sur Facebook. Tu prévois de passer nouvel-an avec ta mère sur son canapé simili cuire à lui expliquer la différence entre un ordinateur et la télévision.

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