Les étapes du deuil

Quand tu romps, ou plus précisément quand ton/ta conjoint(e) a décidé d’un commun accord qu’il valait mieux pour tous les deux en rester là, il y a un moment charnière….Enfin, il y en a plusieurs. Des livres ont été écrits à ce sujet reprenant les fameuses étapes du deuil décrites par la Doctoresse Kübler-Ross :

1. le déni (oui ok tu veux partir, mais on part où en vacances cet été ?)

2. la colère (ok tu veux partir mais de toute manière ce n’est pas super grave parce que tu es un gros naze/une grosse truie)

3. le marchandage(si tu restes j’arrête de te traiter de gros naze/de grosse truie)

4. la dépression (bouhouhouhouhou/temesta/bouhouhouhou, et dire que j’en suis là à cause de ce gros naze/cette grosse truie)

5. l’acceptation (finalement c’était vraiment un gros naze/une grosse truie)

On passe par tous ces stades, parfois un nous est épargné, parfois on retourne en arrière, certains durent d’autres pas, mais en règle générale on n’y coupe pas, même si l’étape « acceptation-dans-les-bras-du-premier-venu », très pratiquée et qui fait sauter à pieds joints sur toutes les autres, faisant gagner un temps précieux, a été oubliée…..

Le mot « amour » étant utilisé pour tout et pour rien, c’est à se demander si ces étapes initialement créées pour accepter sa mort prochaine n’ont pas été un peu galvaudées en les appliquant sur les relations amoureuses. De plus, nous n’avons pas les mêmes attentes et nous ne sommes pas doté de la même sensibilité, ce qui a pour résultat de générer de profondes injustices quand il s’agit de se remettre d’une déconvenue sentimentale.

Certains se tapent 5 ans de lecture intensive d’ouvrages sur le développement personnel. Des best sellers où tu apprends que si tu ne t’aimes pas toi-même comment est-ce que diable ton conjoint le pourrait ? (moi qui pensait que de se dénigrer du matin au soir était super sexy me voila consternée). Si tu en es là, c’est la faute de ta mère qui t’a donné une image désastreuse de toi-même car ça lui vient de sa propre mère et de la mère de sa mère (on oublie souvent qu’ils n’étaient pas les rois de la déconne dans les années 1800 et quelques).

Merci pour l’éclairage mais de toute manière dans la moitié des problèmes que tu rencontres dans ta vie : blâme ta mère. Elle culpabilise sur déjà tout un tas de trucs te concernant, et pas du tout ceux que tu lui reproches réellement, alors un peu plus un peu moins=aucune différence.

Tu apprends également que si tu choisis des relations qui foirent, c’est par loyauté envers ton père et sa vision de la femme qui lui vient de sa mère et bla et bla.

Dans l’autre moitié des problèmes que tu rencontres: blâme ton père. De tout ce que tu lui reproches, il ne culpabilise absolument sur rien, ce n’est pas maintenant que ça va changer.

Super, donc ce n’est pas de ta faute ! Tu penses pouvoir t’en tirer avec les honneurs et, pour le même prix, tailler un costard à tes parents. Et bien que neni ! Oui car même si se victimiser et juger les autres font partie des grands plaisirs quotidien, ça n’attire pas vraiment les faveurs des coachs de vie… Non pour eux ça s’apparente plus au diable avec son trident. (Alors si tu le fais, opte pour la manière discrète et détournée afin que l’on se dise « oh la pauvre, elle est bien courageuse » et non pas « mais c’est qui cette chieuse qui se plaint tout le temps ? »). Toutes ces considérations du tome 1 t’amènent gentiment au tome 2 où on t’apprend en vrac et dans le désordre : à prendre en charge ta propre destinée ; à choisir des relations moins pourries (car tu ne le savais pas mais avant, tu voulais échouer, réussir tu trouvais ça trop chiant), et comment faire pour aimer moins (il y en a qui savent doser l’amour, pas toi, si ton arrière-arrière-grand-mère avait pu se douter, elle aurait desserré son corset et fait un peu plus la danse du slip pour permettre aux générations suivantes de se détendre et de ne pas rater leur vie).

Et pendant que tu squattes tout le rayon « développement personnel » de la FNAC, il y a ceux, le nombre infini de gens, qui ne se posent pas tant de question et qui s’en fichent complètement de comprendre pourquoi ils ont foiré et ce que leur mère à avoir là dedans. Ceux qui en sont à : enfant 3 avec conjoint(e) 2, rencontré(e) dans les trois mois qui suivent  euh…précèdent leur divorce avec conjoint(e) 1.

Ce qui est important à ce stade du problème c’est : comment élégamment refourguer enfant numéro 1 et 2 pour avoir du temps avec conjoint(e) 2 et se réaliser parce-que-les-gosses-et-la-maison-ça-va-un-moment. (enfant 3 manque à l’appel, on ne sait pas où il est et on s’en fout, mais alors COM PLE T’MENT).

Il y a une époque pas si lointaine, l’enjeu du divorce était les enfants. Pour culpabiliser son futur ex et lui pourrir la vie, on le menaçait de faire en sorte qu’il/elle ne voit plus ses enfants. Puis on a remarqué que l’être (tellement) aimé partait quand même et que l’on se retrouvait seul avec les gosses sur les bras pendant que l’autre se consolait à Phuket en apprenant les « crazy signs » du club med. Ce n’est pas normal on est d’accord. C’est même absolument odieux que le chantage affectif ne fonctionne pas mieux que cela.

Cette tactique étant nulle on l’a changée. Maintenant, si on veut vraiment toucher l’autre, on le plante avec les gosses. Exit « mon fils ma bataille » ou « jamais sans ma fille », ça n’est plus porteur, c’est passé de mode. Par contre, le jour ou quelqu’un à l’idée d’écrire une chanson sur comment faire pour se recaser rapidement malgré le fait d’avoir engendré 2 hyperactifs sous Ritaline, je suis sûre que ça fera un carton.

Balavoine et Betty Mahmoodi 0 – la garde alternée/les garderies/la belle-mère et tout ce qui permet de se débarrasser de ses gosses 10 points vainqueur par ko.

Il est vrai que l’amour ultime et romantique n’a pas vraiment fait ses preuves ou que dans des livres classiques. Les héros meurent avant que le quotidien ait passé par là. Est-ce que Roméo aurait bu la fiole de poison après avoir remarqué durant leurs années de vie commune que Juliette était rasoir et bordélique ? Pas sûre. On en demande d’ailleurs pas tant à tout ceux qui zappent et qui rebondissent avec une facilité agaçante. Mais juste un air un peu triste, un semblant de coup de mou, ne serait-ce que pendant quelques heures, par solidarité envers tous les inconsolables, qui se les sont tapées ces étapes du deuil, qui les ont bien senties passer, qui ont mêmes innové en en rajoutant quelques unes. Celles qui s’obligent à accepter des verres comme d’autres font leur devoir scolaire, juste pour paraître normale et qui vont se résoudre à acheter « Ses femmes qui aiment trop » tome 2, le tome 1 étant visiblement peu intégré.

 

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