Un petit tour et puis va s’en aller

Il serait temps. Six mois que l’on ne voit et n’entend qu’elle, six mois qu’elle défend la famille qui ne lui avait rien demandé, six mois que les enfants qu’elle aime tant auront appris que Frigide pouvait être un prénom (on laissera le soin à ses partisans catholiques de leur expliquer sa signification). Et pourtant, qui aurait pensé cela d’elle, en la voyant, il y a deux ans dans un reportage d’ « envoyé spécial » consacré aux assistants de personnalités. Sortant de son bureau, demandant à son assistant de voir avec sa fille (à elle pas à lui) ce qui lui ferait plaisir pour son anniversaire, puis d’organiser sa fête. Très occupée à écrire son prochain livre, s’auto-félicitant pour son excellent travail de la journée, Mme Barjot ne m’avait pas semblée particulièrement portée sur le thème « les enfants, ma bataille » dont elle nous abreuvé jusqu’à la nausée ces derniers mois, mais…passons….

Mme Barjot, je vous ai vue et revue et re revue en interview et je l’ai bien compris, vous aimez les homosexuels. Vous n’avez rien contre eux et si les enfants n’étaient pas impliqués dans le débat vous seriez la première à leurs côtés pour militer en vue d’une union. Non vraiment vous les aimez, comme bon nombre de vos acolytes de la Manif pour Tous. Les mêmes qui avaient d’ailleurs également protesté contre la Pacs il y a 15 ans alors qu’aucun pro n’osait inclure les enfants dans le débat, tellement ils étaient déjà content que vos amis conservateurs ne proposent de remettre l’homosexualité dans les maladies mentales.

Les enfants pourtant, existaient déjà bel et bien, les homos sachant faire des enfants par eux-mêmes. Une enquête est toujours en cours pour savoir comment ils ont eu accès à ces données confidentielles mais internet est sur le banc des accusés ainsi que toutes les personnes racontant des histoires de butinage de fleurs aux enfants avant de savoir à quelles fins elles seront utilisées 20 plus tard…..Le résultat est que, oui, les homos ont des enfants et ne vous ont pas demandé votre avis avant de les faire. Comme vous vous êtes foutue éperdument du leur quand vous avez fait les vôtres. Cependant ils aimeraient, si ce n’est pas trop vous demander, que vous ne foutiez pas le nez dans leurs affaires, quand ils font de leur mieux pour essayer de les protéger. Pas de vous et de votre image d’Epinal de la famille qui avait déjà du plomb dans l’aile (beaucoup d’enfant n’ont pas forcément de papa ou de maman pour plein de raisons annexes que le désire perfide des homos d’éradiquer définitivement le sexe opposé de la planète). Rien de tout ça, mais simplement se prémunir, juridiquement du moins, des aléas de la vie qui touchent tout le monde, sans discrimination.

Il n’y a donc pas lieu d’un débat sur qui peut faire des enfants ou pas car cela est absolument incontrôlable.

Je vous ai entendue condamner Civitas et les casseurs de salir votre mouvement si pacifiste et demander fermement aux autorités de faire leur travail pour contenir les débordements qui ne sont pas de votre ressort. Ce n’est pas de votre faute à vous, ça ne l’est jamais.

A quoi pensiez-vous Mme Barjot. Qu’avec des idées pareilles, vous alliez vous associer avec le fan club de Casimir ? Que tous vos amis qui lèvent les poings, le visage fermé, l’œil rageur, chargeant les journalistes et les policiers sont motivés uniquement par l’amour du mariage et des brunchs familiaux ? Vous rendez –vous seulement compte que, que si les Nostradamus de votre espèce nous prédisant l’apocalypse sociétale chaque fois qu’une avancée des droits n’était pas dans leur conception de ce qui est bon ou pas, si les ancêtres de vos militants à pulls roses avaient eu gains de cause il y a 50 ans, vous ne seriez pas là. Vous seriez dans votre cuisine à demander l’avis de votre mari pour sortir faire des courses. Pas de travail, pas d’écritures de bouquin, pas de manif, et nous serions passé à côté de votre tube « fais-moi l’amour avec deux doigts ». Auriez-vous aimé à ce moment-là que des voix s’insurgent pour un retour aux vraies valeurs familiales, vous coupent le micro (que ça aurait été bien) et vous renvoie chez vous vous occuper de vos gosses ?

Vous avez dans vos manifs des gens qui, comme vous, savent tellement mieux que tout le monde ce qu’un enfant a besoin pour son développement qu’ils leur font porter des panneaux à slogans alors que certains ne savent même pas lire (et tant mieux pour eux). Personnellement je pense que c’est plus sympa de les emmener faire du vélo le dimanche, quelles que soient ses convictions sur le sujets, que de suivre vos potes roi de la prose qui leur  hurlent dans les oreilles que quand on a pas une maman et un papa, c’est mal et que bientôt « certains voudront épouser leurs animaux de compagnie ». Mais je ne suis pas comme vous, une experte es-famille….

Ce qu’il a de sure c’est que même si ces gosses ne savent pas forcément ce que le mot homosexualité veut dire, ils sauront l’associer à quelque chose qu’il ne vaut mieux pas être. Garantissant votre relève ou les névroses d’acceptation de soi chez les futurs homos. Car oui Mme Barjot, dans les enfants que vous exhibez, il y aura des homos, c’est statistique. On peut imaginer les effets que ça aura.

Sans compter que les enfants d’homosexuel(le)s ne sont pas sourds. Les idées que vous véhiculez et qui dévient vers de l’homophobie décomplexée, eux aussi ils les entendent. Si être enfant d’homo à la base n’était certainement pas un problème pour eux, la stigmatisation que vous entrainez de vos sillages va vite le devenir.

Mais laissez moi devinez, ça non plus vous ne le vouliez pas ? Que vouliez-vous dans le fond ?

Réunir des gens qui ont pour seul point commun non pas leur amour de la famille mais le rejet d’une minorité? Présumer des conséquences d’un sujet que vous maîtrisez ma foi fort mal sans même envisager que les parents, même gays pourraient agir tout comme vous dans l’intérêt de leurs enfants ? Attirer enfin sur vous des projecteurs que vos livres ne vous ont jamais donnés ?

Quelques soient les raisons conscientes ou non qui vous poussent à mettre tant de hargne à combattre une loi qui finalement ne vous concerne pas, ce qu’il a de sure Mme Barjot, c’est que chez les homos, les enfants ont été et seront désirés et aimés (on compte très peu de cas chez eux de test de grossesse en catastrophe un lendemain de fête). Même si l’amour parfois, persuadé de son bon droit et sous couvert de bons sentiments, vous nous l’avez appris douloureusement, peut devenir le pire des fardeaux.

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